Slices of Bacon
Le groupe Artex basé au Liechtenstein lance une plate-forme d’échange d’actions représentatives de fractions d’œuvres d’art. Dès le mois de juillet, il sera possible d’acquérir des parts d’un triptyque de Francis Bacon (Three Studies for a Portrait of George Dyer) acheté en 2017 chez Christie’s pour 52 millions de dollars (photo : Francis Bacon-AFP). La valorisation de départ s’élèvera à 55 millions d’euros. Ce sera la première toile cotée sur la plateforme du groupe créé en 2020 et au sein duquel on retrouve une personnalité bien connue du monde de l’art et du family office local, Alain Mestat (en tant que Chief Marketing Officer). Chaque œuvre d’art sera détenue par une société de titrisation luxembourgeoise. En l’espèce, Art Share 002 S.A. pour le triptyque de Bacon. Celle-ci a été créée par une Stichting néerlandaise. Le bénéficiaire économique identifié au LBR est un certain Nicolas Edwards. L’opérateur, Artex, est basé à Vaduz. Cette bourse (Multilateral Trading Facility) est régulée par la Liechtenstein Financial Market Authority. Elle émettra ainsi 385 000 actions d’une valeur nominale de cent euros correspondant à 70 pour cent des titre de la catégorie (B shares). La commercialisation sera opérée le 21 juillet. Une telle plateforme de trading avait été envisagée en 2010 au Luxembourg par un groupe d’investisseurs liés au cabinet d’audit Deloitte. Le projet, baptisé Splitart, n’a jamais vu le jour. Aucun accord n’avait été trouvé avec la Commission de surveillance du secteur financier. pso
Pas de charge contre Yves Elsen
Selon les informations du Land, le parquet abandonne les poursuites pénales à l’encontre d’Yves Elsen, directeur général de Hitec sur le départ (et président du conseil de gouvernance de l’Université). Le Luxembourgeois avait été inculpé avec quatre autres anciens administrateurs et actionnaires de la PME de l’ingénierie pour fraude fiscale et abus de biens sociaux. En cause, un système d’évasion fiscale mis en place via la Suisse entre 2002 et 2010. En 2021 puis 2022, deux anciens membres du conseil d’administration et actionnaires ont été condamnés à des amendes de 80 000 euros via une procédure de jugement sur accord, une sorte de plaidé coupable. Le dépassement du délai raisonnable, la bonne foi et le remboursement des sommes dues leur avaient valu une certaine clémence. Yves Elsen a pris la tête de l’entreprise en 2003. Mais le substitut du procureur n’est pas convaincu de la culpabilité de l’intéressé dans la mise en place de la fraude, après que les soupçons soulevés par le juge d’instruction (qui a inculpé cinq cadres de Hitec) ont été examinés. Deux autres anciens administrateurs sont aussi blanchis. pso
Nach méi Kreemchen
Avec un retard de quatorze mois, le ministère d’État a enfin publié cette semaine une actualisation du registre des cadeaux. Selon le règlement grand-ducal de 2014, « les cadeaux et les offres d’hospitalité » adressés aux ministres dans l’exercice de leurs fonctions « peuvent être acceptés », à moins de risquer d’en « d’influencer le jugement dans le cadre d’une prise de décision » ou de dépasser une « valeur approximative » de 150 euros.
Comme dans les précédentes versions (lire d’Land du 9 juin), les principaux donateurs en 2022/2023 sont Bernard-Massard et Ferrero. Un nouvel expéditeur apparaît dans la liste, à savoir le LCGB qui, début mars, c’est-à-dire en pleine Tripartite, a remis « une corbeille » au Premier pour son cinquantième anniversaire. Une matérialisation de la proximité qu’affiche le syndicat chrétien avec le DP et les Verts, et qui est partagée par ces deux partis au point d’envoyer la moitié du conseil de gouvernement à la fête du 1er mai.
Par rapport aux éditions précédentes, les banques se font beaucoup plus discrètes en nombre de cadeaux, tout comme les conglomérats chinois. Les acteurs de l’immobilier sont également moins présents, à part le développeur Arizona Investissements qui a fait « un cadeau spontané » au Premier sous forme de chocolat.
Heintz van Landewyck offre un cendrier en porcelaine à Claude Haagen et à Claude Turmes. Tony Tintinger envoie par courrier un « moulin à poivre » à Sam Tanson. Et l’organisation patronale Horesca remet « deux figurines anti-stress handtrainer » à Lex Delles. La docteure à la Zitha et politicienne DP, Claudine Als, expédie son livre Résilience, potion magique à Lex Delles et à Marc Hansen. Corinne Cahen croule sous les bouquets de fleurs, qui semble être le cadeau-consensus de toutes les maisons de retraite qu’elle a visitées. Franz Fayot accumule les cravates, écharpes et foulards au cours de ses missions économiques.
Mais c’est l’alcool qui s’impose comme le cadeau classique. Cela commence par les bouteilles de crémant envoyées aux ministres pour la fête du Nouvel An. En 2022, Franz Fayot s’est également vu offrir une caisse de vin rouge par le fabricant de plastique Tontarelli, une bouteille de « whiskey japonais » par Ispace et une autre par l’ambassadeur arménien, du gin par l’Institut de formation sectoriel du bâtiment ainsi que deux bouteilles de « Summerwäin » par Vinsmoselle. La BIL offre une bouteille de mirabelle à Yuriko Backes en décembre, suivi de thé vert sept mois plus tard. Marc Hansen se voit offrir de l’eau de vie et de la liqueur par le Syndicat national des enseignants (CGFP). bt
First mover
Un établissement « de renommée internationale » aurait récemment décidé d’implanter sa « plateforme mondiale d’émission d’actifs numériques » au Luxembourg, a annoncé la ministre des Finances jeudi dernier en réponse à une question parlementaire de Laurent Mosar. La raison de choix, croit savoir Yuriko Backes (DP), serait le « cadre juridique de référence » qu’offrirait le Luxembourg. La ministre se réfère au cadre européen visant à « accélérer la maturité » des infrastructures de marché dans le domaine des cryptoactifs. Le Luxembourg veut être « first mover » dans le domaine et mettre en œuvre les règlements européens asap. Au Luxembourg, un des principaux lobbyistes du crypto est l’avocat (et ancien ministre CSV) Jean-Louis Schiltz. Selon le Registre des cadeaux, il avait remis en 2019 un exemplaire de la Virtual currency regulation review à Pierre Gramegna. bt
Frank Schneider toujours en fuite
Selon l’avocat général du parquet de Nancy, Philippe Renzi, l’ancien numéro trois du Srel, Frank Schneider, est toujours en fuite ce jeudi. « Monsieur Schneider n’est pas localisé en France, ni d’ailleurs à l’étranger. » Depuis la fin de la semaine dernière et des informations de la Radio 100,7, l’on sait que le Luxembourgeois soupçonné par l’Oncle Sam d’être impliqué dans l’arnaque à la cryptomonnaie Onecoin s’est débarrassé de son bracelet électronique alors qu’il devait être extradé vers les États-Unis. La Première ministre française, Élisabeth Borne, a signé son acte d’extradition le 15 février. Les autorités recherchent l’ancien expert du renseignement depuis le 16 mai, informe le média de service public. pso