Dans les coulisses de la musique (9)

Gérer le quotidien

d'Lëtzebuerger Land du 23.09.2022

Lorsque qu’ on rencontre Stéphanie Baustert, elle vient d’être la première lauréate de la bourse Artist Management Programme de Kultur : lx (tout comme Elvis Duarte). Une distinction pour cette jeune femme passionnée qui, grâce à cette aide, peut voir l’avenir de manière plus sereine. Manager d’artistes, donc, mais aussi programmatrice, notamment de la série de concerts Hannert dem Rid(d)o au Kinneksbond de Mamer. Et c’est justement là qu’elle nous a donné rendez-vous.

Souriante, Stéphanie Baustert est aujourd’hui reconnue pour son travail et respectée par le monde culturel. Et pourtant, ce n’était pas forcément gagné pour la jeune femme. Lorsqu’elle se lance en 2016 en qualité de manager d’artistes, elle est loin de se douter que, trois ans plus tard, une pandémie mondiale va lui tomber sur le coin du nez. « C’est vrai que la pandémie a tout compliqué. Heureusement, j’ai eu de la chance de bénéficier des aides du ministère de l’Économie mais c’était tellement frustrant car plus personne ne pouvait faire son travail. Déjà que, même sans pandémie, être indépendant, c’est loin d’être évident alors avec ce qui nous est tombé dessus… ».

Et pourtant, elle aura tenu bon. n fait, on comprend vite, en discutant avec elle, que son amour pour la culture date depuis déjà bien longtemps. « Petite, je me voyais plutôt devenir détective ou alors princesse ! (rires) Mais je fois avouer que j’ai toujours voulu travailler dans la culture. J’ai baigné dans un environnement d’art, d’architecture, de musique grâce à mon père, qui est artiste ; amateur, peut-être, mais artiste quand même. J’ai grandi avec ça. Après, j’ai suivi une section artistique aux Arts & Métiers où j’aurais pu faire la photo ou la musique… Finalement, j’ai fait des études d’histoire de l’art. Ensuite tout s’est mis en place de manière assez naturelle et logique. »

Manager d’artiste au Luxembourg, un titre qui a dû en faire sourire plus d’un à l’époque. « Ce n’était pas tout à fait nouveau pour moi car j’avais déjà travaillé pour le producteur Joel Heyard, notamment dans le marketing et la communication et on s’occupait déjà d’artistes. Donc, là aussi, le cheminement a été assez logique. Et puis, je pense être arrivée à un moment où le pays était prêt pour ce genre de métier. Les choses étaient en train de se mettre en place et de se professionnaliser. »

Gérer des artistes implique inévitablement d’avoir quelques qualités essentielles. « Il vaut mieux avoir un intérêt pour la musique, bien évidemment. Mais, il y a une série d’autres choses, comme savoir gérer le quotidien, les finances, ne fut-ce que savoir préparer un budget, le côté juridique, savoir développer une stratégie, un plan de carrière et aussi la gestion de projet. Sans oublier d’être ouvert et aimer rencontrer les gens. » Elle aime la musique, mais avoue ne jouer aucun instrument, ne pas aimer être dans la lumière et préférer travailler dans les coulisses. Aucun risque qu’elle prenne la place des artistes qu’elle gère.

Comment choisit-elle ses poulains ? « Je ne travaille que pour des artistes de jazz. Évidemment il faut que ce soit des gens motivés et ambitieux, et prêts à se donner à cent pour cent, quitte à sacrifier certaines choses. Il faut aussi que j’aime leur musique. Et que l’on s’entende bien car on a une relation très proche, intense, voire intime. Et comme c’est une relation à long terme, il faut que l’on ait les mêmes objectifs, les mêmes ambitions. »

Sur ses bonnes paroles, nous quittons le Kinneksbond. Stéphanie, elle, va encore bosser un peu sur ses projets, le temps que le concert de ce soir –un concert qu’elle a d’ailleurs programmé, ne débute. Comme on le pressentait, voilà une jeune femme qui se lève culture, mange culture et s’endort culture. Une passionnée, une vraie ! Et quelqu’un qui n’a pas fini de nous étonner.

Playlist

Premier disque acheté ou reçu ?

Looking for freedom de David Hasselhoff. Je pense que c’était ma façon de me rebeller contre mes parents qui, eux, écoutaient de la très bonne musique. (rires)

La chanson qui te rappelle ton enfance ?

Je n’en ai pas… pour la simple et bonne raison que je suis une enfant des années 80 et que, petite, moi, je jouais dehors. On peut donc dire que, durant mon enfance, la musique n’a joué aucun rôle.

La chanson arrive à t’émouvoir ?

Il y en a beaucoup mais ça dépend de la situation ou de mon humeur. Je ne pourrais pas te donner de noms comme ça.

La chanson pour avoir la pêche le matin ?

The one, le nouveau titre de MIA.

La chanson que tu ne peux plus entendre (car trop entendue) ?

As it was de Harry Styles. Et pourtant, je l’adore, cette chanson !

La chanson que tu écoutes en cachette ?

Peut-être les morceaux de la série Bridgerton, une série très « 19e siècle » dont j’adore la musique. C’est de la pop jouée par des quatuors de cordes. C’est très kitsch… mais j’assume ! En fait, j’adore cette époque : les changements dans la société, l’art, l’architecture, la littérature, la musique. Et du coup, j’adore aussi tous les films et les séries qui se déroulent à cette époque.

Romuald Collard
© 2024 d’Lëtzebuerger Land