CD Walk under water de Daniel Balthasar

La tête hors de l’eau

d'Lëtzebuerger Land vom 06.01.2011

Pour son quatrième opus, Walk under water, Daniel Balthasar a choisi la voie de la continuité. L’album a été conçu à l’aide d’une poignée de fidèles collaborateurs, parmi lesquels l’on retrouve, entre autres, les musiciens qui l’accompagnent en live. Mais certains invités sont venus s’immiscer, sans forcément chambouler l’ordre établi. Parmi ceux-ci, pointons Marc Welfringer à l’accordéon sur le titre éponyme, mais surtout Sarah Bettens, pour rappel chanteuse de K’s Choice, sur All this time. Si, sur le papier, cette apparition a de quoi étonner, elle fait sens étant donné que leurs univers musicaux respectifs ont plus d’une accointance.

Enregistré aux fins fonds des Ardennes belges et mixé au Pays-Bas, l’album s’intègre parfaitement dans la discographie du bonhomme, jusque dans ces « excentricités » et devrait contenter tout le monde, les fans comme les détracteurs. Certes, le choix des compositions est varié et on a droit à une alternance des tempi au gré des morceaux, dévoilant la versatilité du compositeur. Ainsi, les deux morceaux ouvrant le bal, Keep it et Give in, pourraient s’apparenter à du Queens of the Stone Age, hululements joshhommiens compris, s’ils avaient été joués plus férocement et à un tempo nettement plus élevé…

Mais quand on est capable de pondre des merveilles comme Find in you et Leola, qui enterrent avec une déconcertante facilité quasi toute la production locale de l’année écoulée, tous genres confondus (bon d’accord, il y a un peu de triche avec Leola, déjà parue sur la compilation The Cell[o]division en 2009) et qu’on les met en dernière position et en bonus, comme pour s’excuser, cela fait tiquer tout mélomane normalement constitué.

En effet, Find in you est beau à pleurer et fout la chair de poule à chaque écoute. Un léger drone en ouverture, une guitare acoustique qui ressasse inlassablement le même motif, aussi simple qu’efficace et la voix du sieur Balthasar, touchante de justesse, installe le morceau avant que des parties de violoncelle dignes d’un Sir George Martin (pour rappel, arrangeur-producteur des Fab Four), le portent vers des hauteurs stratosphériques, embellies par des harmonies vocales célestes. Quant à la plus ténébreuse Leola, celle-ci flirte avec une musique de chambre agrémentée de micros-percussions et autres bruissements, qui aurait eu sa place sur une plaque des phénoménaux Rachel’s. Certes, ce niveau d’excellence avait déjà pointé plus que le bout de son nez sur l’album précédent palpitations avec Miss Violet.

Comparativement, le reste fait l’effet d’une tambouille radiophonique fade, mais bien cuisinée, composée de recettes biens rodées (dans le genre, Satellites et Sarcasm rules the world sont très bien torchées), préparées avec l’aide d’assistants-cuistots qui connaissent leur boulot et le font avec force conviction. Et ce ne sont pas les quelques trouvailles mélodiques et/ou les arrangements plus d’une fois variés et imaginatifs (comme au hasard, le mariage accordéon vibraphone sur Walk under water) qui renversent la tendance. No-tons, au passage, que la voix de Daniel Balthasar est un poil plus sobre qu’au-paravant, donnant à ses compositions un surplus bienvenu de dignité.

Avec des morceaux de la trempe de Find in you et Leola, dans une voie plus exigeante mais d’autant plus gratifiante, Daniel Balthasar touche là quelque chose d’à la fois personnel et universel. N’est-ce pas que tout musicien recherche ?

Pour plus d’informations : www.danielbalthasar.com, www.myspace.com/danielbalthasarband.
David André
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