Pour la ville de Dudelange, la fête de la musique, c’est sacré ! Malgré les règles de distanciation sociale, le Centre culture Opderschmelz a tenu à offrir un peu de « live » la semaine passée. Point d’orgue de la programmation, samedi soir, le concert de l’auteur-compositeur-interprète français, Cali.
« Qu’est-ce que ça fait du bien de remonter sur scène », lance Bruno Caliciuri, alias Cali, à ses fans venus lui demander des autographes, après le concert. « Cet après-midi lors des répétitions, ça faisait vraiment bizarre » ajoute celui qui a sorti son nouvel album, Cavale, le 13 mars dernier. « Un jour avant le confinement », rit désormais, un peu jaune, l’artiste.
Juste avant, il s’est offert, pendant plus d’une heure et demie à la soixantaine de spectateurs triés sur le volet par les organisateurs dudelangeois. Une soixantaine sur les 500 que peut normalement accueillir la salle dans sa configuration assise. Un concert en pure perte financière donc ; un cadeau que le service culturel de Dudelange offre à sa ville, à ses partenaires et amis, mais aussi au Grand-Duché ; le concert était retransmis sur plusieurs radios le lendemain dans le cadre de la « journée de la musique » et, sera programmé autour du 14 juillet, sur RTL Télé.
Un concert en toute intimité, avec des spectateurs regroupés deux par deux, sur des fauteuils, autour de tables et quelques tabourets. Quelques « guests » étant installés également au balcon. Un rendez-vous dans le respect des règles de distanciation physique, ce qui n’a nullement refroidi les ardeurs de cette bête de scène qu’est Cali.
Accompagné par le pianiste Augustin Charnet, Cali est habité dès son arrivée sur scène. Il entame son tour de chant avec L’Espoir, chanson de 2008, poursuit avec son tube Je m’en vais de 2005, puis Je sais ta vie de 2010, La vie quoi ! de 2015 avant d’arriver enfin à Cavale. En seize morceaux, il aura offert à « Diddeleng », comme il ne cesse de crier au micro, un joli résumé d’une carrière de près de vingt ans et riche de neuf albums studio.
Dans Cavale le singer-songwriter catalan prend un étonnant virage artistique en plongeant dans des sonorités plus électroniques de rock. Pendant le concert à Opderschmelz, cette nouvelle orientation sera pourtant à peine perceptible. Dans son costume noir, Cali chante, court, saute, s’amuse et profite de la jauge riquiqui pour échanger un regard et un sourire avec chacun des spectateurs. Il interprétera Je sais ta vie depuis la salle, en passant entre les fauteuils et les tables, invitera le directeur, John Rech, par ailleurs auteur-compositeur-interprète de Dream Catcher, à le rejoindre sur scène pour deux duos – un prévu sur Sois doux, l’autre a priori improvisé sur Pensons à l’avenir -, puis la jeune Mathilda pour reproduire leur featuring sur Viens avec moi. Et quand vient le tour de C’est quand le bonheur ?, il n’hésitera pas à répondre lui-même, « ce soir, ce soir ! ».
Mais au-delà de ses chansons, d’un couplet de U2 par-ci et d’une reprise d’Amazing grace par-là, de quelques mots de luxembourgeois, d’une blague sur les Catalans – « des Belges qui n’ont pas trouvé l’Espagne » –, Cali partage avec son public lors de ce « bout de vie si important pour nous » qu’est ce premier concert post-confinement, ses passions – pour la Belgique, pour sa ville de Perpignan, pour ses enfants…–, ses opinions – « Dudelange, consacre dix pour cent de son budget à la culture (…) Il y en a qui devrait prendre exemple » – et surtout ses nombreux combats humanistes, lui petit-fils d’un Calabrais ayant fui le fascisme devenu membre des Brigades internationales et d’une doctoresse des Républicains espagnols, qui ont connus, après la Retirada, les camps de concentration français.
Il est comme ça Cali ! Entier, passionné, joyeux. Et c’est de cette même manière qu’il s’offre à ses spectateurs. Qu’ils soient des milliers ou juste 60 !