Musée d’histoire(s) Diekirch

Passé solide et présent hétéroclite

d'Lëtzebuerger Land du 23.03.2012

Après de longues années de pla[-]nification, le Musée d’histoire(s) Diekirch (MHsD) a ouvert ses portes en septembre 2011. L’idée de faire un musée est née suite à la nécessité de déplacer et de restaurer trois mosaïques romaines, exposées dans une école primaire locale, dont le site devait être réaménagé en 2003. Le projet a toutefois pris une direction plus ambitieuse, celle d’édifier un musée qui retrace l’histoire et, par extension, les histoires de Diekirch. Aujourd’hui, six mois après son ouverture, quelle est sa situation ?

Le public-cible du nouveau musée est principalement, mais non exclusivement, constitué par les lycéens et les écoliers. Lors de la conception du musée, une grande importance fut accordée à sa faculté d’éducation et d’information. La scénographie est résolument contemporaine ; les technologies modernes (touch screen, Internet et audioguide) font partie intégrante des supports d’exposition. Sur le site Internet du MHsD, on trouve des informations complémentaires aux objets exposés : l’explication de l’origine de l’âne comme mascotte de la ville par exemple.

Grâce à des ateliers, qui sont encore en préparation, et des dossiers spécialement conçus, le musée souhaite faire comprendre aux enfants et aux adolescents l’évolution de la région de Diekirch ainsi que de notre société plus généralement. Carine Welter, archéologue et directrice du MHsD, souligne que les thèmes proposés au musée n’ont pas été élaborés de manière dogmatique. Le but était de créer un musée où le visiteur n’est pas saturé d’informations, mais où il soit incité à une réflexion authentique.

Réparties en cinq salles, les données afférentes à l’histoire et à l’identité de Diekirch sont complétées d’informations plus générales sur l’histoire et sur le développement de l’humanité. Ainsi, le premier étage est consacré au travail de l’archéologue. La reconstruction d’une fouille et le décor en forme de laboratoire permettent d’explorer les objets exposés du point de vue du chercheur. On y découvre aussi que la villa romaine, dans les ruines de laquelle on a retrouvé la mosaïque exposée, était construite au cours de l’époque gallo-romaine (50 avant J.-C. – 500 après J.-C.) à Diekirch et qu’au VIIe siècle, l’église St. Laurent a été érigée sur les vestiges des bâtiments secondaires de la villa.

Au sous-sol du musée, on peut apercevoir la crypte de cette même église. L’impressionnante mosaïque de la villa est installée à ce niveau ; les deux autres qui ont également été découvertes dans la villa sont actuellement conservées dans les dépôts du Musée national d’histoire et d’art. La salle du sous-sol, dédiée à l’évolution des croyances et à leur influence sur la vie quotidienne, se caractérise par un décor très élaboré et sombre ainsi que par des images dans des caissons lumineux intégrés dans le plafond.

Le deuxième étage retrace l’époque plus récente de Diekirch et montre le développement de l’urbanisme au moyen d’un modèle interactif représentant de façon schématique la structure de la ville de Diekirch. Une des salles du musée n’est pas encore achevée, elle conciliera l’histoire et la nature au sein d’un seul espace et documentera l’exploitation de l’environnement par l’homme. Ici, l’accent sera à nouveau mis sur l’aspect interactif de la représentation.

Les salles se distinguent l’une de l’autre par des couleurs et des décors très différents. Cette organisation en espaces séparés fait partie du concept et est censée stimuler la réception des informations. Le spectateur tisse ainsi à chaque niveau du musée une nouvelle réflexion face à ce qu’il voit. L’intention est de sensibiliser les jeunes à leur environnement afin qu’ils l’aperçoivent sous un nouvel angle. Dans ce but, le musée est également en train de développer des visites guidées permettant d’approcher les données d’une manière plus vivante. La traduction des textes, disponibles actuellement en allemand, en français et en anglais, constitue un autre dispositif muséographique inachevé.

S’il est vrai que le musée vise en premier lieu un public local, des détails permettant aux non-initiés de mieux comprendre l’histoire de Diekirch manquent encore par endroits. D’autre part, le poids de l’histoire générale semble parfois l’emporter sur celle de la ville et de la région de Diekirch au détriment de la cohérence de l’ensemble. Face à l’offre culturelle à Diekirch (Musée national d’histoire militaire, Conservatoire national de véhicules historiques et Musée d’histoire de la brasserie de Diekirch, Beiemusée), le MHsD est complémentaire et évite des éléments répétitifs. Sa jeunesse garantit au musée une certaine flexibilité et la galerie d’art municipale de Diekirch, qui se situe dans les mêmes locaux, permet d’attirer un public diversifié. De plus, les plans de la directrice sont prometteurs : organiser éventuellement des soirées avec théâtre, voire interactives, et créer un site fondé sur une vie culturelle active. On attendra la suite avec impatience.

Le Musée d’histoire(s) Diekirch se situe au 13, rue du Curé à Diekirch, et est ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 heures. Plus d’informations sont disponibles sur le site Internet du musée : www.mhsd.lu.
Florence Thurmes
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