Boys on the Run

Fuite vers une nouvelle vie

d'Lëtzebuerger Land du 30.10.2003

Charlie (Jesse Littlejohn), un adolescent orphelin, est poussé d'une famille d'accueille à l'autre, tombant chaque fois sur des parents qui s'intéressent plus à la prime d'éducation qu'à lui. Dégoûté et décidé de prendre son future dans ses propres mains, il s'enfuit après avoir incendié le garage de ses parents adoptifs. Mais au lieu de retrouver sa liberté, il est emprisonné dans un centre pénitencier pour jeunes. C'est là où Charlie, intimidé par ce nouvel environnement, fait la connaissance de Joe (James Lafferty), un garçon impulsif et débrouillard, qui le protège des autres, contre une petite somme d'argent. Les deux sympathisent et s'évadent ensemble. Dans une vieille cachette de Joe, ils rencontrent un vieux indien, qui leur parle de sa vie aux Appalaches. Charlie et Joe y voient leur vie rêvée et se mettent sur le chemin. Arrivée dans les montagnes de la Virginie, les évadés recontrent Raindrop (Raquel Beaudene), une jeune fille de son côté poursuivie par une milice privée aux tendances terroristes, menée par son propre beau-père (Ron Perlman). Commence alors une poursuite à travers des forêts interminables.

 

Si les long-métrages de réalisateurs luxembourgeois sont encore peu fréquents, il est encore plus rare, voire même une première, qu'un luxembourgeois réalise un film aux États-Unis. Et il ne s'agit non pas, comme on aurait pu le croire, d'Andy Bausch, dont l'interêt pour la culture nordaméricaine est connue, mais de Pol Cruchten, réalisateur de Black Dju (1996).

Dans Boys on the run, où le réalisateur collabore une fois de plus avec le scénariste Frank Feitler, Cruchten s'intéresse aux problématiques politiques et sociales des États-Unis. L'enfance gâchée des protagonistes est en grande partie due au faiblesses d'une politique sociale qui puni les symptômes au lieu de chercher les origines. L'indien ayant dû échanger son espace de vie naturel contre les « montagnes en verre et en acier » comme il les décrit lui-même, rappelle le passé amercain tandis que la milice du Capitaine se réfère au présent avec une masse d'armes en possession privée et des activités paramilitaires et criminelles dépassant le contrôle des autorités publiques.

 

Tous ces sujets d'ampleur tournent chez Cruchten autour de la notion de liberté individuelle qui selon l'interprétation mène à l'injustice. Et c'est ainsi que le film effleure seulement ces thèmes pour se focaliser sur la course poursuite entre les maniaques d'armes et les jeunes fugitives.

 

Les coïncidences, avec notamment la rencontre de Raindrop et des deux garçons aux milieu d'une forêt immense, ainsi que l'accumulation excessive des injustices, semblent invraisemblables. Mais l'importance des sujets abordés, des cadrages recherchés et un suspense maintenu font oublier les solutions de facilité prises par les scénaristes.

C'est au niveau du montage et de la musique que le film présente les faiblesses les plus flagrantes. Raccords mouvements négligés et changements d'espaces trop brusques se répètent. Les arrangements de Bill Conti contredisent souvent et sans intention les images et continuent à suggérer une aventure marrante en plein nature, malgré la menace d'une mort imminente. Malgré certaines incertitudes de jeu, les jeunes acteurs principaux restent naturels et évitent le cliché du jeune délinquant.

 

Boys on the run part donc d'un drame social pour devenir un film d'aventure et de suspense. C'est surtout ce mélange de genres, avec son contenu thématique varié et sa volonté de ne pas se vouer exclusivement au divertissement spectaculaire, qui représente l'attrait principal de ce long-métrage formellement peu exceptionel.

 

 

Fränk Grotz
© 2024 d’Lëtzebuerger Land