La baisse des prix menace la survie des fournisseurs

Victimes de la mode

d'Lëtzebuerger Land vom 07.09.2000

La baisse des prix des communications GSM par Tango, début juillet, constituait plutôt une surprise. En fait, on avait plutôt l'impression que les deux réseaux de téléphonie mobile s'orientaient vers un armistice, tous deux continuant à accueillir de nouveaux clients tout en gagnant bien leur vie. 

Une paix que Tango est venu rompre avec l'introduction d'une flat fee, c'est à dire un même prix (cinq francs par minute) jour et nuit, et ce pour un abonnement mensuel de 500 francs seulement. Deux mois plus tard, Lux-GSM, le réseau des P[&]T, s'est maintenant aligné sur ces prix. Pour les communications entre deux abonnés « 021 », les P[&]T sont même descendus, avec trois francs/minute aux heures creuses, en dessous des tarifs Tango. Une avance qui n'est probablement que temporaire. 

À part d'être une bonne nouvelle pour les utilisateurs, la dernière baisse des tarifs GSM menace définitivement la survie des fournisseurs de service de LuxGSM, Mobilux et CMD. Avant l'avènement de Tango, ces sociétés pouvaient facturer, pour un abonnement à 500 francs, trente francs par minute d'appel en journée de même qu'une taxe d'initialisation de 3 000 francs. Les P[&]T, ne jouant guère sur les prix, leurs laissaient en plus libre champ. En dépit de ce fait, seuls deux de ces fournisseurs de service ont en fin de compte survécu. 

Avec la guerre des prix lancée par Tango en juin 1998, ce sont en premier lieu les marges des fournisseurs de services, plutôt que ceux de l'opérateur, qui se sont effondrées. De par la structure de leurs coûts - ils doivent payer chaque minute téléphonée aux P[&]T - il leur était de même impossible de rivaliser avec certaines promotions de Tango. Ce qui explique aussi pourquoi les propriétaires de CMD ont accepté de vendre leur société à 80 pour cent aux P[&]T. Mobilux est déjà une filiale complète de l'entreprise publique.

La disparition des fournisseurs de service ne semble pas pour autant à l'ordre du jour. Les P[&]T estiment que ces sociétés de droit privé peuvent faire preuve de plus de flexibilité et d'agressivité commerciale que leurs propres services. Afin de reprendre un peu du poil de la bête, CMD et Mobilux ont maintenant lancé leurs propres cartes téléphoniques pré-payées. Ces cartes à recharge représentent aujourd'hui la majorité des nouveaux abonnements au téléphone fixe. 

Ce nouveau service ne résout pas le problème qu'un même service - le réseau LuxGSM - est promu à coups de milliers et millions de francs par trois campagnes de publicité séparées. Cela pouvait encore faire du sens lorsque leurs tarifs se différenciaient. Or, ils sont aujourd'hui identiques. 

Déjà de 1997 à 1998, année du lancement de Tango, les bénéfices de Mobilux avaient baissé de 19 pour cent à quelque 32 millions de francs. Chez CMD ils s'élevaient en 1998 à 27,5 millions. Des chiffres plus récents ne sont pas connus. La rentabilité des deux sociétés dépend aujourd'hui surtout de la bonne volonté des P[&]T et du prix qu'ils facturent pour l'accès au réseau Lux-GSM. Les centres d'appels des deux revendeurs ont déjà été regroupés. Une fusion complète ne peut, à moyen terme, plus être exclue.

 

 

Jean-Lou Siweck
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