Nouveau PAG de la Ville de Luxembourg : préserver la qualité de vie et l’attractivité de la Ville tout en lui assurant un développement durable et en garantissant le bien-vivre-ensemble de sa population

Une ville florissante et dynamique

d'Lëtzebuerger Land vom 09.09.2016

Un quart de siècle s’est écoulé depuis l’entrée en vigueur de l’ancien plan d’aménagement général (PAG) de la Ville de Luxembourg, dit « plan Joly ». Pour les terrains constructibles en-dehors des secteurs protégés et des secteurs sensibles, ce plan définissait l’utilisation des terrains et, le cas échéant, la hauteur et la densité de construction autorisées.

L’élaboration du projet de nouveau PAG de la Ville, dont la procédure d’approbation a été lancée au mois de juin de cette année, a nécessité un travail préparatoire d’une complexité considérable :

Les données issues de ces études préliminaires – nombreuses et ô combien utiles – ont, le cas échéant, été intégrées dans la partie graphique du projet de PAG, ce qui en fait un palimpseste de couches d’informations superposées très détaillées, sous forme de « servitudes d’urbanisation ».

Il a fallu également tenir compte des exigences nationales du Programme directeur de l’aménagement du territoire, des plans directeurs sectoriels « primaires » (logement, transports, paysages protégés, zones d’activités économiques) et « secondaires » (lycées, station de base pour réseaux publics de communications mobiles, décharges pour déchets inertes) ainsi que du plan d’occupation du sol « Aéroport et environs ».

Un véritable travail de « dentellière » !

Les plans d’aménagement particulier « quartier existant » (PAP QE) font l’objet d’une procédure distincte parallèle au projet de PAG. Les deux volets sont désignés « projet de PAG » ci-après.

Il convient de préciser qu’avant le vote du conseil communal autorisant le lancement de la procédure d’approbation du projet de PAG, les études préliminaires et le projet de PAG ont été présentés en détail aux membres de la commission du développement urbain de la Ville de Luxembourg, ainsi qu’aux conseillers communaux présents. Certaines modifications ont été intégrées dans le projet suite aux suggestions émises par les personnes présentes.

Suite au vote du projet en séance du conseil communal le 13 juin, les études préliminaires et le projet de PAG ont été présentés lors de réunions publiques dans les différents quartiers.

Comme prévu dans le cadre de la procédure d’approbation, les plans et documents y relatifs ont été tenus à la disposition du public à l’Hôtel de Ville pendant un mois, où toute personne intéressée avait la possibilité de les consulter. Le personnel du service de l’urbanisme se tenait à disposition pour fournir tous renseignements utiles.

La procédure prévoit que toute personne concernée par d’éventuelles dispositions du projet de PAG est en droit d’adresser au collège échevinal des observations écrites. À la date butoir du 20 juillet, le collège échevinal a ainsi reçu 866 lettres de ce type par rapport au projet de PAG et 205 lettres par rapport au projet PAP QE.

Toutes les personnes ayant introduit une réclamation contre le projet de PAG seront invitées par le collège échevinal à venir exposer leur point de vue. La pertinence de la réclamation ou suggestion sera analysée, et par la suite exposée aux membres de la commission consultative du développement urbain de la Ville, au sein de laquelle tous les partis politiques du conseil communal sont représentés. Sera ensuite soumis au vote définitif du conseil communal soit le projet initial sans modification soit le projet amendé. La délibération du conseil communal sera affichée à l’Hôtel de Ville pendant quinze jours. Les personnes ayant introduit une réclamation auprès du collège échevinal seront informées, par lettre recommandée avec avis de réception, de la suite réservée à leurs observations.

L’approbation finale relève de la compétence du ministre de l’Intérieur, à qui une ultime réclamation peut être adressée, dans un délai de quinze jours de la notification précitée ou de l’affichage à l’Hôtel de Ville, par toute personne concernée par un refus ou impactée par une modification approuvée par le conseil communal. Lesdites réclamations seront soumises par la suite pour avis à la commission d’aménagement étatique et au conseil communal. Suite à la réception de ces avis, le ministre statuera sur les réclamations et décidera de l’approbation définitive du projet.

Voilà, dans les grandes lignes, les différentes étapes de la procédure actuellement encore en cours.

La contribution du collège échevinal sur le nouveau PAG (d’Land, 19.08.2016, page 12) met en exergue les priorités qui ont été retenues pour l’élaboration du projet ainsi que le leitmotiv principal avancé par les résidents : préserver, voire améliorer la qualité de vie et l’attractivité de la Ville. Les priorités de développement des quartiers sont les zones vertes/parcs, la mobilité douce, l’offre de logements, l’offre commerciale, la protection du patrimoine architectural et urbanistique, ainsi que la protection de la nature et de l’environnement.

Il convient cependant de souligner que le nouveau PAG, une fois définitivement approuvé, ne sera pas gravé dans le marbre. Au cours des 25 ans de son application, le plan Joly a fait l’objet de nombreuses modifications ponctuelles en fonction de projets réalisés sur le territoire de la Ville – modifications d’ailleurs le plus souvent approuvées par une grande majorité des membres du conseil communal.

En effet, une ville n’est jamais figée, mais elle évolue pour intégrer de nouveaux logements et résidents, de nouvelles infrastructures (scolaires, sportives, culturelles, et cetera), de nouvelles technologies, de nouvelles sensibilités (patrimoniales, environnementales, et cetera), de nouvelles réalités sociales ou sociétales.

Il y a 25 ans, la Ville de Luxembourg avait principalement deux centres, à savoir la Ville-Haute et le quartier de la Gare, avec les 22 autres quartiers en cercles sur leur pourtour. Depuis lors, le développement polycentrique de la Ville s’étend du Kirchberg via la Ville-Haute, le quartier de la Gare, Hollerich et la Cloche d’Or jusqu’au Ban de Gasperich, et inclut des axes secondaires d’importance sur les routes de Longwy et d’Arlon.

La Ville évolue en fonction de ses propres projets, de projets privés ou de projets de l’État qui ont un impact sur la Ville.

Nombre d’initiatives qui ont été prises par le passé, et qui le seront à l’avenir, pour améliorer la qualité de vie en Ville ne relèvent d’ailleurs pas du seul PAG.

En matière de logements, la Ville de Luxembourg a été pionnière dans l’introduction de la vente de logements par emphytéose, neutralisant ainsi le prix du foncier pour rendre les prix plus abordables. Le projet de logements « Vivre sans voiture » à Limpertsberg fera également des émules, en ville ou ailleurs. Des projets de construction par la Ville de logements supplémentaires destinés à la location sont en cours. L’acquisition judicieuse de terrains sur le Ban de Gasperich permettra d’y construire le stade national de football et, en temps voulu, de délocaliser le stade « Josy Barthel » et la caserne des pompiers de la route d’Arlon pour construire un quartier à mixité de fonctions sur cet espace d’une superficie conséquente à proximité du centre-ville.

Dans le domaine social, la Ville de Luxembourg mène une politique volontariste qui tient compte des réalités changeantes du terrain. La Ville, seule ou ensemble avec des services étatiques et des organismes à vocation sociale, mène un programme actif de création et de soutien de structures pour répondre aux besoins de certains groupes de personnes. Elle a ainsi été la première commune – et à ce jour la seule ! – à accueillir sur son territoire et à soutenir financièrement une « Fixerstuff » pour personnes toxicodépendantes. Une structure de jour pour personnes dépendantes majeures et personnes errantes – le Café Courage – a été ouverte récemment ; celle-ci répond de manière efficace à un besoin urgent sur le terrain. La Ville a mis en place un service de « Streetwork » qui s’occupe de personnes vivant en marge de la société et leur offre conseil, soutien et aide dans diverses démarches visant à améliorer leur situation. La Ville soutient financièrement la « Péitrusshaus » qui accueille des jeunes en détresse et l’Agence immobilière sociale afin de répondre aux besoins de demandeurs sur son territoire ; elle met à disposition les locaux de deux épiceries sociales.

De nombreux projets de construction de logements sociaux, de logements intergénérationnels, de logements pour étudiants et pour personnes en situation de précarité ont été réalisés ou sont en cours. Un contrôle systématique des chambres meublées a été mis en place afin de vérifier si elles sont conformes aux critères de salubrité et d’hygiène exigés. Pour les jeunes au chômage ou en situation de décrochage scolaire, la Ville organise des actions de formation, de mise au travail et d’encadrement socio-pédagogique au service Vélo en Ville et à l’Atelier Schläifmillen. Par ailleurs, les services de la Ville accueillent chaque année une cinquantaine de jeunes en postes d’apprentissage.

La Ville mène des projets d’intégration pour les résidents pour favoriser le vivre-ensemble de sa population de toutes origines et de toutes cultures. Elle mène en partenariat avec les personnes concernées, des projets visant les personnes à besoins spécifiques, en organisant notamment des semaines de sensibilisation.

Des budgets considérables ont été investis ces dernières années et continuent de l’être dans la construction, l’extension et la rénovation d’écoles, de foyers, de crèches, de maisons de jeunes, de homes pour scouts, d’infrastructures sportives, dans le renouvellement des réseaux et des canalisations, dans la construction de bassins de rétention, dans la protection des sources, et cetera, pour répondre aux besoins des résidents, des commerces, du secteur économique et financier et des institutions.

Il suffit de faire un tour sur la Grande Roue à la Schueberfouer pour se rendre compte à quel point l’expression « cœur vert de l’Europe » s’applique aussi à la Ville. Plus de cinquante pour cent de son territoire est constitué d’espaces verts inconstructibles. La renaturation projetée de cours d’eau permettra de créer des parcs le long des berges, tel celui déjà réalisé à Cessange.

Le développement du Ban de Gasperich inclura un parc de quelque quinze hectares, un des plus grands de toute la Ville. Des trames vertes, des chemins pour piétons et cyclistes ainsi que des places conviviales sont prévus dans les plans d’aménagement particulier (PAP) de nouveaux quartiers, tels que celui des Arquebusiers ou encore de Paul Wurth/Heinz Van Landewyck. Un programme de rénovation des aires de jeux a été entrepris. Les jardins communautaires aménagés dans divers quartiers font la joie des résidents.

En matière de mobilité, le système du parking résidentiel, la circulation limitée à trente kilomètres par heure dans les zones résidentielles, les vélos en libre-service, les pistes cyclables, le car-sharing ont amorcé un véritable changement de paradigme. Outre la construction du tram par phases depuis le Findel, via Kirchberg, le Limpertsberg, le Centre-Ville et la Gare, jusqu’au Ban de Gasperich, la mise en service de l’ascenseur du Pfaffenthal intervenue récemment, l’ouverture prévue du funiculaire Pfaffenthal-Kirchberg et la mise en service planifiée d’un quai ferroviaire à Howald seront de nature à désengorger les axes de circulation en ville. L’extension des P&R en Ville et autour ainsi qu’un service d’autobus performant favoriseront également l’utilisation des transports en commun.

Le projet de PAG est un instrument de protection du patrimoine architectural et urbanistique des quartiers existants et de planification du développement de la Ville qui inclut les schémas directeurs de nouveaux quartiers et les plans de reconversion de friches industrielles, telles celles de Villeroy et Boch à Rollingergrund, Paul Wurth/Heinz Van Landewyck à Hollerich et Secalt à Pulvermühle. Dans les nouveaux projets de développement, une priorité sera accordée à la mixité de fonctions urbaines : habitat, loisir, travail, commerce, culture et social.

Outre ces grands développements à venir, d’autres initiatives – comme privilégier les bâtiments économes en énergie, planter des arbres dans les rues, recycler l’eau de pluie, créer plus de parcs et d’espaces verts, aménager des chemins pour piétons et cyclistes, réserver des couloirs pour les transports en commun, réduire les nuisances sonores et les sources de pollution, offrir des activités culturelles de haute qualité – sont d’une importance capitale pour préserver à la fois la qualité de vie et l’attractivité de la Ville de Luxembourg tout en lui assurant un développement durable et en garantissant le bien-vivre-ensemble de sa population multiculturelle qui la caractérise.

Ces défis ne se limitent pas à l’élaboration du projet de plan d’aménagement général. Ces défis sont constants, quotidiens, et ils exigent de la part de tous les acteurs concernés et impliqués persévérance et créativité.

Vronny Krieps (DP) est conseillère communale et vice-présidente de la commission du développement urbain.
Vronny Krieps
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