Films made in Luxembourg

« Um Enn wënnt souwisou de Gutland »

d'Lëtzebuerger Land vom 07.09.2018

Ce sera la huitième remise du Lëtzebuerger Filmpräis – mais aucune des cérémonies précédentes n’avait été attendue avec autant de nervosité par le secteur du cinéma. Samedi 22 septembre au Grand Théâtre, l’auteur Guy Helminger, l’actrice Elisabet Johannesdottir et l’acteur Isaac Bush, qui animeront la soirée, seront sur leur 31 devant un parterre de professionnels et de vedettes, dont le couple grand-ducal. Ils introduiront la remise de neuf trophées, du meilleur film luxembourgeois en passant par la meilleure coproduction ou le meilleur interprète jusqu’aux meilleures contributions créatives (décors, costumes, scénario, caméra...). Mais, à trois semaines des élections législatives, les producteurs, réalisateurs, scénaristes, acteurs et techniciens s’attendent surtout à la grande révélation de la part de leur ministre de tutelle, le Premier ministre Xavier Bettel (DP), qui devrait alors annoncer une sortie de l’actuelle « crise de croissance » que traverse le secteur (voir d’Land du 22 juin) – ils ne veulent rien de moins qu’une réforme du système de financement et une rallonge budgétaire. Car les caisses du Film Fund sont vides, le jury ayant dépensé les derniers neuf millions du budget annuel de 33 millions lors de sa séance de la mi-juillet. Si ça se trouve, la fête aura une ambiance des dernières heures sur le Titanic, lorsque l’orchestre continuait de jouer pour essayer de garder la forme sur le paquebot coulant.

La remise biennale du Filmpräis est organisée depuis 2012 par la Filmakademie, une asbl présidée par le producteur Claude Waringo (Samsa) et créée avec l’ambition d’objectiver l’attribution des prix en impliquant un maximum de professionnels de tous les métiers du cinéma – au lieu de laisser les choix à un jury forcément subjectif. Hollywood au lieu de Cannes, en gros. Au vu du grand nombre de soumissions, un jury de présélection a nominé les films et artistes en lice. On retiendra ici surtout la catégorie-reine, celle du meilleur film luxembourgeois (où fiction et animation sont mélangées), avec cinq films, dont les concurrents les plus sérieux devraient être Barrage de Laura Schroeder, Gutland de Govinda Van Maele (désigné favori en coulisses) et les Rusty Boys d’Andy Bausch. La catégorie des documentaires est particulièrement riche et intéressante cette fois-ci, avec e.a. Ashcan de Willy Perelsztejn, Eldorado de Loïc Tanson, Rui Edouardo de Abreu et Thierry Besseling, Foreign Affairs de Pasha Rafiy et La supplication de Pol Cruchten en tête de peloton. En plus, une nouvelle catégorie vient s’ajouter, réservée aux productions pour la télévision et les nouveaux médias – où le projet étudiant Ready Set Action concourt avec la superproduction Bad Banks – et une dizaine d’acteurs et d’actrices sont nominés pour leurs prestations dans des films luxembourgeois (dont les acteurs étrangers sont malheureusement toujours exclus par protectionnisme primaire). josée hansen

josée hansen
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