Ticker du 19 mars 2021

d'Lëtzebuerger Land du 19.03.2021

WeDely vor Gericht
Der Richter hatte viele Fragen, doch er bekam nur wenige Antworten. Nur einer der drei mitangeklagten Geschäftsführer der Firma H.T. Layer Europe SA, Betreiber der Lieferplattform WeDely, war am Montag vor Gericht erschienen und war nicht besonders redselig. Dafür hatte er zum Erstaunen des Richters gleich drei Anwälte mitgebracht. Die ITM fand 2018 nach einem anonymen Schreiben eines mutmaßlichen Fahrers und der Denunziation eines Konkurrenten heraus, dass fast keiner der 198 überprüften selbstständigen Lieferanten von WeDely (wie viele es insgesamt sind, wusste offenbar niemand so genau) über eine Niederlassungsgenehmigung verfügt (siehe d‘Land vom 10. März 2021). Die Frage, die sich dabei stellt, ist die der Verantwortung: Hätte H.T. Layer Europe sich vor Vertragsabschluss vergewissern müssen, dass die Fahrer eine Genehmigung haben, oder reicht es aus, dass die Fahrer sich vertraglich gegenüber der Firma verpflichten, sich selbst eine Genehmigung zu besorgen? Die Antwort auf diese Frage könnte darüber entscheiden, ob die Firma der Schwarzarbeit bezichtigt werden kann oder nicht. Der Anwalt der Angeklagten vertrat aber die Ansicht, dass es sich wegen der geringen Verdienste der Fahrer um gelegentliche Arbeiten handle und sie daher keine Genehmigung bräuchten. Die Verdienste der meisten von der ITM befragten Lieferanten liegen bei unter 10 000 Euro im Jahr; nur einer kam auf 30 000 Euro, hatte als illegaler Einwanderer jedoch kein Anrecht auf eine Niederlassungsgenehmigung. Deshalb könne arbeitsrechtlich nicht von Schwarzarbeit die Rede sein, meinte der Anwalt. Daneben stellten sowohl der Richter als auch der Staatsanwalt jede Menge Fragen über Wettbewerbsverzerrung und das ungeklärte Arbeitsverhältnis der Fahrer mit der Plattform, die aber nicht direkt Gegenstand dieses Prozesses sind. Die von der Staatsanwaltschaft geforderte Höchststrafe liegt bei 5 000 Euro. Das Urteil ergeht am 4. Mai. ll

The crook of Beringen
Sur les coupures de presse, Jack Sword apparaît fringant. Le quotidien français Le Parisien publie en 2017 un photomontage de lui devant un yacht amarré en face de villas antillaises. Il pose charmeur, sourcil levé et dents blanches sur teint hâlé, en écho au col blanc de sa chemise bleue. Il porte aussi une cravate dorée assortie à la pochette de son costume marine. L’article titré « L’escroc des panneaux solaires à l’ombre » traite de la condamnation en France de l’homme d’affaires à six ans de prison ferme. De 2007 à 2010, il avait convaincu 5 000 investisseurs de placer leurs économies dans des produits de défiscalisation via de l’énergie solaire (qui ne sera jamais) produite en Martinique. Une arnaque, avait jugé le tribunal correctionnel de Paris. Le 20 janvier dernier, il se présente devant la septième chambre du tribunal correctionnel de Luxembourg. Pull-over vert, jean clair-usé, sac banane, le Français, résident de Beringen (à côté de Mersch), avance à petits pas et demande à s’asseoir, proposant même de montrer sa carte d’invalidité. À 74 ans et sous la menace d’une nouvelle condamnation, celui qui s’appelle en vrai Jacques Sordes s’affiche fébrile. Le septuagénaire de la finance a perdu de sa superbe… mais rappelle au président du tribunal (qui se moque un peu en parlant d’une photo où Jack Sword pose à côté de Donald Trump) un illustre passé. « Trump est un copain. Mon entreprise a construit la Trump Tower et soixante pour cent de Manhattan », raconte-t-il. Il est ici poursuivi pour abus de confiance, abus de faiblesse, escroquerie et abus de biens sociaux.
La justice vise des faits intervenus entre 2015 et 2016. Jack Sword a poussé une nonagénaire belge habitant alternativement entre Nice (l’hiver) et chez lui au Luxembourg (l’été), où elle louait une chambre, à liquider une assurance vie souscrite chez Cardiff pour transférer son produit, soit quelque 900 000 euros, sur un compte Post-CCP sur lequel il avait procuration pour placer l’argent dans des investissement (foireux) liés à ses intérêts. Il a présenté l’opportunité d’investir dans sa société de « mutualisation de dettes » Lynxis (que la CSSF avait marquée d’un drapeau rouge vif) pour un intérêt annuel de huit pour cent (ou 6 000 euros par mois finalement versés avec parcimonie). Malgré les réticences du banquier de la BGL et le blocage de la Cellule de renseignement financier, l’argent est finalement parti (spoiler : en fumée), sur base d’un acte notarié appuyant un prêt contracté par Jack Sword auprès de la nonagénaire, dans un restaurant parisien Le Montmartre, sur le compte d’une relation d’affaires auprès de laquelle il s’était endetté et chez le concessionnaire Mercedes où Monsieur Sordes s’est procuré une petite sportive d’occasion (S350) pour 60 000 euros. Ce 25 février, les juges de la septième chambre condamnent Jack Sword avec fermeté à une peine de trois ans de prison (dont six mois ferme), une amende de 5 000 euros, mais aussi à la restitution des 937 500 euros spoliés à la victime. « Nous avons mandat d’interjeter appel », confie son avocat Patrice Mbonyumutwa au Land. « Nous pensons que les juges de première instance se sont trompés », poursuit-il. pso

Next Gen
Le géant mondial de l’acier montre patte verte pour la première apparition publique de l’héritier Aditya Mittal en tant que directeur général du groupe. Il y a un mois Aditya, 45 ans, a repris les rênes à son père Lakshmi, 70 ans, remisé à la présidence (exécutive) du conseil d’administration. Mercredi, la nouvelle génération a annoncé en ligne (capture d’écran) la couleur (le vert donc) de l’acier du futur. Aditya Mittal promet une neutralité carbone d’ici 2050 et regroupe ses activités faibles ou neutres en carbone sous l’emblème XCarb avec des certificats acier vert pour la production concernée, des produits de sources recyclées ou renouvelables et un fonds d’innovation alimenté à hauteur de cent millions d’euros par an. « It has galvanized our clients », commente Aditya Mittal (humour d’industriel ?) au sujet de l’offre du groupe basé au Luxembourg. Le sidérurgiste ne développe localement pas de projet estampillé Xcarb, car les fours utilisés au Grand-Duché sont électriques et l’intérêt marginal à décarboner est moindre (à l’inverse des hauts fourneaux), mais il développe une unité de production de biogaz à Rodange et projette la production d’énergie photovoltaïque. Autre intérêt de cette annonce stratégico-symbolique pour ArcelorMittal : l’aciériste, qui s’est longtemps contenté de pousser son acier sur le marché dans une logique d’offre top down, se rend attentif aux attentes, plus écologiques, de la demande. La production d’acier vert se limite aujourd’hui à une toute faible proportion du volume produit par ArcelorMittal. pso

Carte bleue verte
La direction de Raiffeisen s’évertue depuis des années à faire oublier son image de banque coopérative des agriculteurs pour élargir sa base clientèle. Elle pose cette semaine pelle et arrosoir en main. L’étonnante campagne tient à l’annonce de l’émission d’une carte bancaire verte. Un arbre sera planté toutes les 200 transactions selon un projet de reboisement du Luxembourg et du Bangladesh monté en collaboration avec natur&ëmwelt et l’ONG Friendship Luxembourg. Produite par Visa, la carte (qu’il faut commander auprès de la banque) reste en plastique. « C’est évidemment un aspect que nous avons analysé au cours du projet. Cependant, nous n’avons pas pu identifier une alternative cent pour cent biodégradable », communique la banque, interrogée par le Land. « C’est pourquoi nous avons décidé d’orienter nos efforts sur une action concrète en misant sur la plantation d’arbres avec un impact environnemental bénéfique et positif. », conclut-elle. pso

28%
Le ministère des Finances annonce fièrement avoir réussi le 17 mars à émettre une émission obligataire pour 2,5 milliards d’euros, et ceci, de nouveau, à taux négatif (-0,045 pour cent). Le communiqué officiel reste très vague quant à l’identité des détenteurs de la dette souveraine, se bornant à évoquer une « base d’investisseurs très diversifiée ». En 2020, lors de la dernière souscription (2,5 milliards à un taux de -0,035 pour cent), le communiqué avait été un peu moins sibyllin quant aux souscripteurs, détaillant qu’il s’agissait pour un quart de compagnies d’assurances locales et pour le reste d’« investisseurs de renom » du Vieux Continent. Le ministre des Finances, Pierre Gramegna (DP), présente les taux négatifs comme une reconnaissance de la modération luxembourgeoise par les marchés internationaux : « Grâce à son ‘AAA’, le Luxembourg a pu étoffer son coussin de liquidité à des conditions avantageuses. La demande largement excédentaire témoigne de la confiance des investisseurs par rapport à la solidité de notre économie et sa capacité de surmonter la crise du Covid-19 de manière efficace et durable. »
De nouveau, le gouvernement n’a pas lancé un emprunt populaire, comme l’avait fait en 2008 Luc Frieden (CSV). Avec des coupons annuels à 3,75 euros, les obligations étaient partis comme des pains chauds. Aux taux actuels, l’engouement n’aurait probablement pas été le même en 2021. La bourgeoisie et la classe moyenne luxembourgeoises continueront donc à faire chauffer l’immobilier par leurs investissements.
Le communiqué indique fièrement que le taux d’endettement du Luxembourg reste inférieur à 28 pour cent du PIB, « clairement en-dessous » du seuil des trente pour cent. Alors que l’Allemagne percera les 75 pour cent en 2021, il reste donc de la marge. La limite des trente pour cent (assez arbitraire car située à la moitié de ce que prévoient les critères du pacte de stabilité) avait été revendiquée dès 2011 par Pierre Gramegna, alors directeur de la Chambre de Commerce. Luc Frieden voulut même imiter les Allemands et les Suisses et proposa d’inscrire les contraintes budgétaires jusque dans la Constitution, mais Juncker freina le zèle de l’éternel prétendant au trône.
Aujourd’hui, le même Luc Frieden, désormais président de la Chambre de commerce, revient à la charge, appelant à rééquilibrer « relativ schnell » le budget d’État, et ceci dès les années 2023-2025. Samedi dernier, dans l’émission Background sur RTL-Radio, il se scandalisait que le niveau de la dette n’avait jamais été aussi élevé au Luxembourg depuis le début de l’union monétaire, tout en concédant que les taux négatifs avaient quelque peu changé la donne. À voir si le pronostic fait dès juin 2020 par le directeur du Statec, Serge Allegrezza, se réalisera : « Ce que je crains maintenant, c’est que la dette publique et les déficits publics seront suivis par une forme d’austérité qui ne dit pas son nom. Il y aura une énorme pression, vous verrez. Peut-être pas l’année prochaine mais elle viendra tôt ou tard. C’est un pari que je fais. » bt

Bernard Thomas, Pierre Sorlut
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