Paiements électroniques

Paiements mobiles

d'Lëtzebuerger Land du 03.03.2011

Recevoir des paiements à l’aide de son téléphone portable ; l’idée semble évidente, pourtant, son application pratique tarde à voir le jour. Les paiements par cartes de crédit, qui dans leur version établie requièrent un accès Internet – typiquement par le biais d’une ligne fixe – et donc un minimum d’infrastructure, dont un terminal agréé, sont difficiles à mettre en œuvre par certains agents économiques indépendants de type micro-entreprises nomades, formées par exemple d’artistes ou d’artisans. Des start-ups ont cherché à investir ce créneau ces dernières années, avec un certain succès. C’est le cas notamment de Square, qui a annoncé cette semaine avoir atteint le seuil du million de dollars de paiements par jour.

La proposition de Square, semblable à celle de ses concurrents VeriFone et Intuit, est de brancher un mini-lecteur de cartes de crédit sur son téléphone portable, muni d’une application suffisamment fiable pour que l’ensemble puisse servir de base pour un trafic de paiement compétitif et mobile à la fois. Pour Square et ses concurrents, le défi est de parvenir à générer des transactions en volume suffisant, grâce à des coûts prévisibles et compétitifs, pour pouvoir s’imposer face aux prestataires établis. L’application de Square est actuellement disponible pour les iPad ainsi que pour les téléphones Android et les iPhones.

Ce ne sont d’ailleurs pas qu’avec les systèmes de paiement par cartes de crédit et terminaux – lecteurs de carte que ces start-ups doivent entrer en concurrence ; les micro-paiements en situation « précaire », par exemple lorsqu’un musicien vend un CD ou un tee-shirt à l’issue d’un concert, peuvent aussi, du moins dans l’absolu, s’efffectuer à la volée à l’aide des téléphones portables du vendeur et de l’acheteur en utilisant simplement PayPal et le courrier électronique.

Mais le succès initial de Square (squareup.com) montre que des technologies reliant cartes de crédit et téléphones portables ont une chance de s’imposer. Autre signe qui ne trompe pas, Square a récemment levé 27,5 millions de dollars de fonds supplémentaires. En jan-vier, la société annonçait qu’elle enregistrait 100 000 nouveaux utilisateurs-vendeurs par mois.

Alors que la tarification prévoyait initialement des frais de 2,75 pour cent du montant de la transaction, plus un montant unique de 15 cents de dollar pour chaque transaction, Square a depuis abandonné ce montant unique, ne le conservant que pour les cas où les numéros de cartes de crédit sont entrés manuellement (c’est-à-dire sans utiliser le mini-lecteur de cartes que Square envoie gratuitement par la poste aux utilisateurs qui souscrivent au service), auquel cas le taux est d’ailleurs porté à 3,5 pour cent. Les frais de 2,75 pour cent avec lecteur sont déduits du montant total des transactions, ce qui signifie que les utilisateurs n’auront pas à hésiter à utiliser le service pour des ventes de marchandises ou de services à des prix très bas.

Signe que la forme et l’élégance comptent au moment d’un micro-paiement, Square s’est aussi donné la peine de s’allier à une designer pour créer une version « mode » de son terminal. Vivienne Tam, qui a déjà mis son style « chic chinois » au service de HP, a conçu avec Square un lecteur de cartes (il s’agit d’un mini-scanner qui se branche sur la sortie audio du téléphone) décoré d’un dessin original illustrant le concept de « Double Happiness » – le terme évoque le bonheur émanant à la fois de la technologie et de la mode – et arborant le nom de l’artiste. Deux dollars sur la vente de chaque lecteur, proposé à dix dollars, sont versés à une organisation caritative.

Square et ses concurrents ne constituent pas dans l’immédiat une menace sérieuse pour les cartes de crédit et prestataires de services de paiement, mais l’essor qu’ils connaissent montre que les fronts bougent. « La vision de Square est de générer un environnement sans friction et sans complexité pour les paiements, ce qui est difficile à faire dans les services financiers », explique son directeur opérationnel Keith Rabois.

Jean Lasar
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