Dans un pays dont l'étroitesse du territoire ne produit souvent qu'un spécialiste par domaine scientifique et dont les découvertes et méthodes de travail ne sont pas mises en doute par ses compères, mais par "le" spécialiste d'une génération suivante, le colloque international sur Les courants politiques et la résistance l'année dernière marqua un événement (d'Land 15/06/01, 26/10/01, 03/05/02, 17/05/02, 10/12/02).
Car après la poésie patriotique, les récits autobiographiques et les premières études scientifiques, il tenta de lancer un débat contradictoire parmi les historiens luxembourgeois et étrangers sur une époque dont la mémoire reste un des enjeux politiques et émotionnels majeurs.
Moins d'un an plus tard, les Archives nationales publient les textes des interventions dans un livre bon marché, qui permet de relire les réflexions conceptuelles et les éternels discours identitaires, les études monographiques et les mémoires et thèses réchauffés.
Le livre est intéressant parce qu'il reflète une étape importante de l'historiographie de la deuxième guerre mondiale: nous vivons une époque durant laquelle la dernière génération de guerre s'éteint et les historiens ont amassé assez de faits pour enfin commencer à en tirer des conclusions.
Le livre est indispensable parce qu'il démonte l'axiome de l'occupation comme parenthèse sombre dans l'histoire d'un petit peuple béat. Il pose la questions des antécédents et des suites de l'occupation, sans toujours fournir de réponses, mais en montrant au moins des pistes.
Dans cet ordre d'idées, les contributions étrangères permettent un benchmarking utile et parfois peu flatteur des contributions nationales. Si on veut formuler un regret au sujet de ce volume, c'est justement que les éditeurs n'aient pas eu ou les moyens ou la volonté d'insérer des résumés des discussions qui clôturaient chaque séance du colloque.
Colloque international Esch-sur-Alzette avril 2002: Les courants politiques et la Résistance: Continuités ou ruptures? Archives nationales, collection Sources, Luxembourg 2003, 581 p., 15 euros