Les Jonk Demokraten viennent de publier six solutions « concrètes » pour la protection du climat, de la biodiversité et de la qualité de vie. Des propositions conçues pour sauver les apparences

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Steven Milbert expose sa vision de l’écologie
Photo: Olivier Halmes
d'Lëtzebuerger Land du 22.08.2025

Sur la terrasse du café « Kleng Gemeng » à Mamer, Steven Milbert, vice-président de la jeunesse démocrate et libérale, enseignant en histoire au Lycée Technique d’Ettelbruck, raconte sa vision de l’écologie. Enfin surtout l’irréfutabilité de l’existence d’un réchauffement climatique : « Nous sommes conscients qu’il faut changer certaines choses et que le Luxembourg peut apporter une petite contribution ». Selon les jeunes libéraux, l’écologie se fait en harmonie avec l’économie : « Nous ne voulons surtout pas devenir le parti des restrictions, il faut soutenir les entreprises dans la transition écologique. »

Or, dès la première solution « concrète » proposée, on bute sur une limitation : la diminution de la vitesse maximale lors des heures de pointe sur l’autoroute de 130 à 110 km/h. Selon Steven Milbert, la cause des bouchons ne proviendrait pas du nombre de voitures présentes sur la route, mais plutôt d’un « usage abrupt des freins ». En contrepartie, certains tunnels « adaptés » verraient leur limitation de vitesse augmentée de 90 à 110km/h afin de garder un trafic fluide et constant… jusqu’au feu rouge à l’entrée de Luxembourg.

L’augmentation de la limite de vitesse dans les tunnels est un serpent de mer. Elle revient régulièrement dans le débat public à travers des pétitions, sans jamais se concrétiser. En janvier 2023, une réponse du ministre de la Mobilité du précédent gouvernement, Francois Bausch (déi gréng), clôturait une nouvelle fois le débat : « En ce qui concerne la vitesse maximale autorisée de 90 km/h dans les tunnels, celle-ci correspond au niveau de risque accepté lors de leur conception ». Quatre ans plus tôt, c’était au président de la Sécurité routière de calmer les ardeurs des pétitionnaires. Interrogé par RTL, Paul Hammelmann ne gardait pas sa langue dans sa poche : « C’est juste de l’idiotie et du populisme ! »

Selon une étude d’Eurostat, Luxembourg est considérée comme la ville la plus propre de l'Union européenne par ses habitants. 95 pour cent des résidents sont satisfaits de la propreté de leur ville. Paris (49 %), Berlin (45 %) et Rome (9 %) sont loin derrière. Pourtant, les jeunes libéraux ne sont pas satisfaits : « Je vois quand même certaines poubelles qui sont remplies à ras bord, à Luxembourg ou Ettelbruck dans les parcs ou les coins un peu plus éloignés » dit Steven Milbert. « Quand elles sont remplies, ça commence à puer ». Ainsi, il propose d’équiper le pays entier de poubelles publiques souterraines pour tout type d’ordures. Ces conteneurs, placés sous terre et accessibles grâce à une trappe, permettent de garder les déchets loin de yeux et du nez. La capacité des nouvelles poubelles « nous permettra de faire des collectes moins souvent, ce qui est bon pour l’économie » affirme Steven Milbert, avant d’esquisser un sourire lorsqu’il réalise que cela réduirait aussi le nombre d’éboueurs : « Oh, ils feront bien autre chose ».

Les Jonk Demokraten se soucient également du « littering ». Ils proposent de donner plus de pouvoirs aux agents municipaux afin qu’ils puissent distribuer des amendes plus facilement. Steven Milbert prévient que « si une personne jette un chewing-gum par terre, elle doit recevoir une amende de 150 euros. Ça doit faire mal afin qu’elle ne recommence plus ». Dans leur proposition, il est prévu d’augmenter le plafond des amendes jusqu’à 20 000 euros pour les récidivistes.

Autre solution libérale, des panneaux solaires au-dessus des parkings. Proposition recyclée du dernier programme électoral du parti-mère, le DP. Grâce à un financement étatique, ces espaces gris et bétonnés pourraient être « mieux optimisés » selon Steven Milbert. « Le Luxembourgeois aime sa voiture » raconte-t-il au Land pour justifier sa politique de mobilité. Le nombre d’autos ne diminuera donc pas, au contraire. Steven Milbert préfère mettre l’accent sur le côté pratique des panneaux. En-dehors de leur apport en électricité, ceux-ci permettraient également de « garder les voitures à l’ombre, de les protéger de la pluie, et qu’elles restent propre ». Pour les libéraux, l’équation semble être simple : Si les voitures sont propres et que les villes sont propres alors la planète sera propre. En appliquant cette logique, Dubaï deviendrait le modèle de la protection de l’environnement.

Léo-Paul Hoffmann
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