Violant Tarrach

On dirait le Sud

d'Lëtzebuerger Land vom 23.12.2010

Elle rrrrrroule les « r » si joliment qu’on se dirait un peu plus loin dans le Sud qu’à Esch-sur-Alzette, dans sa Catalogne natale par exemple. Et quand elle fait visiter les chambres d’hôtel, avec leurs salles de bains accueillantes, elle montre avec un grand sourire et un clin d’œil que « les shampoings et savons viennent d’Espagne ». Violant Tarrach a 31 ans, « bientôt 32 » ajoute-t-elle, est d’origine espagnole et dirige le nouvel hôtel Seven au Galgenberg à Esch depuis son ouverture en mai. Comment une jeune Espagnole arrive à Esch ? Ayant grandi à Barcelone, Violant Tarrach y a fait des études de psychologie – « ça peut aider, parfois, avec les clients » rit-elle – puis un MBA en hôtellerie. Des études qui l’ont menée dans le management d’un hôtel quatre étoiles à Dublin, un choix aussi motivé pour mieux apprendre l’anglais. Puis, il y a deux ans, elle décide de suivre ses parents au Luxembourg – son père Rolf y est recteur de l’Université – et de pouvoir par la même occasion parfaire son français. Après une première expérience en tant qu’assistante au manager à l’Hôtel Albert Ier à Belair, elle postule fin 2009 pour le poste de gérante du Seven, qui est alors encore en chantier. « Avec Violant, le courant est tout de suite passé, » se souvient Dan Schroeder, le propriétaire des lieux. « Le Seven, ajoute-t-elle, c’était l’opportunité d’ouvrir quelque chose, de commencer du nouveau et de créer sa propre équipe. » Ils sont six aujourd’hui.
L’idée de Dan Schroeder, talentueux créateur de lieux, dont par exemple le Diva à Esch, était aussi simple que géniale : après qu’il eut repris le Pavillon du Galgenberg en 2000 et réussi à insuffler une nouvelle vie à ce bâtiment datant de la fin des années 1950, il voulait y ajouter un volet hôtellerie. Bien que le site soit classé zone verte, il découvrit dans la législation que les transformations de bâtiments existants étaient permises. La solution était donc de construire en hauteur, en n’agrandissant que très peu l’emprise au sol. D’où cette architecture en forme de tour sur sept étages – qui ont valu son nom à l’hôtel – conçue par l’atelier eschois Beng. L’hôtel abrite quatorze chambres, toutes différentes les unes des autres, et une suite sur deux étages, dont la vue ouverte par de grandes baies vitrées, va jusqu’à Arlon d’un côté et jusqu’au Kirchberg de l’autre, les jours de beau temps. Les prix sont très compétitifs par rapport à la qualité, entre cent et 350 euros selon le type de chambre.
« L’esprit de l’hôtel est quelque chose de nouveau dans le sud du pays, note Dan Schroeder, nous misons vraiment sur le côté ‘hôtel de charme’ ». Et le succès était là dès le début, les premiers six mois furent bien meilleurs qu’espéré, les notations sur les sites de location en-ligne très positives, l’engouement des clients réel. En semaine, le public est constitué essentiellement d’hommes d’affaires, par exemple d’Arcelor-Mittal ou de la Dexia, travaillant à Esch ; le week-end, l’hôtel attire beaucoup de tourisme de proximité, et même quarante pour cent de clientèle luxembourgeoise. « Nous avons déjà beaucoup de clients réguliers, raconte Violant Tarrach. Nous essayons de mémoriser leurs noms et nous notons leurs préférences afin de pouvoir leur réserver la chambre qu’ils préfèrent. » Ainsi, il y a ceux qui veulent à chaque fois la même chambre, et ceux qui, au contraire, préfèrent les essayer toutes, « mais nous allons alors nous souvenir de celle qu’ils n’aimaient pas du tout, pour éviter de la leur proposer ». À l’opposé de la chambre toute noire, très design, il y a par exemple une autre peinte à la chaux aux tons rougeâtres ; chacune a un lavabo différent conçu par la céramiste Nicole Huberty et les meubles changent eux aussi. « Internationalement, on constate que la tendance est à l’hôtel de charme, plus individualisé et original que la grande chaîne où toutes les chambres sont identiques, partout dans le monde, » résume Dan Schroeder. Et Violant Tarrach de remarquer que « les hommes d’affaires n’ont pas l’habitude d’avoir un accueil si chaleureux et personnalisé. Ils remarquent les petites attentions qu’on leur accorde, c’est ce qui nous différencie des grandes chaînes. »
Jeune femme dynamique au sourire éclatant et aux yeux bleus pétillants, Violant Tarrach a l’enthousiasme contagieux, que ce soit pour le pays, pour son métier ou pour cet hôtel. Alors, pour élargir le cercle des aficionados, elle a lancé une série de « soirées culturelles », chaque premier jeudi du mois, qui sont ouvertes à tout le monde, clients de l’hôtel, du Pavillon ou grand public intéressé. La première fut celle de Rolf Tarrach venu parler le 11 novembre des défis de l’Université du Luxembourg à Esch.

josée hansen
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