Ils ont fait des pieds et des mains pour arracher leur ticket pour l’Afrique du Sud, mais une fois arrivés là-bas, en jouant comme des pieds, ils ont d’abord perdu la main, ensuite la tête. C’est que les stars de Domenech ont préféré mouiller leur maillot dans la piscine de leur hôtel de luxe plutôt que sur la pelouse du stade. À l’image d’un Ribéry, ils étaient plus à l’aise chez les putes que devant les buts et s’ils sont arrivés bon derniers de leur poule, ils étaient les premiers chez les poules et dans le pool. En s’attardant dans les hôtels de passe, ils n’ont fait que passer dans leur hôtel cinq étoiles.
Gardons-nous cependant de crier avec les loups bien-pensants et de jeter l’honneur de ces richissimes gosses de pauvres aux chiens, comme diraient Mitterand et Fillon. Ils sont tout simplement le reflet de la déliquescence de leur patrie comme l’a relevé doctement et avec un brin de racisme et de condescendance le philosophe Alain Finckielkraut, celui-là même qui n’arrête pas de se gausser de la couleur « black-black-black » de cette équipe jadis tricolore. À l’heure actuelle, la France entière cherche toujours le traître du vestiaire qui n’est que la pâle réplique du traître Sarkozy qui a trahi Balladur qui a trahi Chirac qui a trahi Giscard qui a trahi Chaban-Delmas qui n’a trahi personne (ou presque) qui n’a trahi Pétain qui a trahi la France.
Le président Sarkozy a d’ailleurs fort bien compris ce jeu de miroir quand il a volé au secours de ses ambassadeurs qui n’en sont pas, en allumant des contre-feux pour faire diversion. C’est ainsi qu’il a prêté de noirs dessins à la belle Rama qui est descendue dans un hôtel encore plus cher que celui des joueurs, qu’il a contraint l’épouse de son ministre Woerth de travailler pour la milliardaire Bettencourt, qu’il a forcé son ministre Joyandet de construire illégalement un mas sur la Côte-d’Azur, qu’il a vu partir en fumée avec ses havanes la réputation de son ministre Christian Blanc qui, dans cette affaire, a au moins montré qu’il est un homme de goût autant que de coût, qu’il a obligé ses ouvriers à faire grêve le jour-même où il a reçu en audience le gréviste de l’entraînement Thierry Henry, et j’en passe, et non des pires. N’en jetez plus, la coupe est pleine quand celle du monde est vide !
Les malheureux joueurs ont donc préféré les entraîneuses à l’entraîneur, mais en invectivant Domenech dans les vestiaires, Anelka a tout simplement montré qu’il manie à la perfection le verbe sarkozien. Gageons que le président appréciera et qu’il répondra au millionnaire expulsé de l’équipe : « Case-toi, pauv’ment ! »Ainsi, c’est son langage qui vous définit un peuple, bien plus que son onze ou ses bonzes. Regardez donc du côté des Allemands dont le Bildzeitung parlait dimanche soir, après leur victoire contre la perfide Albion, de la vengeance pour la défaite de Wembley … en 1966. Eh oui, le dictionnaire allemand ne connaît pas d’équivalent pour une pacifique et sportive revanche, mot qu’il traduit, au choix si j’ose dire, par Rache ou Vergeltung. On a le droit de frissonner.