Ticker du 15 octobre 2021

d'Lëtzebuerger Land du 15.10.2021

Carbon Offset

Issus de la génération Fridays for future, les futurs étudiants ne manqueront pas d’y voir une forme de « carbon offset » posthume. Ce lundi a été présenté « The Cloud – inspired by André Losch », un projet d’auditoire de l’Uni.lu qui devra être construit en mémoire (et avec l’argent) d’André Losch, l’ancien concessionnaire de Volkswagen, Audi et Porsche, décédé en 2016. Sa fondation, dont le CA réunit la notabilité de la place financière, est « un partenaire de longue date » de l’Uni.lu. Le recteur, Stéphane Pallage (ici avec le président de la fondation Losch, Pit Reckinger ; photo : Gilles Kayser), s’est émerveillé du « plus grand don que l’Université n’ait jamais reçu » : « A gift of beauty for the university, the neighborhood, the city ». Il a énuméré les dons passés de la Fondation Losch, notamment sous forme de « food stamps » distribués aux étudiants les plus démunis durant la crise du Covid-19. Le futur bâtiment hébergera notamment deux amphithéâtres ainsi qu’une grande salle de conférence. Il marquera l’entrée du campus qui réunira les facultés de droit, d’économie et de finance au Kirchberg et devrait ainsi marquer la proximité avec « les acteurs économiques et institutionnels », comme l’expliquait Claude Meisch (DP) à la conférence de presse. Le ministre de l’Enseignement supérieur a remercié la fondation de son acte philanthropique, évoquant « un très grand signe d’altruisme et de solidarité ». La Fondation Losch investira 20 millions d’euros (le terrain a été cédé par le Fonds Kirchberg au ministère des Finances), un projet pourtant décrit comme « modeste » par le président de la Fondation, et associé d’Elvinger Hoss, Pit Reckinger. Dessiné par le cabinet d’architectes japonais Sanaa, le bâtiment se tiendra sur des piloris et sera tout en courbes et tout en verre. (Ses concepteurs promettent pourtant une performance énergétique aux normes luxembourgeoises.) Après la place financière, le mot d’ordre de la « transparence » a donc également atteint le monde académique, Pallage l’interprétant comme signe d’ouverture, « quite the opposite of the old ivory tower ». Ouverture qui se manifeste également par une déférence opportuniste à l’égard du business. On ne compte plus les chaires (PayPal, Atoz, SES, Arcelor-Mittal) et bourses d’études (Ferrero) financées par les multinationales. Les étudiants se voient bombardés de mails provenant de Deloitte, Amazon et Huawei et vantant leurs concours d’idées, « inclusion days », séminaires et programmes de recherches. Les sciences humaines sont également happées par ce mouvement, une floppée de projets en « corporate history », formalisés par des « contrats de prestation de recherche », ont été récemment produits à l’Uni.lu, notamment sur la Poste, BGL et
Lalux. bt

Les pauvres d’abord

Lancé en 2005 par le directeur du Statec, Serge Allegrezza, qui avait été nommé deux ans auparavant par le ministre de l’Économie libéral Henri Grethen, le « Rapport travail et cohésion sociale » est la publication la plus commentée de l’institut de statistiques. Les données qu’elle contient sont mises à la sauce rouge par la Chambre des salariés dans son « Panorama social » (elles l’étaient également par la Caritas dans son feu « Almanach social »). La dernière édition donne une première sneak preview d’une étude qui sera publiée « sous peu », mais qu’on aurait bien aimé lire dès 2020, au moment où elle aurait encore pu influer sur le cours de la pandémie. En se basant sur les microdonnées anonymisées de l’IGSS, des chercheurs du Liser et du Statec ont analysé le rôle joué par les inégalités sociales dans le déroulement de la pandémie. Il en ressort que plus une personne est pauvre, plus la probabilité d’une hospitalisation en lien avec le Covid-19 est élevée. « Certaines catégories socioéconomiques ont en effet connu des taux d’infection et d’hospitalisation nettement plus importants que d’autres ». bt

Äpfel und Birnen

Entgegen weit verbreiteter Annahmen insbesondere in linken politischen Kreisen seien trotz Pandemie in Luxemburg weder die Einkommensungleichheiten noch die Armutsrate im vergangenen Jahr gestiegen, fand das Statistikamt Statec in seinem am Donnerstag veröffentlichten Bericht zur Armut und sozialen Kohäsion heraus. Indikatoren wie der Gini-Koeffizient und die Ratios, die das Statec zur Messung heranzieht, würden darauf hindeuten, dass die Ungleichheiten stagniert hätten oder sogar leicht zurückgegangen seien. Auch das Risiko, in die Armut abzurutschen, sei 2020 gegenüber den Vorjahren ganz leicht gesunken (von 17,4 Prozent in 2019 auf 17,2 Prozent in 2020). Während trotz rasant gestiegener Immobilienpreise offenbar auch die Last der Wohnkosten auf die Einkommen größtenteils gleichgeblieben sei, sei die Anzahl der Menschen, die Probleme haben, über die Runden zu kommen („joindre les deux bouts“), leicht gestiegen. Familien seien stärker betroffen als Personen, die alleine leben, am meisten leiden Alleinerziehende.

Allerdings relativiert das Statec seine Ergebnisse gleich in der Einleitung. Wegen der Corona-Maßnahmen habe die Behörde ihre Untersuchungen nicht wie gewohnt im direkten Kontakt mit den Bürgern durchführen können, sondern auf eine Online-Befragung zurückgegriffen, schreibt Statec-Direktor Serge Allegrezza (Foto 2018 : sb) in seinem Vorwort. Um die Einkommen der Haushalte für das Jahr 2020 zu ermitteln, habe das Statistikamt auf die Daten der Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) zurückgegriffen. Da es sich insbesondere bei den Ergebnissen zu den Ungleichheiten aber um Schätzungen handle, die auf einer anderen Methode als in den Vorjahren beruhen, seien die Resultate des diesjährigen Berichts nicht direkt mit denen der Vorjahre vergleichbar. Demnach präsentiert das Statec im diesjährigen „Rapport travail et cohésion social“ in manchen Bereichen vorläufige Ergebnisse, die in Zukunft noch näher und präziser untersucht werden müssen. ll

Gare au Gafi dans l’immobilier

Le secteur de l’immobilier peine à se mettre en conformité avec le dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (AML), a fait savoir vendredi dernier l’associé consulting spécialisé (au sein de la fiduciaire BDO) Benoît Wtterwulghe lors d’une conférence Meetincs. Se basant sur des chiffres présentés par l’autorité de contrôle, l’Administration de l’Enregistrement et des Domaines (AED), selon lesquels 60 à 70 pour cent des entités ne sont pas prêtes, le consultant conclut que « le secteur est très peu préparé » alors que le Groupe d’action financière (Gafi) a annoncé son retour au Luxembourg, dix ans après avoir placé le pays sur liste grise. « Les conséquences peuvent être funestes, y compris sur le secteur immobilier, via les investisseurs institutionnels notamment », a prévenu Benoît Wtterwulghe. Dans le rapport d’évaluation national, qui quantifie les risques portés par les différents métiers concernés par l’AML, les agents et promoteurs immobiliers (ces derniers sont entrés dans la sphère contrôlée en mars 2020) sont considérés comme les plus vecteurs de risque (plus que les banques !). Le secteur porte un risque inhérent « élevé », car il implique de grosses transactions financières à travers des personnes ou des multiples couches d’entités plus ou moins transparentes. « The large number of customers (many of whom will have legitimate activities) could offer a level of anonymity to criminals (who could for instance use physical persons as third parties to obscure the ultimate beneficiary) », lit-on dans le dernier rapport d’évaluation national. Au Luxembourg, l’immobilier pèse 8,1 pour cent du PIB (2019) et dégage une valeur ajoutée de quatre milliards d’euros. Et le risque est d’autant plus élevé que les agents concernés n’ont pas l’habitude, comme les banques, des contrôles antiblanchiment.

L’AED prend les choses au sérieux. Benoît Wtterwulghe signale que les inspections des promoteurs, autrefois organisées dans le service « Surveillance », déménagent maintenant dans celui de la criminalité financière après un an et demi d’adaptation. « Et on passe de la fonction de sensibilisation à la fonction de surveillance, y compris sur place », prévient le spécialiste. Selon la présentation de l’AED effectuée en décembre 2020 à destination des professionnels, plus de trente pour cent des acteurs pêchent dès les premiers processus, à savoir satisfaire à l’obligation de vigilance dans l’identification des clients, « quelque chose de simple, mais extrêmement mal compris », analyse Benoît Wtterwulghe. C’est ensuite la Bérézina dans la mise en place de la procédure interne puis l’évaluation des risques (Risk-based approach) où quasiment 70 pour cent des acteurs échouent à faire le nécessaire, faute d’habitude. La sanction administrative peut aller jusqu’au million d’euros, cinq millions au pénal. Sur les 27 contrôles recensés par l’AED en 2019, deux ont abouti à des blâmes, cinq à des avertissements et vingt à des sanctions. Aucune mention ne figure à la ligne conforme. pso

La chaîne qu’on démonte

L’Alia demande à ce qu’on coupe le signal à la chaine porno Libido diffusée depuis le Luxembourg. L’autorité luxembourgeoise de l’audiovisuel « propose » ce lundi au ministre des Communications Xavier Bettel (DP) de retirer la concession pour le programme de télévision du groupe 555 du Français Christian Bartoli. Libido est diffusée sur l’offre Canalsatellite (liée à Canal+) via les satellites SES/Astra. Comme l’indiquait Reporter en juin, la chaîne accusait du retard dans le paiement de ses taxes de diffusion et émettait depuis début 2020 sans concession (ou licence). Une amende de 25 000 euros, le maximum, avait alors été prononcée. L’Alia est passée à la vitesse supérieure en ce début de semaine et a demandé à ce que la concession de « la chaîne qui démonte » (selon son slogan) soit retirée. Mais puisqu’elle n’en avait déjà plus, la mesure équivaut à l’interdiction du service, laquelle entraine « l’interdiction de l’usage de la liaison montante ou de la capacité satellitaire luxembourgeoise. » Contacté, l’avocat du groupe 555 à Luxembourg, Marc Theisen, dit avoir déposé un recours. (Le groupe envisagerait quoiqu’il arrive une diffusion via une autre juridiction.) Libido n’est pas la seule chaîne olé olé diffusée depuis le Grand-Duché où le porno n’est plus en odeur de sainteté. Adult Channel, TVX 40 ou encore XXX Mums (pour ne citer qu’une partie des programmes de MG Global Entertainment Europe) sont aussi surveillées par l’Alia. Sur son site, on lit que la violence, l’érotisme, la pornographie et le respect de la dignité humaine font partie de ses « préoccupations constantes », mais il n’est pas question d’interdiction. Toutes les occasions sont donc bonnes pour faire le nettoyage, comprend-on. pso

Business as usual

« Cela m’en tape une sans faire bouger l’autre. » L’aphorisme de Jacques Chirac (selon le Canard enchaîné) s’applique à l’attention prêtée par le président de la Chambre de commerce Luxembourg-Pologne à l’arrêt de la Cour constitutionnelle de Varsovie rendu la semaine passée, rejetant la primauté du droit européen sur le droit national et interrogeant la présence de la Pologne au sein de l’Union européenne. Interrogé sur d’éventuelles craintes de Polexit au sein de la communauté d’affaires polonaise au Luxembourg, Artur Sosna confesse qu’ « on n’en parle pas » et considère que « l’argent est trop important » pour que la Pologne ne tourne le dos à l’Union européenne. « La Pologne ne peut pas décider comme ça de toute façon. Il faut faire un référendum et les Polonais sont trop attachés à l’UE », croit savoir l’entrepreneur. pso

Pierre Sorlut, Bernard Thomas
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