Les coulisses de la musique (5)

Un monde spirituel

d'Lëtzebuerger Land du 26.08.2022

Hier inconnue, aujourd’hui incontournable, voici Priscila da Costa. Auteur-compositeur-interprète (d’abord dans le groupe The Filthy Broke Billionaires ; aujourd’hui au sein de Ptolemea et Judasz & Nahimana) mais aussi coach vocal et gérante d’une asbl, rencontre avec un personnage haut en couleurs et d’une humilité infinie.

« Petite, je me mettais devant la glace et je chantais les chansons de Mariah Carey (rires). Et, bizarrement, je n’ai pas le souvenir d’avoir voulu, comme mes petites copines de l’époque, devenir institutrice. Non… chanteuse, c’était ça dont je rêvais. » Prisicila da Costa aurait certainement pu devenir une excellente femme d’affaires, après avoir terminé de brillantes études de droit. Un burn-out plus tard et la voici devant nous, lunettes noires sur le nez, jeans déchiré et dreads tirés vers l’arrière. La version rock and roll 2.0 de la femme d’affaires, finalement.

Aujourd’hui, avec son compagnon, elle gère TSE –The Singing Experience, une école de chant « alternative », basée sur la méthode enseignée par Robert Lunte. Elle nous explique : « Robert est le fondateur de The Vocalist Studio (TVS), une école renommée située à Seattle. Il a également écrit un livre sur le sujet (The four pillars of singing). Nous avons tout d’abord suivi la formation en ligne mais nous sommes ensuite allés la terminer là-bas, aux États-Unis. À la fin de la formation, il nous a dit : « Voilà, maintenant, la seule chose dont vous avez besoin, c’est d’un local ! ». À partir de là, on a créé une asbl et c’était parti ! »

On en vient alors à se demander si, en tant que coach, elle doit s’intéresser à tous les styles musicaux et à toute forme de chant. Elle précise : « Il y a des styles qui sont vraiment à part, comme le jazz ou le chant classique et, très franchement, dans ce cas-là, je préfère alors rediriger les élèves vers quelqu’un de vraiment spécialisé dans le domaine ou vers le Conservatoire. On peut de notre côté, les « préparer » à l’audition. On est également conscient que chacun a son propre rythme pour avancer donc on laisse du temps aux élèves. C’est un job où il faut faire preuve d’empathie et mieux vaut laisser son ego ou ses attentes de côté. » Elle nous livre alors une anecdote assez originale qui s’est produite dans la pratique de son métier : « J’ai eu une élève, dame avec une très belle voix de soprano qui, peu de temps après, est devenue un élève homme… cette fois avec une voix de ténor. Une très belle voix, d’ailleurs. »

Si Priscila da Costa avoue avoir le goût des choses simples, comme passer du bon temps avec ses amis, elle ne pourra renier une attirance toute particulière pour ce qui est spirituel. Preuve en est les tatouages énigmatiques qu’elle a sur les avant-bras. « Alors, il s’agit des deux premiers paragraphes de La Table d’Émeraude (Tabula Smaragdina en latin), l’un des textes fondateurs de l’hermétisme et de l’alchimie, attribué, selon la légende, à Hermès Trismégiste. Et, effectivement, j’aime beaucoup le côté spirituel des choses ; je lis beaucoup à ce sujet. En plus, je fais aussi du yoga et je jongle avec les poïs (des poids accrochés au bout d’une corde ou d’une chaîne, relié à une poignée ; l’exercice consiste à faire tourner les poïs autour de son espace corporel avec des mouvements circulaires, ndlr). Je peins aussi… mais comme je ne sais pas dessiner, forcément, c’est très abstrait ! » (rires)

Coach vocal, musicienne et chanteuse, le tableau ne serait sans doute pas tout à fait complet sans un peu de comédie, n’est-ce pas ? Elle se souvient : « Oui, pas souvent mais ça m’est arrivé. En fait, il n’y a pas si longtemps, j’ai joué dans une comédie musicale, Roméo et Juliette. Et j’avais le rôle de Lady Montaigu, la mère de Roméo. Il faut m’imaginer à genoux en train de pleurer et supplier le Prince de Vérone de laisser mon fils tranquille ! Toute une aventure… » Elle est belle, Priscila ! Belle car elle respire la gentillesse et la douceur. On l’imagine sûre d’elle et « simplement » zen mais elle tempère : « Disons que j’y travaille ; c’est plus correct. On va dire que je suis sur le chemin et j’avance, doucement, et à mon rythme… mais j’avance dans ce sens, oui ! »

Playlist

Premier disque acheté ou reçu ?

Lady du groupe français Modjo

La chanson qui te rappelle ton enfance ?

La Bamba de Los Lobos… mais chantée et jouée à la guitare par mon père.

La chanson qui te fait pleurer ?

Il n’y a pas à proprement parler de chanson qui me fasse automatiquement pleurer. Par contre, je peux me retrouver dépassée par l’émotion d’un concert, par exemple.

La chanson qui te donne la pêche ?

Psycho de Muse

La chanson que tu ne peux plus entendre ?

Zombie de Crannberies

La chanson que tu as honte d’écouter ?

Without you de Mariah Carey

Romuald Collard
© 2024 d’Lëtzebuerger Land