rock

Nouvelle énergie

d'Lëtzebuerger Land vom 27.05.2022

On était pourtant dans les temps ! Mais c’était sans compter sur les travaux dans le centre de Dudelange qui nous auront finalement fait manquer la première partie, apparemment très intime, de Fernanda Strange. Dommage. Une fois installés dans la salle, c’est à nouveau, comme à chaque fois, cette incroyable sensation d’être dans son salon. Opderschmelz, c’est cosy, capitonné et incroyablement moelleux. C’est simple, il n’y a pas deux salles au pays qui vous procurent cette sensation. Pas étonnant que le groupe du soir, Go by Brooks, l’ait choisi pour remonter sur scène, un an et demi après leur dernier concert, afin de présenter This is her war, leur tout nouvel album.

Ce soir, dans ce salon donc, on va assister à la prestation d’un groupe qu’on ne peut qu’aimer ! Pourquoi aime-t-on Go by Brooks ? Pour deux choses. D’abord parce qu’on sait à quoi s’attendre : du rock mélodique (ils en revendiquent d’ailleurs l’étiquette) carré, joué par des musiciens consciencieux et appliqués. Ensuite parce que ce groupe est assurément l’un des plus sympathiques du pays. Chez les Go by Brooks, on joue avec le sourire en partageant des milliers d’émotions à chaque morceau. Ni plus, ni moins.

Avec L’éclaireur, morceau instrumental qui ouvre ce nouvel album, la référence Pink Floyd vient immédiatement nous attraper à la gorge. Nicolas Palumbo, guitariste du groupe est fan, c’est clair, et va même pousser le vice jusqu’à faire entendre, à la toute fin du morceau, des sons de cloche qui ne sont pas sans rappeler l’intro de High hopes des maîtres incontestés du rock progressif. Ce ne sera pas la dernière comparaison…

Mais Go by Brooks, c’est aussi Laetitia Koener, chanteuse, guitariste et principale auteure, avec Nicolas – son mari dans le civil – du groupe. Laetitia, on l’a connue fragile, un peu gênée d’être sur scène et d’une discrétion absolue. Mais ça, comme dirait l’autre, c’était avant ! Aujourd’hui, on est face à une femme (devenue maman) heureuse, à l’aise, et qui prend un plaisir fou à défendre ses compositions, bien que celles-ci soient constamment traversées de paroles sombres.

Les titres, eux, s’enchaînent. This is her war, dont le travail sur les voix est remarquable, Downfall, plus rock et encore une fois influencé par le Floyd, Another flame, Broken et son clip prenant, Lost, Le monastère, All we are et son refrain repris par toute la salle, Naked soul, No more, l’incroyable progression crescendo de Apodyopsis, Fly away et Kill hope, titre qui va clôturer cette première salve avec un solo véritablement dantesque du guitariste.

Pendant 45 minutes, Go by Brooks aura prouvé qu’il n’est plus le groupe gentillet et un peu « classique » qu’il a pu être par le passé mais est aujourd’hui une machine huilée, conduite par un tandem attachant, un claviériste de génie, un bassiste appliqué et un (nouveau) batteur dont Laetitia nous confiera plus tard qu’il a véritablement amené une nouvelle énergie au groupe.

En rappel, Obey laisse cette fois la place du solo à la front-woman et How to sing to a man clôt définitivement les débats.

La soirée est terminée. On se (re)perd dans les travaux du centre de Dudelange tout en se disant qu’on a passé une bien belle soirée. Et s’il est évident que la Kulturfabrik possède le meilleur son de tout le pays, Opderschmelz est bien la salle qui sait instaurer la plus jolie des ambiances.

Romuald Collard
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