Festival Steelworx

Fuer mam Geschier!

d'Lëtzebuerger Land vom 09.05.2002

On ne va pas se plaindre. Pour une fois qu'on risque d'échapper à la Neuvième de Beethoven et aux interminables séances académiques avec leurs discours rébarbatifs quand le gouvernement veut fêter l'Europe, il n'y a pas vraiment de raison d'être mécontent. «Au-delà des séances académiques, nous voulions aussi faire quelque chose qui rapproche les jeunes de l'histoire et du futur de l'industrie,» expliqua la ministre des Affaires étrangères, Lydie Polfer (PDL) lundi, lors de la présentation très attendue du festival Steelworx. Avec un budget extraordinaire de quelque 500000 euros (20 millions de francs), le gouvernement entend ainsi fêter, le 23 juin prochain, le cinquantième anniversaire du traité de la Ceca, Communauté du charbon et de l'acier, précurseur de l'actuelle Union européenne. Ce jour de fête sera en même temps la fin de ce traité, qui, après son expiration, ne sera pas renouvelé car repris dans ceux de l'UE. 

Comme la date concorde avec la Fête nationale, qu'en même temps le lendemain, lundi, les écoles seront libres pour report de jour férié du dimanche et qu'en plus, l'entrée sera entièrement gratuite pour les spectateurs, les organisateurs de Steelworx s'attendent à une grande affluence sur le site de Belval-Ouest, qui pourrait, selon leurs estimations, accueillir jusqu'à 40000 spectateurs. Pour la programmation, le gouvernement a fait appel à la même équipe que la ville d'Esch pour son festival Terres-Rouges l'année dernière, Laurent Loschetter et Petz Bartz de Den Atelier.

Même s'ils furent contactés sur le tard et que beaucoup des groupes les plus demandés sont complètement surbooké avec les grands festivals traditionnels de l'été, les deux pros du rock ont pu profiter de leur expérience, de leur bonne renommée ainsi que, surtout, de leurs contacts noués par le biais de l'Atelier pour monter une programmation grand public d'assez haut niveau. On concédera que Nina Hagen et Indochine sont un peu des révolutionnaires d'avant-hier, mais Rinocerôse dans le domaine de la techno french touch, ainsi que Muse, les Dandy Warhols et les Sneaker Pimps dans le domaine du rock indé sont vraiment au top des musiques actuelles.

Tombés amoureux du site - comme tous ceux qui ont eu l'occasion de se promener sur cette magnifique friche, que ce soit pour une visite guidée ou lors d'une représentation théâtrale dans la salle des soufflantes - les organisateurs veulent complètement l'intégrer au spectacle, avec éclairages artistiques ou fumées artificielles sur les vestiges, comme les deux cheminées ou le haut-fourneau sauvegardés. Ces extra - qu'il faudra ajuster au millimètre près pour ne pas tomber dans le kitsch, comme à la Völklinger Hütte -, Arcelor les financera en tant que sponsor, «pour nous, c'est une sorte de cerise sur le gâteau,» dira Michel Würth d'Arcelor. Pour le sidérurgiste, il s'agit aussi de promouvoir l'industrie luxembourgeoise qui fleurit: à Belval-Ouest, Arcelor prévoit un de ses investissements les plus importants des prochaines années, la construction d'un nouveau laminoir.

Reste le mécontentement des rockeurs luxembourgeois, qui s'estiment une nouvelle fois exclus des grands événements du rock au Luxembourg. Sur les dizaines de groupes luxembourgeois, dont plusieurs ont un très bon niveau, Petz Bartz et Laurent Loschetter n'en ont retenu qu'un seul, ZapZoo, qui jouera en plus à l'ouverture des portes à midi - à voir combien de gens se déplaceront si tôt au lendemain des grandes fêtes à Luxembourg-ville. Pour les programmateurs, il fallait tout simplement faire des choix et, avec trois quarts d'heure de mise en place entre chaque groupe, huit groupes c'était selon eux le maximum qu'ils arrivaient à caser entre midi et minuit. 

On aurait pu imaginer un système avec deux scènes, qui aurait permis aux petites formations locales de jouer durant l'aménagement de la scène principale pour les prochaines stars… Les associations de promotion des musiques amplifiées backline!, GetUp Music, Bloe Baaschtert et le label OwnRecords protestent virulemment contre leur exclusion.

 

Tout le programme est disponible sur www.steelworx.lu

 

 

 

 

 

 

josée hansen
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