Approvisionnements pétroliers de Russie

La guerre n’aura pas lieu

d'Lëtzebuerger Land vom 07.01.2010

À en croire ce qu’a déclaré la Com­mission européenne le 5 janvier, il n’y a plus de risque d’interruption des livraisons de pétrole russe, après une semaine d’inquiétude quant aux répercussions éventuelles en Europe du différend commercial entre la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie.

Si du coté ukrainien, le danger semble écarté du fait d’un accord de la Russie sur une augmentation de 30 pour cent des tarifs de transit payés à l’Ukraine, en revanche la situation reste tendue avec la Biélorussie, inquiétant la Pologne et l’Allemagne dont la consommation pétrolière transite par l’oléoduc biélorusse de Droujba à raison de 75 pour cent pour la première et de 15 pour la seconde. Ces deux pays sont menacés d’une augmentation dix fois supérieure des droits de transit du pétrole russe si Minsk n’obtenait pas de Moscou la livraison de pétrole exonéré de taxes pour sa consommation nationale et pour l’export et l’annulation des droits de douane.

La situation semble bloquée, même si la Russie a affirmé le 4 janvier avoir repris ses livraisons, interrompues trois jours plus tôt. La compagnie nationale biélorusse de l’énergie Belenergo a aussi menacé de couper l’approvisionnement en électricité à l’enclave russe de Kaliningrad, sur la mer Baltique.

« C’est avant tout un problème bilatéral », estime un porte-parole de la Commission en affirmant cependant que l’exécutif européen suit attentivement l’évolution de la situation. Le Commissaire à l’Énergie, Andris Piebalgs, a salué le bon fonctionnement du mécanisme d’alerte précoce, mis en place en novembre 2009 et visant la prévention des interruptions de livraisons énergétiques. Il a rappelé que la nouvelle directive sur les stocks pétroliers, adoptée au trimestre dernier, assurait une plus grande flexibilité en cas d’interruption. Selon les expert européens, les niveaux actuels des stocks pétroliers en Europe couvriraient 122 jours de consommation, soit plus que les 90 jours obligatoires.

Coté russe, le vice-Premier ministre Igor Setchine s’est également vou­-lu rassurant : « Nous poursuivons le transit sans encombre vers les consommateurs européens et nous avons commencé hier à livrer les raffineries bélarusses ». Mais derrière ces propos tranquillisants n’y aurait-il pas une manipulation de Moscou sur Minsk visant à discréditer économiquement la Biélorussie pour saper le rapprochement diplomatique entre ce pays et l’UE ? On sait que la Russie a coutume de faire usage de l’arme énergétique pour faire pression sur ses voisins.

Sophie Mosca
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