Rockhal

Warm up

d'Lëtzebuerger Land vom 23.06.2005

15.50 heures dimanche après-midi à la gare de Luxembourg. Nous avons finalement réussi à nous défaire de notre torpeur dominicale pour choper un des trains - gratuits - en direction d'Esch-Belval. Me voilà entourée de gens qui ne savaient pas, faute de publicité adéquate? - jusqu'à une heure auparavant, que c'était aujourd'hui la fameuse pré-ouverture - d'autres qui y ont réfléchi à deux fois avant de préférer le train à la voiture et puis celui qui voulait carrément y aller en vélo. Nous faisons probablement partie de la minorité qui a fait le trajet complètement via transports publics, nombreux étaient ceux qui n'ont pas su résister au virus luxembourgeois de la voiture perso et se sont garés sur un des parkings à Esch ou même tenté - en vain - de franchir la grille à l'entrée. Arrivée sur le site, encore très vide, à 16.30 heures. Deuxième question pratique : bouffe et boissons. Trois stands exclusivement Thüringer - apparemment il y avait des grillades veggie oubliées au fin fond d'un congélateur - et des tickets de boisson à 2,50 euros ont énervé plus d'un, jusqu'au point que quelques dévoués se rendent à Esch pour acheter des pizzas. Autre point faible de la journée, il a fait 30 degré à l'extérieur. Bon ça c'est la faute à personne. Mais n'empêche, c'est plus un temps festivalier que propice à l'enfermement des heures durant dans une salle de concert, aussi réussie soit-elle. Résultat des courses, la majeure partie des groupes, Girls in Hawaii mis à part, se sont produits devant une salle déserte. Exception encore pour Sylvia Camarda, qui a réitérée son Absolutely Fabulous sur la petite scène faisant salle (la petite) comble. Typique des concerts de groupe luxembourgeois au Luxembourg: chaque formation était entourée de son fan-club attitré et n'a attiré souvent que quelques autres personnes de plus. Et puis, le public (que le directeur Olivier Toth estimait en fin de soirée à 2000 en tout) était à peu près le même que celui qu'on rencontre à tous les concerts du même genre, à la Kulturfabrik ou à l'Atelier. Très peu de familles ou de personnes plus âgées se sont laissées tenter par l'aventure Rockhal. Comme ces dames devant moi lors du concert de Couchgrass. Lorsque la très énergétique chanteuse Amandine Klee s'attèle - en luxembourgeois - au divertissement du public, l'une d'elle s'exclame: «Dat ass eng lëtzebuergesch Gruppe, stell der dat mol vir!» «Et oui,» me dit Michel Welter, l'assistant d'Olivier Toth, «c'est l'idée que les gens se font de nous, qu'on ne va faire venir que des groupes étrangers.» Premier combat contre les idées reçues avec un line-up majoritairement luxembourgeois, la française Mell et les belges de Girls in Hawaii mis à part. Les concerts? Bon, j'avoue que moi aussi, j'avais du mal à tenir en place à l'intérieur. Déjà j'ai raté John McAskill. Autant pour moi. Ensuite, Couchgrass a réussi à capter mon attention assez longtemps, vu les circonstances. Une frontpowerwoman, sautillant sur la scène manifestement plus grande que le plus petit endroit dans lequel le groupe s'est produit, le tout sans se laisser impressionner par cette ampleur, ni d'ailleurs par la salle énorme. La chanteuse est définitivement étonnante de voix et de prestance. Break. Le Rockbuch devait être présenté, mais ne l'est pas encore, «ët ass nach keen hei», dit Josée Hansen entre lamentation et sourire. Mais le livre en vaut la peine. Le lay-out est catchy, les sujets intéressants et puis, le plus drôle, à chaque fois que je demandais à quelqu'un qui l'avait sous le bras pourquoi il l'avait acheté, on m'a répondu «mais parce que je suis dedans». Manifestement tout un (mâle) chacun a au moins une fois fait partie d'une formation rock. Metro. Les membres qui à eux seuls doivent remplir quelques pages dudit Rockbuch vu toutes les formations dans lesquelles ils ont déjà joué, ont convaincu comme d'habitude, ça en devient ennuyeux. Même si ça faisait vraiment plaisir de les entendre pour une fois avec une sono excellente. Fluyd a pris la relève, devant une salle qui commençait à se remplir. Mais les pizzas étaient arrivées et puis ce n'est vraiment pas mon truc. Avis définitivement pas partagé par tous, Fluyd pose le record d'assiduité au concert. Contrairement à la lorraine Mell qui joue son rock bon enfant devant une salle quasiment vide, faute peut-être d'avoir ramené son fan-club à elle. Girls in Hawaii donc clôturent le tout, et là, je ne sais pas si c'est la bière ou la chaleur, mais la salle avait toujours l'air vide et le concert n'a pas laissé de traces mémorables. Les jeunes belges ont assuré, mais sans convaincre de la même manière que lors de leur passage à l'Atelier. Pile poil à l'heure, le tour était joué et comme promis, les responsables, aidés des masses de personnel de sécurité qu'il y avait sur le site (à un moment probablement plus de personnes en uniforme que de spectateurs), ont fait partir tout le monde avant minuit.

Sam Tanson
© 2024 d’Lëtzebuerger Land