Sortez les paniers, les couvertures et les chapeaux, la saison du pique-nique est ouverte. Pique-nique au parc, à l’ombre des arbres, le temps de sa pause déjeuner. Pique-nique sur le chemin des vacances, aire d’autoroute et sandwiches triangles... Pique-nique à la campagne, nappe à carreaux rouges, lit de marguerites et cerises cueillies à même l’arbre… Pique-nique à la plage, pieds dans le sable, maillot de bain mouillé et glacière à proximité…
Moment de partage et de convivialité bon enfant, le pique-nique rend joyeux. Rien que son appellation semble d’ailleurs faire du banal repas une petite fête plaisante. On s’assoit un peu comme on veut, à même le sol pour plus d’authenticité, pieds nus sur la couverture. On n’est d’ailleurs pas forcément au mieux niveau confort, mais le plaisir du moment occulte complètement les désagréments de la table de fortune dressée pour l’occasion. On mange avec les doigts, on pique par ci, par-là, on prend le temps et quand arrive le dessert, on finit à demi allongé, appuyé sur un coude, prêt à se laisser aller. Une sieste digestive en contemplant le ciel et ses nuages… avant d’être réveillé par les chatouillis d’un rang de fourmis à l’affût des dernières miettes du festin.
Cet art de manger, que l’on inscrirait volontiers dans la mouvance slow food, connaît ses origines à l’Antiquité, Virgile décrivant dans ses Bucoliques les repas des bergers au milieu de leurs bêtes. Au Moyen-Âge, la tendance s’étend et s’il est commun pour les paysans de s’offrir un casse-croûte dans les champs, la noblesse se prête volontiers à ces repas en plein air lors de ses parties de chasse ou durant ses voyages.
Le manger nomade
Car le pique-nique incarne toutes les caractéristiques du « manger nomade » : on se déplace pour manger et surtout, on ne mange pas n’importe quoi. La nourriture doit être pratique, si possible à attraper du bout des doigts ou à croquer et surtout, transportable facilement. Pour cela, le panier à pique-nique est de mise, la reine Marie-Antoinette elle-même en possédant d’ailleurs un bien joli qu’elle déposait régulièrement sur les pelouses soignées du Petit Trianon.
Universelle, la pratique du pique-nique n’acquiert ses lettres de noblesse qu’au XIXe siècle, entrant véritablement comme scène de la vie quotidienne dans la littérature et les arts, en témoigne le célèbre tableau de Manet, Le Déjeuner sur l’herbe. Bien qu’un temps délaissé par la bourgeoisie pour cause de manquement à l’étiquette – Manet illustrant d’ailleurs lui-même ce doux « laisser-aller » dont il est question dans son œuvre – le pique-nique, parfois décliné en garden party dans sa version de luxe, semble aujourd’hui universellement plus apprécié que jamais.
À peine le soleil pointe-t-il son nez que les gazons se couvrent de nappes et d’amoureux du plein air. Même le marketing a saisi la tendance, proposant cubi de vin réfrigéré, barbecue portatif, salades en bocaux ou encore paniers pique-nique déjà préparés et signés des grands noms de la gastronomie.
Pique-niques locaux
La météo de ce mois de juillet étant propice au manger dehors, je vous invite à donner à vos soirées des allures de vacances. Attrapez coussins, couverture, victuailles et bouteille de vin : c’est parti pour un pique-nique. Hormis la Kinnekswiss déjà bien fréquentée ou le Kaltreis et ses jeux d’eau, Luxembourg recèle de jolis endroits où poser panier. Les parcs bien sûr, comme celui de Merl, de Pescatore ou de la Villa Vauban pour une pause gastro-culturelle, sans oublier celui de la Coque, qui offre de jolis atouts avec son arboretum, son petit étang, ses jeux pour enfants et ses terrains de pétanque.
Non loin de là, mon préféré, le jardin des Trois Glands, derrière le Mudam, se distingue par une vue à couper le souffle sur la vieille ville. Reste bien sûr la Kockelscheuer, poumon vert à deux pas de la capitale où l’on peut même s’adonner au barbecue ou encore le parc de Hesperange et ses terrains de sport, parfait pour les pique-niqueurs dynamiques.
Impossible de ne pas évoquer les abords des nombreux lacs du pays, comme ceux d’Echternach ou de Remerschen, qui donneront à vos repas une ambiance bucolique des plus agréables. Ou encore les rives du lac de la Haute-Sûre qui offrent à elles seules des panoramas dignes des plus beaux paysages du Canada. Enfin, pour les adeptes de randonnées, de forêts ou de châteaux, troquez le panier à pique-nique pour le sac à dos et prenez la route pour la région du Müllerthal. La fraîcheur des roches et des eaux vives qu’on peut y croiser devraient offrir un cadre enchanteur et idyllique à votre pique-nique bien mérité.