Un trône en rotin filmé au ralenti. Une omoplate éclairée par une lueur rougeâtre. Un ciel parcellement couvert et enfin l’image qui se gèle et un titre qui apparait en rouge. C’est par ces quelques visuels que débute Magnum Opus, le nouveau clip de The Choppy Bumpy Peaches, publié sur YouTube le 2 novembre dernier. Pour rappel, The Choppy Bumpy Peaches est un groupe formé en 2014 qui se décrit comme « une adaptation contemporaine du rock psychédélique des années 60 et inspiré par une multitude de genres comme l’afro-beat et le mouvement psyché japonais ». Derrière cette appellation espiègle, on retrouve Nina Bodry, Julia Lam, Luca Bartringer, Nick Dalscheid, Julien Strasser et Julien Hübsch. Un groupe que le public local a découvert en 2018 à l’occasion de la sortie de leur unique album Sgt. Konfuzius & the Flowers of Venus. Depuis cette petite percée qui leur a permis d’arpenter quelques dizaines de scènes, ils s’étaient fait rares. Ces derniers mois, ils ont publié trois singles pour trois clips, aux retombées encore confidentielles, mais qui valent le coup d’œil et méritent qu’on y tende une oreille.
Enregistrés en décembre 2019, les titres en question devaient à l’origine former un EP dont la sortie été prévue pour l’été. Hélas, le contexte sanitaire et ses retombées ont eu raison du projet. Trois chansons psychédéliques pour trois clips donc, qui le sont tout autant. Avec Hai tout d’abord, publiée en mai dernier, on découvre un cortège d’oies en surimpression, avec des planètes, des coulées de lave et des couleurs saturées sur une musique un tantinet surf expérimentale. Sur Mystik Basilik ensuite, publiée en juillet, on suit dans un clip en animation réalisé par Paulo Bras Morgado, les aventures d’un humanoïde bleu dans un bad trip cosmique. Le tout accompagné d’une musique inspirante, et comme souligné par un internaute dans la section commentaire de la vidéo, inspirée par celle de King Gizzard & The Lizard Wizard. On revient donc à Magnum Opus, qui vient clôturer une trilogie de titres individuels.
Filmé en partie à Volmerange-les-Mines sur un large plateau utilisé pour la descente de parapentes, on y découvre les six comparses, maquillés et déguisés. L’imagerie est basée sur celle développée dans le documentaire Woodstock, du grain au mouvement de caméra, avec une différence notable, le respect des distanciations. La conclusion du clip réalisé par Nina Bodry se fait par des bras écartés qui ouvrent le cadre. On pense évidemment au Mommy de Dolan. On pense encore au plus récent film de Sébastien Marnier L’heure de la sortie qui se termine par l’explosion, presque poétique, d’une centrale nucléaire. Car, derrière les membres de The Choppy Bumpy Peaches, se tiennent tout du long les tours de refroidissements de la centrale nucléaire de Cattenom. Le contraste entre des jeunes gens en pleine rêverie et un élément qui risque d’imploser à chaque instant fait forcément écho à cette période si peu inspirante où chaque initiative représente un petit vent de liberté.
La musique du groupe autochtone ne réinvente pas le genre, loin s’en faut. Mais on se laisse aisément entraîner par une musique enivrante et par le côté jusqu’au-boutiste et homemade de l’aventure. Pour le moment, aucun nouvel album n’est prévu, puisque les membres du groupe étudient dans des pays différents. Il convient donc de s’attarder sur les trois singles qui rivalisent sans peine avec la plupart des projets luxembourgeois subventionnés à l’excès et qui laissent cruellement indifférents..