Vivre comme on respire

d'Lëtzebuerger Land du 27.09.2024

Autant que les maîtres de la tradition millénaire yogique, Nicole Goetz est convaincue de la puissance du souffle. La life coach indépendante, qui s’est spécialisée depuis un an sur les bienfaits de la respiration, souligne : « Je crois à ce que le processus physique de l’inspiration et de l’expiration peut avoir un impact sur le corps et sur le cerveau, en créant un espace qui permet à la résurgence des émotions, trop souvent enfouies. »

L’ex-graphiste, elle-même en proie à un burn-out dans le passé, a opté pour une réorientation professionnelle en 2019, en suivant des formations pour être « coach systémique ». Elle voulait ainsi contribuer à guérir les gens des symptômes du stress omniprésent. Systémique signifie ici que l’approche est holistique en tentant d’identifier, à travers de nombreuses conversations, la source du stress et de déterminer le domaine qui absorbe le plus d’énergie (milieu professionnel, ami, famille…). Nicole Goetz travaille sur les symptômes de l’angoisse, de la nervosité, la prévention du burn-out. Elle propose aussi un accompagnement lors de situations spécifiques telles que le deuil. « Il faut évidemment établir une relation de confiance entre le coach et la personne suivie, qui doit être d’abord consciente du problème, avoir la volonté de changer sa situation et être ouverte à découvrir de nouvelles méthodes », remarque-t-elle. 

Le traitement débute par une anamnèse – une analyse de la situation présente – pour déterminer comment la personne peut s’aider elle-même dans les situations de stress (auxquelles personne n’échappe). L’idée n’est donc pas d’essayer de totalement éviter ces situations stressantes, mais d’équiper la personne pour qu’elle soit à la hauteur et puisse mieux les gérer. « Je ne suis pas psychologue et ma méthode ne consiste pas en une exploration du passé, contrairement à une psychanalyse », explique Nicole. Elle applique sa propre synthèse, tirée des techniques étudiées pendant sa formation qu’elle perfectionne en permanence (la dénomination de « life coach » n’est d’ailleurs pas un concept bien défini au Luxembourg).

Aujourd’hui, son approche se caractérise par l’intégration dans son travail de ce qu’elle appelle « breathwork » – soit des exercices de respiration – qui est une composante essentielle car elle permet l’accès à des solutions via un processus corporel. « Beaucoup d’entre nous avons une tendance à trop penser. Au lieu d’apporter des améliorations, cela peut mener à de profonds blocages. » Le « breathwork » est une façon de mettre la pensée rationnelle en pause pendant un moment, afin d’ouvrir des brèches vers le subconscient et les émotions. « J’utilise volontiers la métaphore de l’eau pétillante : Le travail avec le souffle permet aux émotions ensevelies de remonter à la surface comme des bulles d’air qui arrivent enfin à dissolution », sourit Nicole.

Elle propose des sessions individuelles ou en groupe pour transmettre ses connaissances sur la respiration acquises lors de sa formation auprès de Breathmasters Germany. Si une simple session peut avoir des effets immédiats, elle ne suffit pas pour avoir un impact à long terme. Nicole recommande des exercices réguliers, « plus on en fait, meilleurs seront les résultats, comme avec la méditation ». Elle ajoute aussi des sessions intensives qui peuvent durer jusqu’à 90 minutes, et qui visent à disperser des tensions bien installées. « J’ai pu observer des résultats spectaculaires, les gens me parlent de profondes sensations de paix et de liberté à la fin de la session : un positivisme renouvelé et même un soulagement de douleurs comme les maux de dos ». Pendant les sessions, elle guide les personnes mais n’intervient pas plus que nécessaire dans le processus. Un des objectifs est en effet de faire sentir à l’individu qu’il (ou elle, pour l’instant la plupart des clientes sont des femmes), peut gérer les situations difficiles lui-même et de renforcer la confiance en soi. Une autre recommandation qui lui tient à cœur : il faut arrêter de porter des vêtements trop serrés qui, en bloquant le cours de la respiration, nous empêchent d’exister librement.

Nicole Goetz utilise ses minutes libres pour s’adonner elle-même à des exercices de respiration, comme elle vient de le faire dans le tram en venant à notre rendez-vous. « Ça devient comme un réflexe, qui s’intègre facilement au quotidien ». Au-delà de séances proposées à Junglinster, elle participera ce mois-ci à la semaine du bien-être dans la commune de Clervaux, qui s’aligne avec l’une de ses convictions. « Prendre le temps pour soi, c’est contribuer à améliorer la vie collective, c’est donc aussi faire du bien aux gens qui nous entourent. »

Béatrice Dissi
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