Les applications mobiles comme Uber et Lyft, qui se sont imposées comme acteurs du transport individuel urbain, sont engagées dans une course effrénée aux acquisitions pour se diversifier et ne rater sous aucun prétexte les mutations à venir. Avec l’avènement de nouveaux moyens de transport comme les scooters ou skate-boards électriques et les drones, conjugué à l’arrivée de l’intelligence artificielle, les frontières entre les mondes du transport de personnes et des services de livraison bougent. Google et Amazon sont également sur les rangs. Tous veulent se tailler une part de ce gâteau en pleine redéfinition.
Ainsi, Uber a annoncé il y a quelques jours avoir pris une participation dans Lime, une entreprise américaine en plein essor qui offre des trajets en scooter électrique. Le montant exact de l’investissement n’a pas été révélé, mais Lime a précisé qu’il s’agissait d’une participation « importante » dans le cadre d’une levée de fonds portant sur 335 millions de dollars, qui valorise la société à 1,1 milliard de dollars, et que les deux entreprises allaient collaborer. Uber, qui avait déjà surpris son monde il y a quelques mois en acquérant le fabricant de vélos électriques Jump, a de son côté annoncé vouloir intégrer l’option de déplacements en scooters de Lime dans son application. Uber a aussi frappé les esprits en annonçant récemment vouloir se positionner sur le marché des déplacements urbains en taxi aérien, en cherchant à imposer une norme partagée pour ce type d’engin.
Le plus grand concurrent américain de Uber, Lyft, n’est pas en reste : il a indiqué la semaine dernière avoir repris Motivate, la maison-mère de CitiBike et d’autres programmes de location de vélos aux États-Unis, une transaction estimée par la presse à 250 millions de dollars.
Google et sa maison-mère Alphabet misent sur la conduite autonome : la filiale Waymo, dont la presse spécialisée estime qu’elle à pris une longueur d’avance par rapport à ses principaux concurrents, Tesla notamment, à passé commande de quelque 62 000 véhicules destinés au déploiement de ce service à l’échelle commerciale. Souvent critiqué pour la façon dont il traite ses chauffeurs, qu’il s’obstine à considérer comme des entrepreneurs indépendants, Uber est lui aussi engagé dans des efforts pour les substituer par des robots. Amazon a fait état de ses efforts pour repenser la livraison à domicile grâce à un recours massif aux drones qui seront déployés sur le dernier kilomètre.
De toutes ces stratégies qui en partie se recoupent et de l’autre témoignent de l’incertitude quant aux modalités de transport qui finiront par s’imposer, celle de Uber est peut-être, sous la férule de son nouveau CEO Dara Khosrowshahi, la plus diversifée. En avril, la société avait annoncé s’étendre vers de nouveaux segments : à travers un partenariat avec Getaround, celui de la location de voitures, et par celui avec Masabi, celui de l’achat par les individus de titres de transport.
La mobilité de demain se redessine sous nos yeux, mais bien malin qui décrira avec précision quels modes s’imposeront. Les scooters électriques et engins apparentés, qui connaissent une croissance furieuse ces derniers temps grâce à leur coût, leur poids et leur encombrement réduits, semblent bien placés pour jouer un rôle non négligeable dans les modes de mobilité de ces prochaines années. L’absence de réglementation claire quant à leur usage – sont-ils appelés à circuler sur la route, les trottoirs, les voies cyclables, nécessitent-ils un permis ? – complique la tâche des stratèges des intervenants du secteur. Mais ce que l’incursion de Uber et Lyft dans les services de location de vélos et les scooters électriques démontre, c’est qu’ils s’attendent à une mobilité éminemment diversifée, où le citoyen improvisera pratiquement à chaque instant son prochain déplacement, en fonction de ses envies et de considérations de coût, mais aussi des aléas de la circulation et de la météo.