CSV-Centre

Assurance tout risque

d'Lëtzebuerger Land du 15.01.2004

Maladroitement animé sur ordinateur, la mascotte du CSV nommée Xorro fait les bouche-trous durant les congrès régionaux du parti sur lesquels sont annoncées les listes de leurs candidats. Et Xorro est didactique : « Si nous voulons gagner, fini le panachage ! Noircissez le cercle ou panachez sur notre liste ! Un siège de plus par circonscription : cela ne tient qu'à vous ! » Samedi dernier, le jeu a été lancé à Niederanven pour le Centre - la circonscription la plus difficile à conquérir face à un Parti démocrate traditionnellement dominant dans la capitale et ses environs. Même si les sondages Ilres/Tageblatt accorderaient un gain de deux sièges au CSV au centre face à un DP en déclin. 

« Lors des préparatifs, je me suis demandé : comment allons-nous gagner ces élections ? » lança Claude Wiseler dans sa présentation de la liste, mais l'homme qui entra à ce moment-là interrompit le programme malgré lui. Quand Jean-Claude Juncker fait son apparition, même discrètement, les 220 délégués aux tempes grisonnantes se mettent à applaudir spontanément. Rien à faire, c'est une vraie star. Le président du CSV-Centre reprend : que le programme électoral est encore en train d'être élaboré, qu'il devra tracer des perspectives d'avenir, qu'une attention particulière a été portée aux équilibres hommes / femmes, régionaux ou encore sociaux dans l'élaboration de la liste. Surtout au Centre, cet exercice s'est avéré difficile, on se souviendra du coup de théâtre de septembre, lorsque le secrétaire général Jean-Louis Schiltz a été recalé par le comité régional ; le conseil des sages, qui nommait cinq des 21 candidats, l'a repêché samedi.

C'est ce même conseil des sages aussi qui a sorti de son chapeau Lucien Thiel, le directeur de l'Association des banques et banquiers (ABBL), ancien rédacteur en chef du Land (qui, décidément, n'est pas aussi anti-CSV que nous le reproche le Premier ministre…) Lucien Thiel doit venir « renforcer la compétence économique du CSV » souligna Claude Wiseler, aux côtés de l'actuel ministre des Finances et de celui du Budget. Le slogan électoral est « de sëchere Wee », « le chemin le plus sûr » : en des temps moroses, le paquebot de la politique luxembourgeoise veut montrer qu'avec lui, les électeurs sont tranquilles, que ce ne sont pas les petites brises qui soufflent sur l'économie nationale qui vont le faire couler. « Le chemin le plus sûr n'est pas le chemin le plus facile, s'engage le président du parti, François Biltgen, nous ne devons pas cesser de regarder vers l'horizon. »

Jean-Claude Juncker ne cesse de clamer que les élections ne sont pas encore gagnées, malgré les bons scores que les sondages accordent à son parti. C'est pour cela qu'il va au charbon lui aussi, motiver les troupes par des discours engagés, proches de la base, remerciant les anciens, fustigeant l'adversaire politique, déclarant son amour au pays et au peuple, assurant qu'il restera s'il est réélu. Ou encore en déclarant les prochaines années « les années du travail » pour lutter contre le chômage, qui est son « plus grand souci ».

Le chemin le plus sûr, c'est également désigner Luc Frieden, premier élu en 1999, le plus populaire dans les sondages aussi (67 pour cent des sondés d'Ilres/Tageblatt de janvier lui attribueraient une charge plus importante encore) comme tête de liste. Pour le seconder : sept femmes, plus « au foyer » que féministes enragées - dont surtout Yolande Roller-Lang, présidente de Famill 2000 -, et treize hommes d'un âge certain, juristes, économistes, retraités... Ni ouvrier, ni paysan. Moyenne d'âge : 51 ans. On cherche en vain les jeunes loups, les talents précoces, les Juncker de demain - quatre seulement ont moins de quarante ans, huit en ont plus de soixante. Le CSV de 2004, c'est le parti des valeurs sûres. Des attrape voix aussi, comme le très populaire Théo Stendebach, ex-DP (plus de 13 000 voix en 1999), qui a seulement rejoint le parti en automne. Donc, malgré l'aversion de Xorro envers le panachage, le parti semble persuadé que les Luxembourgeois ne suivront pas vraiment ses bons conseils.

Le prochain congrès régional du CSV aura lieu dimanche à Grevenmacher pour la circonscription Est. Selon DNR, la liste y sera à nouveau menée par Fernand Boden, ministre, épaulé par les deux députés sortants Lucien Clement et Marie-Josée Frank. Nicolas Strotz ne désire plus prolonger son mandat. Les quatre autres candidats sur le liste seraient : Françoise Hetto, animatrice chez RTL, Oktavie Modert, secrétaire générale du conseil des ministres, le viticulteur Aly Leonardy et le secrétaire régional du parti, Gast Bohnenberger.

 

josée hansen
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