Chasseurs de dragons

Une chasse bien planifiée

d'Lëtzebuerger Land du 13.03.2008

Zoé, éveillée et curieuse (Marie Drion), vit avec son oncle, le grincheux Seigneur Arnold (Philippe Nahon) dans un château magnifique. Lorsque les terres de ce dernier sont menacées par un gigantesque dragon, communément connu sous le nom de Bouffe Monde, la petite fille, émerveillée par les chevaliers et les légendes qui les entourent, décide de se mettre à la recherche d’un héros digne d’un adversaire aussi redoutable. C’est alors qu’elle tombe sur Gwizdo (Patrick Timsit) et Lian-Chu (Vincent Lindon), deux chasseurs qui se font payer par des paysans pour débarrasser leurs villages de monstres plutôt inoffensifs. 

Surestimant leur courage, leur expérience et leur honnêteté, Zoé présente ses nouveaux amis au Seigneur Arnold et le convainc de leur confier la mission qui lui tient tant à cœur. Insistant pour participer à la grande chasse, Zoé part avec Gwizdo, Lian-Chu et leur chien fou Hector (Jeremy Prevost) pour une grande aventure périlleuse.

Chasseurs de dragons, d’Arthur Qwak et Guillaume Ivernel, qui fut présenté le 6 mars en avant-première à Utopolis, est une co-production entre la société luxembourgeoise Luxanimation et trois sociétés allemandes ou françaises. Doté d’un budget de douze millions d’euros et prévu pour une dis­tribution internationale, le film d’animation cherche à se rapprocher de l’impact des grands concurrents américains, jeu vidéo et autres produits dérivés à l’appui. Inspirés d’une série télévisée éponyme à succès, les producteurs comptent profiter de cette popularité pour élargir le succès de Zoé et ses compagnons à une échelle internationale. Des voix connues se sont imposées pour une entreprise d’une telle envergure. On retrouve en effet Vincent Lindon et Patrick Timsit pour la version française et notamment Forest Whitaker pour le Lian-Chu anglophone.

Un plan marketing clair et évident qui n’aurait rien de vraiment reprochable s’il n’imposerait pas au film une bonne part de conformisme. Une constellation de personnages très conventionnels, volontairement adaptée des classiques Disney, avec une héroïne naïve, la petite bête folle mais mignonne (Hector), le géant tendre (Lian-Chu) et le personnage à conflits (Gwizdo), se frôle son chemin à travers une histoire de jeu vidéo dans laquelle on passe d’un niveau à l’autre pour vaincre des adversaires de plus en plus fort. Tous finissent par se détester pour s’aimer d’autant plus fort par après.Les décors dans lesquels les chasseurs de dragons évoluent dépassent de loin l’originalité du scénario, qui témoigne de cette tendance fatigante à bombarder les spectateurs de films d’animations avec des courses poursuites, des chutes et des effets sonores  assourdissants et interminables. Les parties du paysage flottant dans le ciel semblent, tout comme le déroulement de l’histoire, inspirés de jeux vidéos. Mais contrairement à ce dernier, ils ne restreignent pas la réalisation et permettent un investissement original de l’espace que le découpage des séquences aurait pu mettre encore plus en évidence.

L’univers, le style de dessin et la liber­té du langage forment les atouts qui distinguent agréablement Chasseurs de dragons d’autres films d’animations. Dommage seulement que ces éléments ont  été mis au service d’une re­cher­che de spectaculaire à tout prix. À croire que le jeune public se laisserait uniquement intéresser par une surexcitation sensorielle permanente. Le film sortira en salles fin mars.

Fränk Grotz
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