Malgré l’avancement des travaux, le stade national attend encore son nom de baptême. De même, si la nature du sport national ne fait désormais plus aucun doute, une hésitation demeure quant à la façon de le désigner : « world râleurs championship », « protestation synchronisée » ou « j’en-ai-marre-athon ». Cela fait plusieurs années que le Grand-Duché progresse, mais on atteint maintenant un véritable niveau de compétition. Les conditions de pratique de ce sport ont désormais été optimisées grâce aux efforts conjoints du ministère de l’Immobilité et des Travaux publics, des CFL et de la Ville de Luxembourg. Nous sommes en passe de devenir les champions internationaux d’une discipline où nos voisins belges et français ont longtemps excellé : le mécontentement permanent. Du matin au soir, à la maison, à l’école, au travail, à la télé, sur les réseaux sociaux et, bien souvent, dans ces colonnes-mêmes.
Râler contre les chantiers qui se multiplient sans jamais sembler se terminer. Râler contre le train qui met trois heures pour faire Luxembourg-Bruxelles car il s’arrête dans le moindre patelin de plus de 300 habitants (en comptant les vaches). Râler contre la gare du Pfaffenthal dont les quais semblent spécialement conçus pour exposer les voyageurs à un vent d’Est glacial et les renvoyer passer le reste de la semaine dans leur lit avec un bon rhume. Râler contre les enfants qui ne rangent pas leur chambre. Râler contre les parents qui ne comprennent rien. C’est un cercle sans fin. Les piétons râlent contre les cyclistes, qui râlent contre les automobilistes, qui râlent contre les chauffeurs de bus, qui râlent contre tout le monde, qui râle contre les trottinettes électriques.
Même une fois les travaux terminés, les gens continuent à se plaindre. Il y a au moins un immeuble de trop dans le nouveau centre Hamilius. La Fnac est ridiculement petite. Le centre commercial de la Cloche d’Or n’est pas très pratique. Le tram avance à une vitesse moyenne de vingt kilomètres par heure seulement.
Pourtant, d’autres sports existent. Plus sains pour vous et votre entourage. Certes, c’est l’hiver et vous n’avez pas envie de courir sous la pluie ou de pédaler dans la boue. Vous ne vous voyez pas non plus transpirer dans une salle de fitness entouré de tout un tas de benêts abonnés à l’année qui, au mieux, vous ignorent et regardent leur smartphone, au pire, vous adressent des regards concupiscents qui vous rappellent la foire aux bestiaux d’Ettelbruck. Mais avez-vous essayé le « Sports pour tous » ? Si vous aussi, vous vous dites que « pour tous », c’est « pour tous les autres », il est temps de jeter un coup d’œil aux conditions de ce programme. Même si elle n’a pas fait l’objet de la même médiatisation que la prochaine gratuité dans les transports en commun, l’offre proposée est assez alléchante.
Pour le tarif modique et imbattable de zéro euro (si vous avez entre douze et seize ans), vous pouvez ainsi pratiquer du patin à glace, du football ou du break-dance, ou essayer des disciplines plus exotiques telles que le curling, le parkour, le billard ou le tir à l’arc, sous l’œil de moniteurs spécialisés. Si vous optez pour du patinage, il faut noter que l’entrée et la location de patins sont comprises dans ce prix !
Si vous n’avez pas la chance d’être né au troisième millénaire, il vous en coûtera trente euro d’inscription six mois de pratique d’un sport, si vous habitez la capitale, le double sinon. Vous pouvez également souscrire à un forfait de 110 euros pour tout essayer. Quand on regarde le programme, on se dit qu’il faut être soit rentier, soit retraité pour pratiquer le nordic walking le lundi à 10 heures, le Qi Gong le mercredi à 17 heures ou le self-défense le vendredi à 14 heures 15. Pourtant, des créneaux sont adaptés aux actifs. Dites adieu à la bouchée à la reine de la cantine et optez pour un wrap de chez Cocottes ou un sandwich Oberweis sur le chemin de retour du « Gymnastik in der Mittagspause » (tous les midis aux Bains) ou du body shape (le mardi et le jeudi, au Limpertsberg). Ces activités comptent d’ailleurs parmi les plus prisées, avec la musculation sur machines, la gym dames, le badminton et l’aquagym.
La période des inscriptions est déjà largement passée, puisqu’il fallait s’y prendre fin septembre. Mais il reste des places dans certaines disciplines, et le programme d’été débute en avril ! Au vu des tarifs, si vous comparez avec une salle de sports classique, le calcul est vite fait. Et quand vous aurez vos courbatures le lendemain matin, ce sera une bonne raison de vous apitoyer sur votre sport, pardon, votre sort.