… drum hau ihn auf den HUT

d'Lëtzebuerger Land du 24.01.2025

Le comité de suivi de l’État a suivi le comité de crise de PWC. Voilà, en substance, ce qu’il faut retenir du témoignage de Michel Scholer, le « dircab » de Frieden, ce lundi devant la commission spéciale Caritas. Réunissant un aréopage de hauts fonctionnaires, le comité de suivi avait deux missions : assurer le maintien des activités et des emplois tout en protégeant l’argent public. Le sauvetage de Caritas ne faisait pas partie de la job description. Sans surprise, l’opposition s’est offusquée d’un manque d’ambition. Franz Fayot (LSAP) estime que le comité de suivi aurait eu une approche « très peu interventionniste » : « L’impulsion politique était visiblement de laisser faire les restructureurs de PWC, et de ne pas mettre en cause les deux banques. » Djuna Bernard (Déi Gréng) critique une posture d’observateur « extrêmement passive » endossée par les hauts fonctionnaires : « Il n’y a pas du tout eu d’accompagnement qualitatif ». Marc Baum (Déi Lénk) y voit le cas-type d’« une intervention d’État à l’âge du néolibéralisme ».

Mais l’opposition sous-estime peut-être un facteur crucial, celui du temps. À partir du moment où Luc Frieden déclarait que Caritas ne toucherait « plus un euro », la recherche d’une solution se transformait en course contre la montre. Ce stress exacerbait une Pfadabhängigkeit qui rendait difficile tout retour en arrière. Le premier embranchement s’est donc révélé déterminant. Or, le gouvernement ne pouvait (ou ne voulait) contester les cessions de créances sur les subventions étatiques faites par Caritas – ou plutôt par sa directrice financière – au profit des banques. Luc Frieden n’a pas non plus cherché des voies de financement alternatives. C’était là un choix politique qui condamnait d’avance l’option du sauvetage.

Ce lundi, HUT a fait une annonce qui a créé la surprise. Ce sera Philippe Schrantz (57 ans), le directeur général de la Police parti à la retraite à l’arrivée de Léon Gloden, qui dirigera le nouveau prestataire de services sociaux. HUT loue sa « vaste expérience de management au sein de structures complexes » (outre la Police, Schrantz a dirigé pendant cinq ans les services RH des CFL). Mais la réinvention de l’ancien flic en chef crée un malaise. À gauche, on s’interroge sur la symbolique répressive de la nomination. Du côté des libéraux, on veut savoir si le retraité Schrantz a dû demander une « autorisation » avant d’accepter son nouveau poste. Les députées Cahen et Hartmann (toutes deux DP) interrogent « déi Häre Ministeren » Wilmes et Gloden (tous deux CSV) s’ils « estiment normal qu’un fonctionnaire pensionné accepte un emploi à temps plein ? »

Bernard Thomas
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