Les malpropres

Omissions et démissions

d'Lëtzebuerger Land du 10.03.2011

Ils étaient tous les deux ministres des Affaires étrangères. L’un a travaillé, l’autre est partie en vacances. L’un a omis, lors de son travail de recherche universitaire, de citer ses sources ; l’autre a omis, lors de ses vacances tunisiennes, de signaler qu’elle avait emmené avec elle papa en voyages d’affaires. Mais l’ex-ministre allemand de la self-defense n’a pas omis de préparer d’ores et déjà son comeback. Ainsi, ce nobliau, qui est parmi les plus riches d’Allemagne, n’a pas omis d’annoncer urbi et orbi qu’il versera ses derniers émulements de ministre aux malheureux bidasses qui croupissent en Afghanistan. Annonce populiste et publicitaire, dont le rapport prix/bénéfice électoral laisse rêveur tout communicant qui se respecte. Et même son lamentable plagiat lui viendra en aide : car c’est là le paradoxe d’une Allemagne qui n’aime rien tant que se donner du Herr Professor Dr. Dr., tout en se méfiant, plus que de la peste (brune), des scientifiques et autres intellectuels. Le Bildzeitung en sait quelque chose, dont les lecteurs, fervents hooligans de foot et de von und zu Guttenberg, ne détiennent pas vraiment le record des palmes académiques.

Chez nous, il y a peu, Nicolas Schmit n’a pas omis de rappeler qu’il était ministre devant la flicquette qui interrogea son fils. Ben Ali, Mubarak, et, espérons-le, Khadafi et consorts, pour avoir omis de démissionner, ont été ou seront débarqués comme des malpropres par leurs peuples.

Nicolas Sarkozy, qui a omis de se draper dans la dignité présidentielle, risque de se faire battre l’année prochaine par Dominique Strauss-Kahn, qui a omis, l’autre dimanche à la télévision, de préciser s’il sera candidat ou non, ce qui lui a évité de démissionner, pour l’instant du moins, de son poste de directeur du FMI. Le Président français, s’il a plus ou moins démissionné devant le formidable vent de liberté qui souffle aujourd’hui dans les pays du Maghreb, n’a pas omis de conjurer le spectre d’une terrible vague d’immigration en provenance de ces pays et, du coup, Marine Le Pen, l’original, n’a pas omis de dépasser, dans les sondages, Sarkozy, la copie. Aurons-nous alors l’année prochaine un 21 avril à l’envers avec, au second tour de l’élection présidentielle française, une Marine Le Pen face à un DSK ? Devant un candidat dont le nom risque de réveiller (?) les démons antisémites et une candidate qui remplace la gégène du père par le sans-gêne, il n’est pas sûr que les Français ne vont pas omettre de se montrer aussi républicains qu’en 2002.

Yvan
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