EP Landscapes d'Artaban

Brothers in arms

d'Lëtzebuerger Land du 16.10.2008

Les familles en musique, cela a été une donnée non-négligeable dans l’output des formations considérées ! Prenez les frères con-génitaux Galla­gher dans Oasis, les frères Young dans AC/DC, les frères ennemis Davies des Kinks ou plus récemment les frangins et autres cousins attardés de Kings of Leon, pour ne citer que quelques-uns parmi les plus connus. Voilà que débarquent les frères Nilles sous la bannière Arta­ban avec leur premier EP intitulé Landscapes, fort de sept titres.

Max et Charles se partagent les tâches, le premier, au CV musical assez chargé (batterie dans feu Actarus et Miaow Miaow actuellement), pose ses lignes de basse sur les synthétiseurs et les échantillonnages du second, telle semble être la marche à suivre que les deux frangins suivent plus ou moins scrupuleusement. Ce Landscapes est un condensé de leur travail commun et trace une veine electropop et instrumentale, qui, d’em­blée, séduit par les rondeurs des arrangements fluides, variés ou les mélodies aériennes qui s’en dégagent. Tout cela est évidemment porté par un groove subtilement souple et dansant, mais jamais trop putassier. Ce parti pris n’est pas sans rappeler Air (des débuts), les Rythmes Digi­tales ou Télépopmusik, voire les moments les plus mélodiques d’un Laurent Garnier, s’il fallait jouer à l’inévitable ronde des références.

D’entrée de jeu, Fjord mustang démarre sa rythmique implacable sur une boucle de piano trafiquée, empile et désempile méthodiquement des éléments tout au long du morceau, qui mue quelquefois autour du même ciment, mais qui se liquéfie au milieu avant de repartir de plus belle. Suit Melankonic, porté par  deux mélodies analogiques qui se chevauchent sans jamais réellement se toucher, lançant le morceau vers une stratosphère réfléchie où s’insinue des couches de synthés qui gonfle le morceau à l’hélium mélancolique. Plus de rigueur dans The dawn cavalry, qui poursuit pourtant le même sillon qu’auparavant, cependant des simili cordes et des samples ethniques chargent l’atmosphère d’onirisme plus straight que les deux premiers morceaux, malgré des petits motifs de mélodies diffuses et espiègles aux synthés, qui, mine de rien, marquent l’empreinte du duo sur leurs créations. 

Passée cette excellente entrée en matière, l’ambiance s’enfonce en peu plus dans une pesanteur alanguie avec Postspritzer, qui, malgré son titre avec effet d’annonce, ne parvient pas à éjaculer sa substantifique moelle et ne demeure, malgré une mélodie intéressante, qu’au stade des louables intentions. On pense alors qu’Artaban redresse la barre avec l’intrigant Mysterijazz, hommage artabanesque aux obsédantes mus­iques de films d’espionnage, mais là le morceau coince un peu au niveau des éléments rythmiques.

Se rebiffant, le duo se reprend de fort belle manière avec le sombre Road79, virée nocturne que n’aurait pas renié un John Carpenter qui aurait laissé ses lugubres lubies au vestiaire, histoire de tailler une bavette avec Giorgio Moroder. Puis, Artaban nous sort un dernier atout de son manche, Aeronel, immensément addictif, aux synthés plus acides que d’accoutumée, qui permet aux frangins de rafler la mise à coups de petits gimmicks infectieux, nous faisant le coup d’une musique à danser la tête dans les nuages.

À la fois faciles d’accès et denses, les paysages sonores variés de ce Land­scapes placent Artaban sur la carte électronique et pop luxembourgeoise de manière convaincante. En se montrant à l’aise sur plusieurs terrains et champs d’expression, le duo promet des beaux lendemains qu’on espère entendre se concrétiser. 

Pour plus d’informations : www.artaban.lu 

David André
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