Les Pirates mettent la transparence et la déontologie dans la vitrine. L’arrière-cuisine se révèle peu ragoûtante

Shitshow

Le député Sven Clement lors de sa conférence de presse, tenue « en nom personnel », ce vendredi dans un shared space, boulevard
Photo: Hadrien Friob
d'Lëtzebuerger Land du 26.07.2024

En octobre 2018, les mandataires et militants de l’ADR étaient réunis dans les salons feutrés du Sofitel-Kirchberg pour suivre la soirée électorale. Ils étaient arrivés avec de grandes espérances. Ils étaient repartis dépités. Venu de nulle part, le Parti pirate leur avait raflé la mise, captant le vote des jeunes désaffectés. Au Luxembourg, le populisme pirate a freiné la poussée européenne de l’extrême-droite. Mais alors que les sondages avaient totalement sous-estimé le score pirate en 2018, ils l’ont artificiellement gonflé en 2023. La déception électorale fut d’autant plus cruelle chez Clement & Cie, et attisa les tensions. Fin février, Marc Goergen osa une première pique contre son rival : « La campagne des communales, c’était moi ; la campagne des législatives, c’était Sven Clement. » Celui-ci aurait mieux fait de mener une campagne plus « populiste », estima le député de Pétange dans le Land.

Au lendemain des législatives, le problème des Pirates semblait encore surtout politique. Coincé entre une majorité de droite et une opposition de gauche, le parti est devenu inaudible. Lors des deux votes-clefs du printemps, à savoir sur la reconnaissance de la Palestine et sur l’unanimité en matière fiscale, les trois députés pirates ont préféré se réfugier dans l’abstention. Pour la campagne des européennes, le parti fit le strict minimum. En septembre 2023, Gast Gibéryien avait pronostiqué aux Pirates des dissensions similaires à celles que l’ADR n’a eu de cesse de traverser, disant à Reporter que « le jour de la vérité viendra ». Il est arrivé. Mais le positionnement idéologique s’avère être le cadet des soucis.

Le parti a implosé en deux semaines chrono. Comme une télénovela politique, captivante au début, dégoûtante par la suite, lassante à la longue. Le troisième député, Ben Polidori, a été le premier à prendre le large, évoquant « un environnement de travail instable et conflictuel » et ne cachant pas sa déception face à son ancienne idole, Sven Clement. Dans la foulée, Tommy Klein, transfuge d’Ilres, a également rendu sa carte. (Il est encore salarié de la sensibilité politique et continuerait à travailler sous Goergen, dit celui-ci.) Dernière escalade en date : Marc Goergen a écrit ce lundi au procureur pour lui faire part de ses soupçons quant à une « fabrication de faux documents par le député Sven Clement » dans le cadre de l’affaire Malt. Le « Mobile assisted language tool », cette application de traduction développée en 2016-2017 par le Parti pirate pour l’Office national de l’accueil (Ona), ne finit pas de faire parler. La dénonciation de Goergen se rapporte à une facture de 4 000 euros qui portait son nom comme destinataire, ainsi que la mention « bezahlt am 9.06.2019 ». Seulement voilà : Aucun justificatif, avis de débit ou extrait bancaire n’a pu être retrouvé pour ce paiement. Quant à Marc Goergen, il dit ne jamais avoir touché l’argent. Il ne comprendrait d’ailleurs pas pourquoi il aurait dû recevoir ces 4 000 euros, alors qu’il n’aurait jamais travaillé sur l’application Malt (même s’il était alors salarié de Clement & Weyer Consulting). Sven Clement évoque, lui, une pièce qui serait « kriddeleg » et pourrait éventuellement constituer un faux, assurant ne pas savoir qui a pu la fabriquer. Le Parquet informe avoir ouvert un dossier, mais ne se prononce pas sur les suites potentielles ; il devrait d’abord étudier le contenu de la dénonciation.

La facture fictive n’est qu’un exemple parmi les très nombreux manquements soulevés par KPMG dans un audit sur Malt, que lui a commandité l’Inspection générale des finances. Les auditeurs constatent une documentation lacunaire (tant du côté Ona que du côté pirate) et contestent une floppée de frais, comme l’achat de 110 clés USB, d’un iMac ou d’un iPhone 7, dont ils disent ne pas comprendre « le lien avec la réalisation du projet ». Sven Clement a trébuché sur un dossier qui renvoie à l’ère pre-Goergen, lorsque le parti concentrait surtout des techies solutionnistes. Mais l’affaire Malt dévoile la confusion constante et systématique entre travail politique et intérêts privés. L’éventualité de suites judiciaires reste suspendue comme une épée de Damoclès au-dessus de Clement. Qu’un parti politique se mette à développer des apps pour l’État, c’est déjà en soi plutôt curieux (et entretemps interdit). Qu’il le fasse en sous-traitant le travail à des boîtes appartenant à ses membres (en commençant par Clement himself), voilà ce qui est carrément malhabile. Sven Clement présente aujourd’hui ses excuses, plaidant sa « naïveté » passée. Il aurait mieux fait de stopper le projet, au plus tard lorsqu’il était devenu apparent qu’aucun prestataire indépendant n’était intéressé à développer l’application. Il assure ne pas avoir dégagé de marge sur ce projet, ou tout au plus une marge « marginale ». Il ne s’opposerait pas à rembourser « une partie » de l’argent qui pourrait éventuellement être prélevé sur les jetons qu’il reverse au parti. Mais il ne faudrait surtout pas « virun de Won sprangen », et d’abord déterminer les montants exacts. (L’Ona demande 92 300 euros aux Pirates, tandis que KPMG avance le montant de 79 900 euros.)

Sven Clement, le prince de la transparence et de la déontologie, se retrouve nu. Profitant de la vulnérabilité de son ennemi interne, Marc Goergen a lancé une offensive pour s’approprier la franchise pirate, dévalorisant celle-ci dans le processus. Le Stëppler se présente désormais en « Opklärer an Opraumer ». Il aurait choisi « l’ouverture », dit-il, attaquant son camarade de parti sur tous les canaux, critiquant « wie er seine Firmen einbringt, wie er mit Parteigeldern umgeht » (Wort). En parallèle, Sven Clement a commencé à compiler un dossier à charge sur son collègue. Il a téléchargé l’intégralité des extraits bancaires du parti et de la sensibilité politique, avertissant Goergen que si celui-ci continuait ses accusations et insinuations, il allait passer à la contre-offensive. La stratégie de dissuasion n’a pas eu d’effet. Invité vendredi matin sur RTL-Radio, Goergen a progressé dans l’escalade : Il aurait été traité « comme un petit garçon » par Clement, qui aurait d’ailleurs rendu malade une collaboratrice.

Acculé, Sven Clement devait donc balancer son kompromat. Peu après l’interview de Goergen, il a invité la presse dans un « meeting room » loué en son nom personnel dans un « shared space » boulevard Royal. Il aurait perdu quatre kilos depuis le début de la polémique, « un régime miracle » qu’il ne recommanderait à personne, dit-il en introduction. « I said my piece », a-t-il conclu. Entre les deux : une heure de réquisitoire violent contre Marc Goergen, qualifié de « Täter a Bénéficiaire ». Le député sudiste ne ferait qu’inverser les responsabilités : « Hien huet eng Persoun no der anerer rausgemobbt a kalgestallt », dit-il. Il y a effectivement une longue liste d’ex-candidats pirates qui disent être partis à cause de l’autoritarisme de Goergen : Jeff Cigrand, Andy Maar, Sandra Adler, Laurent Kneip, Claude Feltgen…

À chaque fois, Clement avait pris la défense de Goergen, le défendant devant la presse. Ce vendredi, il a donc passé beaucoup de temps à s’excuser : « Jo, ech hunn et geschéie looss ; a jo, ech fille mech schëlleg ». Mais il aurait eu « la tête dans le guidon », répétera Clement à une demi-douzaine de reprises lors de la conférence de presse. (Si on adoptait une lecture plus cynique, on serait tenté de dire que pour faire avancer sa carrière, Clement avait plus besoin de Goergen que des candidats sacrifiés.) Mais ces derniers mois, c’est le cercle intime de Sven Clement, qui a été poussé à la sortie par Goergen : De son associé d’affaires, Jerry Weyer, jusqu’à son propre père, Pascal Clement. (On l’aura remarqué : Le milieu pirate est très largement masculin.)

Élu « coordinateur » du parti en 2019, Goergen récuse les reproches, mais concède « être un peu plus sec ». Il se réfugie derrière le relativisme culturel : « Ech hunn de Süd-Slang, méi vun der Long op d’Zong ». Il n’aurait pas fait de mobbing, « du moins pas consciemment », même s’il aurait peut-être « marché sur les pieds » de quelques-uns. Il aurait ainsi dû réprimander des membres, parce qu’ils fumaient aux stands ou parce qu’ils ne collaient pas leurs affiches : « Natierlech ass een dann de Béisen ». Clement a livré un psychogramme assassin de son rival : « J’ai rarement vu quelqu’un avec un aussi grand ego et une aussi petite estime de soi ». Ingrat de surcroît. « No senger Faillite hunn ech dofir gesuergt, datt hien een Akommes hätt », s’est vanté Clement de sa propre générosité patronale, rappelant qu’il avait embauché, en mai 2016, Goergen dans sa boîte privée. (Celui-ci y restera dix mois.)

Dans le « meeting room » sur le boulevard Royal, l’ancien apôtre du « Datenschutz » et de la « Privatsphär » (et même du secret bancaire que le Parti pirate voulait « renforcer » en 2018 encore) a servi des données à volonté : des messages Whatsapp, des extraits Visa, des virements de membres. Un exercice partiel et partial en forensic accounting (que le Land n’a pu vérifier indépendamment) qui devrait répondre à la question « Wien huet wat kritt aus der Partei ». Selon Clement, le vrai profiteur aurait été Goergen qui aurait « een Netto-Montant erausgezunn ». Depuis janvier 2023, Goergen aurait en plus accumulé 29 997 euros de dépenses pouvant « être classées comme privées » sur la carte Visa de la fraction. Soit 88 passages au restaurant, 28 visites chez McDo, trois révisions au garage, et onze rendez-vous chez le coiffeur, le tout payé avec l’argent public. « Ech wollt proposéieren, eng Tondeuse am Fressnapf ze kafen. Dat wär méi bëlleg ginn », ironisait Clement. (Sa Visa parlementaire à lui atteindrait 3 436 euros en frais personnels.)

« Si je n’étais pas au Parlement, je n’irais pas aussi souvent chez le coiffeur », se défend Goergen. Mais « a posteriori », il aurait compris « datt dat falsch ass ». Il serait prêt à rembourser les frais, soit 45,50 euros la coupe chez Ferber Bascharage. Quant aux factures cumulées dans les pizzerias, restos sushis, brasseries et fast-foods, elles seraient liées à des rencontres avec des collaborateurs et des candidats, tout comme avec des « informants » qui l’auraient aidé à préparer des questions parlementaires.

Clement a également pris Polidori dans le viseur. Celui-ci aurait réservé un aller-retour (en « business class ») pour New York, où se tenait une conférence sur le désarmement nucléaire. Empêché de participer au voyage, Polidori a fini par échanger son billet pour partir en vacances avec sa famille pendant Pâques. (Polidori a confirmé ces allégations face au Wort, et promis de rembourser le montant de 3 900 euros.)

Que la sensibilité politique des Pirates dispose de trois cartes Visa est déjà en soi une anomalie. Contactées par le Land, les autres fractions et sensibilités de la Chambre assurent unanimement ne détenir qu’une seule carte Visa, généralement utilisée par le secrétaire général pour acheter des logiciels et du matériel de bureau. Le président du Parlement, Claude Wiseler (CSV), s’est rapidement saisi de l’affaire. Ce mardi, le Bureau de la Chambre a demandé aux Pirates de fournir « une copie de l’ensemble des documents financiers permettant de retracer les dépenses de la sensibilité politique, depuis le début de la législature 2018-2023 jusqu’à maintenant ». La Cour des comptes devra ensuite vérifier si les dépenses correspondent au règlement de la Chambre, c’est-à-dire qu’elles « sont destinées exclusivement à couvrir les dépenses ayant trait aux activités parlementaires ». Goergen et Clement font bonne mine et disent saluer cette transparence. Mais ils se retrouveront face à une Cour des comptes qui a épinglé plus d’une fois la comptabilité créative de leur parti.

Pendant le weekend, Clement a probablement réalisé qu’il n’était pas sorti grandi de sa conférence de presse vindicative. Les médias parlaient d’un « Rosenkrieg » (RTL-Radio), une « hemmungslose Schlammschlacht » (Wort) et d’un « Egotrip » de Clement et de Goergen (Tageblatt). Quelques jours plus tard, il a tenté de rectifier le tir et s’est affiché conciliant sur Radio 100,7 : Il faudrait être « constructif » et parler « mateneen amplaz iwwerteneen ». Porter les dissensions internes sur la place publique, cela ne correspondrait vraiment pas à son « habitus ». Il aurait d’ailleurs un « énorme respect » pour les instances du parti. Le temps serait venu de « s’asseoir autour d’une table comme des adultes » et de « régler certaines choses », peut-être via une médiation. Mais la machine à révélations s’est emballée. Elle a développé sa propre dynamique : « Soubal et ee Mol knuppt, knuppen och all déi aner Konflikter raus. Dat ass lo den Challenge, déi anzefänken », a concédé Clement.

Il l’avait déjà souligné lors de sa conférence de presse : « Quand on pointe du doigt, il y a trois doigts qui pointent vers toi-même. » En fin de compte, ses explications n’ont fait que renforcer l’impression d’un énorme imbroglio entre intérêts politiques et privés, entre parti et firmes. C’est Clement lui-même qui a déballé les chiffres : Les entreprises dans lesquelles il a des participations auraient facturé 74 000 euros en prestations au Parti pirate, alors que celles ayant appartenu à Goergen (elles ont depuis fait faillite) ont été payées 71 500 euros. (Marc Goergen ne peut « ni confirmer ni démentir » ces montants, mais précise que l’argent aurait servi à financer des affiches électorales.)

De nouveau, Clement fait son mea culpa. Cela aurait été une solution de facilité comptable, dit-il. Même si ses firmes n’auraient jamais profité de ces transactions, il ne le referait plus aujourd’hui. Un repentir tardif. Il y a cinq ans déjà, la Cour des comptes critiquait les Pirates pour avoir « recours à une entreprise interposée pour effectuer des commandes du parti », ce qui ne serait « pas acceptable, ne serait-ce que pour des raisons de transparence ». Mais la Cour des comptes a également constaté que « les montants refacturés correspondent à ceux payés par l’entreprise interposée ». Les firmes n’auraient donc pas fait de « dons cachés » au parti. Par extension, elles n’auraient pas fait de marge non plus, a remarqué Clement.

Dans sa longue lettre aux instances de son parti, Clement explique que, dépité par les intrigues internes, il se serait concentré sur les sujets « déi mir Spaass maachen », notamment les « dossiers internationaux à la Chambre ». Alors que Goergen s’occupait de la boutique, Clement s’envolait aux diverses assemblées interparlementaires, dont celles de l’espace et de l’Otan, cultivant son réseau transatlantique. Cette activité de jet-setteur parlementaire a eu un effet secondaire : Clement a pu collecter des miles à gogo. Il déclare « formellement » ne pas les avoir jusqu’ici convertis en voyages privés gratuits. Si on le lui demandait, il les transférerait, « ouni mat der Wimper ze zucken ». Les miles lui auraient par contre procuré des « avantages intangibles », admet Clement. Il dit ainsi avoir atteint le statut « Blue Gold » chez Air France et « HON Circle » (le plus avancé) chez Lufthansa.

Sur son site, Lufthansa parle de « privilèges exclusifs » de ce cercle honoraire. Le voyageur peut ainsi fréquenter les lounges privés et manger aux buffets gratuits. Aux aéroports de Francfort, Munich, Vienne ou Zurich, il peut se faire accueillir par une limousine sur le tarmac. Clement se fait ainsi régulièrement conduire en mini-van exclusif (notamment des Porsches Cayenne) vers le terminal de son vol de correspondance, sans avoir à attendre les navettes ni à courir les couloirs d’aéroport. Le député y voit une manière de ne pas perdre trop de temps et de nerfs durant ses déplacements : « Sinon, encore moins de personnes voudront faire de la diplomatie parlementaire ». Pour compenser son impressionnante empreinte carbone, il dit acheter des émissions négatives (dont le programme pirate chante les louanges), notamment chez Climeworks, une entreprise qui capture le CO2 dans l’air et l’injecte dans le sol islandais.

En 2023, Clement lançait une opération transatlantique d’ingénierie électorale, pensant avoir découvert un nouveau gisement de voix parmi les néo-Luxembourgeois du Brésil et des États-Unis. Le plan fit pschitt. Pendant ce temps, Goergen se concentrait, lui, sur le travail de terrain, organisant la pénible logistique des communales. Les vingt mandataires locaux issus du scrutin constituent le nouveau centre de gravité du parti. Ce vendredi, neuf conseillers sudistes ont renouvelé leur serment d’allégeance à Goergen, exprimant leur « Bäistand a Vertrauen » et louant son « courage ». Les circos Est et Nord se tiennent cois jusqu’ici, tout comme Mandy Arendt, la maire pirate de Colmar-Berg. Parmi les mandataires locaux, seule la Stater conseillère, Marie-Marthe Muller, a affiché son soutien à Clement. De dernier paraît donc bien isolé au sein du parti qu’il avait fondé.

Interrogé vendredi dernier par Radio 100,7, Marc Goergen se disait certain de sa victoire imminente sur Clement. Il ne resterait plus qu’à savoir « geet hie selwer, selwerbestëmmt, oder wäert hie gaange ginn ? » Mais quelques jours plus tard, sur la même radio, Sven Clement a rappelé que, d’un point de vue statutaire, les membres du parti élus au Parlement sont obligés de former un groupe parlementaire. Le moment de clarification n’est pas pour demain et le mariage forcé devrait se prolonger de quelques mois encore. Goergen relativise entretemps ses déclarations, qui auraient été faites « dans un accès de colère ». Il aurait effectivement songé organiser un congrès extraordinaire. Mais des membres lui auraient recommandé d’attendre l’audit de la Cour des comptes, voire l’ouverture d’une éventuelle instruction judiciaire.

Fin mars, Sven Clement occupait encore le septième rang des politiciens préférés du Politmonitor. Il aura suffi de quelques semaines pour que son image de Monsieur Propre se ternisse. Le start-uppeur a loupé le moment pour monnayer sa popularité. Fin février, Clement racontait au Land qu’au cours de la dernière mandature, « trois présidents de partis » lui auraient « très concrètement » proposé de les rejoindre. Nuançant aussitôt : « Mee dat wor dommt Gespréich beim Patt ».

Bernard Thomas
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