CD Sleepworks de Khale

En apesanteur

d'Lëtzebuerger Land vom 05.06.2008

Au fil du temps et des albums que défend le label Own Records, on parvient à se faire une idée de son exigence et de ses desideratas. En effet, dans son catalogue de plus en plus riche, les albums se suivent, sans vraiment se ressembler (ou alors parfois), mais il est une caractéristique que l’on retrouve sur chacune de ses sorties, c’est ce refus de livrer un album en phase avec une réalité morose et terre-à-terre. Ce souci d’apesanteur reflète peut-être une volonté de s’échapper de notre morne quotidien par l’intermédiaire de la musique, ce passe-droit vers l’évasion tant recherchée des sens. Et ce n’est pas la dernière sortie en date, le Sleepworks de Khale (Denver, Colorado), à mettre dans le haut du panier du catalogue Own Records, qui viendra nous contredire !

Pourtant, la petite histoire aurait pu avoir un dénouement beaucoup plus anodin ! En effet, le chanteur compositeur Kale Smith était entre dans un studio avec une dizaine de chansons sous le bras, bien décidé à enregistrer un album de folk classique. Cependant, au fil des sessions, il s’entiche des techniques de production plus développées et envoie ses bandes à JME White afin de les remixer. Cette collaboration, ainsi que l’arrivée d’un claviériste, Matt Heron, insuffle une nouvelle voie insoupçonnée aux compositions, qui se retrouvent retravaillées, reconstruites et magnifiées à trois.

Si on reconnaît encore certaines articulations folk de-ci de-là dans ce ravalement de façade, l’option prise se révèle être la plus accueillante et dévoile une intimité insoupçonnée. Tout au long de l’album, de subtiles ondulations rythmiques et électroniques viennent titiller les oreilles tandis que les claviers ajoutent une pertinente profondeur à l’ensemble. Sans oublier quelques drones atmosphériques, beaucoup d’écho (une reverb panoramique règne sur certains morceaux) qui absorbent l’auditeur dans une ambiance floue et contemplative sans être nombriliste.

Avec ces Sleepworks impressionnistes, et malgré un titre un peu téléphoné, Khale vient se frayer un chemin à travers les couloirs pourtant déjà bien peuplés d’une pop aérienne et décomplexée. Sans vouloir jouer la tête du peloton, mais en suivant son propre chemin !

Pour plus d’informations : www.ownrecords.com, www.myspace.com/ khalesongs. Khale se produira jeudi prochain, 12 juin, au D:qliq avec en première partie le quatuor féminin suédois Audrey.

David André
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