Ticker du 2 avril 2021

d'Lëtzebuerger Land du 02.04.2021

Nouveau visage pour banque centenaire

La banque centenaire BGL a affiché ce jeudi un nouveau visage. En la personne de Béatrice Belorgey d’abord. La Française, 59 ans, nommée directrice générale en juillet dernier a présenté pour la première fois le « traditionnel rendez-vous » (selon les termes du président Étienne Reuter, représentant de l’État actionnaire à 34 pour cent de l’établissement par ailleurs détenu par BNP Paribas) des résultats. Mais de résultats il n’a été question qu’à l’issue d’un long exposé liminaire durant lequel la direction a mis en avant l’impact de la crise sanitaire sur la banque, puis le soutien de cette dernière à l’économie et à la société luxembourgeoises ainsi qu’à l’environnement. Une innovation dans la forme… sans doute une forme de décence quand des gens pâtissent de la pandémie. Notons au passage que, comme l’a souligné Étienne Reuter, le comité exécutif de BGL s’est largement féminisé (cinq femmes sur onze membres, dont une chairwoman donc) et rajeuni au cours du dernière exercice. Ainsi, après avoir communiqué sur la quinzaine de milliers d’arbres plantés grâce aux investissements de ses clients, la banque a annoncé un résultat net (consolidé) de 389 millions d’euros, soit une progression de quinze pour cent par rapport à 2019 (à bilan égal de 56 milliards d’euros). La moitié de l’augmentation tient à la cession d’un bâtiment au Kirchberg (dans lequel loge en partie Amazon), laquelle a généré une plus-value de quarante millions d’euros. Cet événement exceptionnel exclu, la croissance du bénéfice s’établit à sept pour cent, un bon résultat compte tenu de l’évolution générale des revenus des banques au Grand-Duché. La CSSF a fait part mardi d’un recul des bénéfices de 18,1 pour cent pour les établissements de crédit en 2020, notamment à cause d’un accroissement des dotations en provisions pour compenser d’éventuels défauts de crédit à venir. Chez BGL, les provisions sur encours sains ont doublé, ceux sur les créances douteuses ont crû de treize pour cent. L’Assemblée générale réunie ce jeudi matin a en outre décidé d’ajouter la moitié des bénéfices réalisés en 2019 et 2020 aux fonds propres et de verser l’autre à ses actionnaires. L’État hérite ainsi de quelque 110 millions d’euros. pso

Désaveu
Pictet déménage son siège Europe de Luxembourg à Francfort, selon des informations du Land confirmées depuis le siège genevois de la banque. Le déménagement concernera quarante des 700 collaborateurs de l’établissement suisse au Luxembourg. Il s’agit de « renforcer la présence de Pictet en Allemagne », explique son porte-parole qui précise que seule Pictet & Cie (Europe) S.A. est concernée par ce transfert qui ne sera effectif qu’au deuxième semestre 2022. Il s’agit de l’entité qui détient une licence bancaire. Ce développement sonne comme un désaveu quelques mois après le Brexit. De plus, le Belge Pierre Étienne dirige l’établissement mais préside aussi le Private banking Group (PBGL) du lobby bancaire l’ABBL, dans le cadre duquel il vante les mérites du Standort bancaire luxembourgeois en Union européenne. Du groupe bancaire suisse restent au Grand-Duché Pictet Wealth Management, Pictet Alternative Advisors et Pictet Technologies. Avec quelque 650 personnes encore employées ici, « Luxembourg reste la plus grande implantation dans le monde après Genève », rassure-t-on depuis la Suisse. pso

PwC 2- Presse 0 (en France)
La justice française déboute le journaliste à l’origine de Luxleaks dans son recours contre PWC Luxembourg. Dans un arrêt rendu le 25 mars, la Cour d’appel de Metz donne raison à la société d’audit luxembourgeoise qui était attaquée par Édouard Perrin, membre de l’équipe de Cash Investigation, pour avoir (abusivement) brisé la protection des sources de la presse. Le 26 novembre 2014, PWC Luxembourg avait demandé au tribunal de grande instance de Metz d’ordonner une perquisition au domicile de son employé Raphaël Halet, qu’elle soupçonnait de lui avoir soustrait des copies d’accords passés avec l’Administration des contributions directes pour le compte de clients et d’avoir communiqué lesdits documents au journaliste. L’ordonnance (promptement) obtenue invitait notamment à « prendre copie des emails, y compris toute pièce attachée, adressés ou reçus d’un journaliste ». Le reportage « Dans la peau d’un lanceur d’alerte » (aisément trouvable en ligne) reconstitue la perquisition organisée le 28 novembre 2014 au domicile du couple Halet en France en présence d’un responsable juridique de PWC pour fouiller l’ordinateur de son collègue (qu’il tutoie) et retrouver les communications avec le journaliste. Devant le domicile ce matin-là, dans un SUV noir (le documentaire identifie le véhicule comme une Porsche Cayenne, la Clio du partner de Big Four) stationné devant le pavillon lorrain, attendent la DRH de la firme et Wim Piot, alors associé Tax et membre de la direction. Interrogée dans le reportage, la juge qui avait signé l’ordonnance indique qu’elle ne le referait pas en les mêmes termes si on lui soumettait à nouveau le texte.

En première instance en 2018, le juge a relevé que la requête de la société PWC était « motivée par la nécessité de prendre connaissance des éléments dérobés par M. Halet et d’en assurer la protection, ainsi que d’établir la preuve des agissements de M. Halet en vue d’une action prud’homale née de la violation de la clause de confidentialité prévue dans son contrat de travail ». Le juge a encore déduit (et assez étonnamment puisque le ministère public avait compris exactement le contraire), « que la demande de la société PWC n’avait pas pour but de révéler la source de M. Perrin, comme celui-ci le prétend » dans sa plainte contre l’ordonnance. La raison ? L’identité de la source Édouard Perrin aurait été connue au 27 novembre 2014 quand l’ordonnance a été rendue, « ce dernier ayant revendiqué sa qualité dès la diffusion du 11 mai 2012 », l’émission de Cash investigation réalisée sur base des rulings (qui paraîtront le 5 novembre 2014 dans le cadre des révélations Luxleaks de l’ICIJ) et qui détaillait pour la première fois sur le service public français l’industrie luxembourgeoise de l’optimisation fiscale des multinationales. Dans son arrêt rendu la semaine passée, la Cour d’appel réfute l’intérêt personnel d’Édouard Perrin à « obtenir la rétractation de l’ordonnance rendue à l’encontre de M. Halet », sans examen au fond. En sus, écrit le magistrat, « M. Perrin n’est plus concerné par l’action au fond de la société PWC, la procédure pénale initiée par cette dernière ayant donné lieu à une décision d’acquittement ». Inculpé au Grand-Duché en 2015, le journaliste de France 2 a été acquitté dès la première instance (en 2016). Raphael Halet (à l’inverse d’Antoine Deltour) n’a pas obtenu le statut de lanceur d’alerte qui l’aurait blanchi. Il a déposé recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg pour se le voir reconnaître. pso

Bande à part
Vendredi dernier, l’Aleba a déposé un recours devant le Tribunal administratif demandant que le retrait de sa représentativité sectorielle, décidée par le ministre du Travail Dan Kersch (LASP), soit annulé. Après la plainte devant le Bureau international du Travail à Genève, l’Association des employés de banque et d’assurance ouvre donc un second front judiciaire. Le recours, dont le Land s’est procuré une copie, avance plusieurs arguments. Certains concernent des détails techniques : le rapport circonstancié établi l’Inspection du travail et des mines (ITM), sur lequel Kersch dit avoir basé sa décision, n’aurait ainsi été ni signé, ni daté, ni rédigé sur l’entête de l’ITM, ce qui amène l’Aleba à conclure qu’il « n’existe pas ». D’autres arguments semblent plus politiques. Le syndicat se pose ainsi des questions quant au « timing » du retrait de sa représentativité : Pourquoi pas dès le lendemain des élections pour la Chambre des salariés, alors que l’Aleba venait de passer en-dessous du seuil fatidique des cinquante pour cent ? La réponse est que ni l’OGBL ni le LCGB n’en avaient alors formulé la demande. L’Aleba conclut que les deux syndicats nationaux ne pourraient actuellement justifier un « intérêt actuel et né », tel que le prévoit la loi. La demande tardive de retrait viserait uniquement « l’élimination d’un concurrent puissant et donc gênant ». Or, cette ligne d’argumentation fait omission du fait que l’Aleba et l’ABBL avaient publiquement annoncé la conclusion d’un « accord de principe » sur la prochaine convention collective, sans avoir préalablement consulté l’OGBL et le LCGB et avant même que les négociations ne débutent. Bref, l’Aleba avait fourni sur un plateau d’argent l’« intérêt actuel et né » à ses concurrentes qui, encore cette semaine, lui reprochaient de « faire à nouveau bande à part » et de mettre en péril « le front syndical ». Mais l’élément central de l’argumentation juridique concerne la codification du droit du travail en 2006. Celle-ci aurait servi de couverture à un hold-up sur les droits accordés deux ans plus tôt à l’Aleba (lire page 11, le droit de réponse de Roberto Mendolia ; photo : sb). Le syndicat aurait-il pris quinze ans avant de s’en apercevoir ? bt

Procession dansante
Le DP diluant en dernière minute le Pacte Logement 2.0 ? C’est ce que suspecte Déi Lénk en voyant les amendements gouvernementaux déposés en catimini vendredi dernier. Ils réduisent la part réservée aux logements abordables de vingt à quinze pour cent (pour les projets entre 10 et 25 entités) et de trente à vingt (pour les projets de plus de 25 entités). Des taux qui s’appliquent pour les zones reclassées, qui n’avaient pas été constructibles auparavant. Quant aux terrains situés dans le périmètre, les taux restent fixés à dix et quinze pour cent. Les amendements prévoient en outre une « contrepartie » en faveur du promoteur sous forme d’une augmentation de dix pour cent du degré d’utilisation du sol. Dans un communiqué commun, les ministres du Logement et de l’Intérieur évoquent, quant à eux, une avancée majeure. Réduire la discussion aux seuls pourcentages serait réducteur, les nouveaux amendements introduisant pour la première fois un automatisme qui rendra obligatoire la vente des logements abordables (au prix de la seule construction, le foncier étant neutralisé) aux communes ou à l’État. Une sorte de garde-fou pour les années de disette budgétaire et une garantie qu’une future politique d’austérité ne se fera pas au détriment du logement. Les ministres LSAP et Déi Gréng disent vouloir éviter une réédition de la situation actuelle : des « logements abordables » immédiatement engloutis par le marché, ni vus ni connus, et ceci à des prix que personne ne prend la peine de contrôler. (C’est également toute la tragédie du Fonds du Logement et de la SNHBM que d’avoir construit durant des décennies des milliers de logements juste pour les vendre illico en nue-propriété ; une privatisation instantanée et un gâchis énorme.) L’État et les communes pourront soit louer, soit vendre (en emphytéose et avec droit de préemption) ces logements abordables. Ces nouvelles règles ne s’appliqueront qu’à partir des PAP entamés six mois après la date de publication de la loi (actuellement en commission). Ceci signifie deux choses : Primo, il y aura un rush pour déposer un maximum de PAP dans les prochains mois. Secundo, les premiers logements abordables arriveront au plus tôt en… 2023. Les compromis politiques en matière de logement rappellent la procession dansante d’Echternach : trois pas en avant, deux pas en arrière. Vue l’étendue prise par la crise du logement, cela ressemble surtout à du too little, too late. bt

Droit de réponse
Die Firmen, in denen ich leitende Funktionen ausübe, heißen Clement & Weyer Consulting Sàrl sowie AccountTech Sàrl. Beide haben rein gar nichts mit der Frage zu tun, die in dem Beitrag („11 500 [sic]“; d’Land vom 26. März) zur Sprache kommt und die auch Gegenstand meiner parlamentarischen Anfrage war. Keine dieser Firmen ist direkt oder indirekt für den Staat tätig. Die Firma AccountTech ist überhaupt nicht beraterisch tätig. Seitdem ich mein Abgeordnetenmandat ausübe hat die Firma Clement & Weyer Consulting Sàrl keinen Vertragspartner aus dem öffentlichen Sektor angenommen. Sven Clement, député

Labor-Kapitalismus
Ketterthill, das größte Luxemburger Privatlabor, steht mit seinem Mutterkonzern Cerba HealthCare zum Verkauf. In Cerbas Aktionariat wechseln seit Jahren Private-Equity-Fonds sich in leveraged buyouts ab. Die Fondsgesellschaft EQT Partners teilte am Dienstag mit, sie befinde sich in „exklusiven“ Verhandlungen, um 40 bis 45 Prozent der Anteile an Cerba zu übernehmen. Dann wird die Partners Group, ebenfalls ein Private-Equity-Fonds, aus Cerba aussteigen. Der zweite Großaktionär, der Pensionsfonds PSP Investments für die Renten des öffentlichen Dienstes und der Armee Kanadas, steigt mit der Partners Group aus Cerba aus, aber gemeinsam mit EQT Partners wieder ein. Für Luxemburg ist das deshalb von Belang, weil Ketterthill, seit sein damaliger Besitzer Jean-Luc Dourson die Firma 2011 an Cerba verkaufte, dem Konzern als „cash machine“ dient (d’Land, 14.3.2014). Die Partners Group verlässt das Cerba-Aktionariat nach nur vier Jahren; der vorherige Großaktionär PAI Partners war sieben Jahre geblieben. Wenn die Finanziarisierung der Biomedizin-Analysen sich beschleunigt – und die von Cerba als einem der großen Akteure in Europa, dann könnte das eines Tages auch auf Ketterthill durchschlagen: Etwa falls ein Aktionär verlangt, in den modernen Luxemburger Labors die Investitionen zurückzufahren, damit der Konzern kurzfristig rentabler wird. pf

Bernard Thomas, Pierre Sorlut
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