Titeuf est de retour en ce mois de juin avec un 17e tome qui prend le lecteur par surprise. Zep, son papa, délaisse ici les habituels gags en une ou deux planches pour une histoire complète. Il abandonne aussi l’école, la ville et l’éternelle bande de copains pour plonger Titeuf en plein nature, en colonie de vacances. Ce sera La Grande aventure.
Les parents ont réussi à convaincre Titeuf de s’inscrire à un camp de jeux vidéo. Pas de chance, c’était complet ! Mais puisque l’inscription était faite, Titeuf se retrouve loin de tout réseau, de toute prise électrique et de toute console, en pleine nature pour faire une colonie « verte » au Bois des ours.
« Le camp de jeux vidéo, ça n’existe pas », lui révélera la monitrice quelques minutes à peine après le départ du train. Elle ajoute : « Les jeux vidéo, tu en fais toute l’année… Au camp, tu vas découvrir de nouvelles choses » ce à quoi Titeuf répondra, avec sa franchise habituelle : « Tu m’étonnes… ça fait trois minutes qu’on est partis et j’ai déjà découvert que mes parents étaient des traitres. »
Et oui, si ce 17e tome peut être perçu, par rapport à la série, comme celui d’une certaine maturité, avec une histoire complète sur 62 pages, le héros, lui, reste cet éternel enfant de dix ans, aussi rebelle que rêveur, aussi curieux que naïf, ayant toujours autant de mal à comprendre le fonctionnement du monde – et tout particulièrement celui des adultes. Il reste aussi un citadin pure jus – qui ignore qu’il n’y a « pô de toilette dans la tente » – qui va devoir faire ici face à la nature, cet espace méconnu, plein d’animaux dangereux, dont ces fameux ours dont le camp tire le nom. « Vous verrez, là-bas c’est la jungle ! », lance un camarade d’aventure qui a « déjà fait le camp du Bois des Ours » et qui ajoute, « j’peux vous dire que c’est pas pour mauviettes. » On est pourtant loin de l’ambiance militaire.
Au programme du camp : dodos sous la tente, découverte de la faune et de la flore locale, marche à pied, yoga, baignades, canyoning, escalade, mais surtout découverte de la vie en communauté, des corvées de patates, de vaisselle, de cueillette de fruits…
Une vie loin des parents, de la famille, des amis… Heureusement pour Titeuf, Manu, son meilleur copain est aussi du voyage car pour le reste, il va falloir se faire de nouveau copains, trouver sa place dans le groupe, accepter les mauvais aspects de chacun. Le tout sous le regard bienveillant de quatre moniteurs ultra-cools, dont le belle Louanne, dont Titeuf, va tomber immédiatement amoureux.
Sans jamais tourner à la catastrophe, la colonie va connaître son lot d’aventures et de mésaventures, le tout vu, comme toujours avec Titeuf, à hauteur d’enfant. Après tout la bataille pour conquérir le cœur de Louanne est bien plus importante que la découverte des abeilles, des fourmis ou encore l’écriture d’une carte sympa à envoyer aux parents. Les odeurs des pieds de Jimmy une épreuve bien plus difficile à supporter que la première cigarette de liane partagée avec les copains. Et la découverte d’un mystérieux trésor un événement bien plus excitant que n’importe quelle activité au programme.
La colo est décidément une grande aventure pour des enfants de dix ans, un espace de (semi)-liberté pour ces pré-ados qui peuvent vivre là plein de « premières fois ». Car si la nature et le camping sont une sacrée aventure, celle de la puberté est aussi au coin de la rue. Titeuf et ses copains se posent donc plein de questions sur les filles, fantasment autour de ce qui pourrait arriver à leur zizi, et sont heureux de remarquer que les moniteurs ne sont pas des « pédophiliques »… tandis que les filles font des cœurs en épinards et trouvent toutes Yann, le chef de camp, « tellement beau ». Et oui, ça les titille !
Deux ans après Petite poésies des saisons, le tome 16, et quatre ans après À fond le slip, le 15e tome de la saga débutée en 1993, cette Grande aventure donne un nouveau rythme, une nouvelle envergure aux aventures de Titeuf. L’histoire complète donne plus de profondeur à Titeuf. Elle permet à Zep de pousser plus loin ses thèmes de prédilection comme le respect de la nature, l’égalité entre les garçons et les filles, le respect des autres, l’amitié… Elle permet surtout de donner plus de place aux autres personnages : Manu, Thérèse, elle aussi du voyage, mais aussi tous les nouveaux. Une toute nouvelle bande de copains qui ouvrent de nouveaux horizons à la saga. Du coup… et si Titeuf et les nouveaux personnages partait à l’avenir en colo à la mer ou au ski ? On a le droit de rêver.