Innovation

Moteurs et obstacles

d'Lëtzebuerger Land vom 17.02.2012

Innovation Union, centrée sur la recherche et l’innovation, est l’une des sept initiatives phares placées au cœur de la stratégie de l’Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et inclusive. C’est que le rôle joué par l’innovation dans la réalisation d’une Europe compétitive à l’échelle mondiale est primordial. L’innovation est un facteur clé de la création de nouveaux produits, services ou procédés dont les performances sur les marchés mondiaux sous-tendent l’émergence de nouveaux emplois.

Mais quels sont les moteurs et obstacles à l’innovation selon les dirigeants d’entreprises et quel est l’état de l’innovation en Europe ? Le deuxième Baromètre global de l’innovation, paru le 18 janvier dernier détaille les réponses de 3 000 dirigeants d’entreprises dans 22 pays du monde, et le Tableau de bord de l’Union de l’innovation 2011 publié le 7 février par la Commission européenne classent les États-membres en quatre catégories selon leurs performances en matière d’innovation.

Sans surprise, l’innovation est le principal levier pour créer une économie plus compétitive, selon 92 pour cent des dirigeants interrogés et pour 86 pour cent, l’investissement dans l’innova-tion est probablement l’un des principaux facteurs de la création d’emplois dans leur pays. Paradoxalement, 76 pour cent affirment que l’objectif de l’innovation doit privilégier les besoins sociétaux sur la recherche de profit. Pour 84 pour cent des dirigeants, les innovations du 21e siècle apporteront une valeur ajoutée à la société dans son ensemble plutôt qu’aux citoyens et consommateurs en tant qu’individus, en particulier dans les secteurs des communications, de la santé, de l’environnement, de la sécurité énergétique.

La stratégie de la Commission européenne, qui axe un des trois piliers du programme de recherche et d’innovation sur les grands défis sociétaux – la santé, l’évolution démographique et le bien-être ; les énergies sûres, propres et efficaces ; la lutte contre le changement climatique – illustre un même constat.

La crise économique a affecté la mise en œuvre des capacités d’innovation des entreprises, notamment parce qu’elles prennent moins de risques et se concentrent davantage sur les innovations incrémentales et de procédés. Autre effet de la crise, l’accès au financement public et privé est devenu plus difficile selon les deux tiers des répondants. Plus généralement, les chefs d’entreprises identifient parmi les freins potentiels à l’innovation l’inefficacité du soutien public s’il n’est pas coordonné de même que l’insuffisance des ressources gouvernementales et des fonds privés.

Le tableau de bord de l’innovation 2011, qui s’appuie sur 24 indicateurs, permet de classer les États-membres en quatre catégories : les champions tels que la Suède, qui arrive en tête du classement, l’Allemagne le Danemark et la Finlande ; les suiveurs, qui ont une performance proche de la moyenne de l’UE : le Luxembourg, la Belgique, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et Chypre en font notamment partie. Les catégories en dessous de la moyenne distinguent les innovateurs modérés et modestes : l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, la Pologne sont des innovateurs modérés. Les performances de la Bulgarie, la Roumanie, la Lituanie et la Lettonie les classent au nombre des innovateurs modestes.

L’un des principaux facteurs de différentiation des performances est le niveau de dépenses en R[&]D des entreprises et les collabo[-]rations public-privé qui attestent d’une bonne jonction entre scientifiques et entreprises. Par ailleurs, les États les plus performants excellent dans la commercialisation de leur savoir-faire technologique. Ces États bénéficient d’un système de recherche et d’innovation globalement équilibré illustré par des performances comparables pour tous les types d’indicateurs.

Les pays innovateurs modestes ou modérés, s’ils sont à la traîne, tendent cependant à rattraper leur retard. Sur une période de cinq ans, leurs performances en innovation ont un taux de croissance plus rapide que celui des États champions ou suiveurs d’où, finalement, une convergence entre les États-membres.

Virginie Goupy
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