Dans le cadre du Business Meets Research à la Chambre de commerce, le Centre de recherche public – Gabriel Lippmann a signé ce 8 mai une convention de collaboration avec DroneLAB, une société spécialisée dans la prise de vues et de mesures aériennes via l’utilisation de drones. Une première au Luxembourg. Cette nouvelle collaboration public-privé a pour but de favoriser l’utilisation de ces engins volants télécommandés, initialement développés pour des applications militaires, pour des missions d’observation et de surveillance de l’environnement. Selon Lucien Hoffmann, directeur scientifique du Département Environnement et Agrobiotechnologies (EVA) du Centre, le recours aux drones va augmenter la précision et la fréquence des données de télédétection et améliorer la gestion durable des ressources naturelles. « Jusqu’à présent, explique-t-il, nous étions tributaires des avions ou des satellites pour recueillir des données spatiales. Celles-ci ne nous étaient pas toujours utiles dans la mesure où elles arrivaient rarement au bon moment et manquaient souvent de précision. Les senseurs optiques installés sur les satellites fournissent des images inexploitables en cas de trop forte concentration de nuages, ce qui est régulièrement le cas dans nos régions. Avec les drones, nous disposons d’une ressource complémentaire, plus flexible et plus adaptée dans les cas où nous devons réagir vite comme les menaces de crue après de fortes pluies. Ils peuvent également être d’une grande utilité pour l’agriculture de précision. En les équipant de capteurs hyper-spectraux capables de fournir des informations sur l’état du sol et des plantes, ils vont nous permettre de mieux prévoir les récoltes, de délimiter les parcelles pauvres en azote, voire de mieux cibler l’emploi de pesticides. » « L’autre principal avantage de ce type d’appareil, indique pour sa part Jean-Marc Simonis de la société Dronelab, est qu’ils coûtent dix à douze fois moins cher qu’un avion ou un hélicoptère à l’heure de vol et peuvent circuler dans des zones dangereuses pour l’être humain. À l’heure actuelle, les drones sont encore sous-utilisés parce que les appareils de mesure actuels sont encore trop gros et trop lourds. Le secteur va progressivement croître au fur et à mesure que des senseurs plus petits et plus légers feront leur apparition. »
Le partenariat a aussi pour but de développer de nouveaux types de senseurs pouvant être embarqués sur des drones. « Notre département, souligne Lucien Hoffman, est impliqué dans des projets dans le cadre de l’Agence spatiale européenne visant à proposer des solutions intégrées combinant avions, satellites et drones, notamment dans le cadre de la gestion de l’eau. À terme, nous sommes convaincus que ces projets déboucheront sur des applications industrielles et commerciales. »
Il est clair que les domaines d’intervention des drones dépasseront dans l’avenir le seul cadre environnemental. Outre la sécurité publique, on cite comme marchés porteurs les actualités, le divertissement ou l’énergie. Aux États-Unis, l’impact économique de l’intégration des drones au sytème aérien à partir de 2015 serait au total de plus de 13,6 milliards de dollars au cours des trois premières années, et d’un total cumulé de plus de 82,1 milliards de dollars entre 2015 et 2025. D’ici à 2025, la création d’emplois totale est estimée à plus de 100 000 emplois.
Des chiffres encourageants qui ne doivent pas faire oublier le vide juridique en la matière. Outre le fait que ce type d’appareil peut porter gravement atteinte à la vie privée, l’absence de règlementation limite le principal avantage de sa flexibilité. « Il faut demander une autorisation auprès du ministère compétent qui peut prendre plusieurs semaines », explique Jean-Marc Simonis. Pour faire avancer les choses, les deux nouveaux partenaires se sont joints à des représentants de l’armée et de la Direction de l’aviation civile (DAC) pour créer un groupe de travail ad hoc. Affaire à suivre donc.