Après sa mise en place, il est vite devenu évident que le nouveau gouvernement italien mené par Giorgia Meloni n’a peur du changement mais, tout au contraire, a la ferme intention de réformer en profondeur le pays et de ne pas se limiter à un seul domaine. Dans son dernier commentaire en 2022, pour sa rubrique sociale Gli Appunti di Giorgia (c’est-à-dire « les notes de Giorgia »), la politicienne se montre optimiste et fière des progrès réalisés durant ses premiers mois au pouvoir. Elle souligne que l’Italie est sur la voie du changement, de l’amélioration et du respect des règles. Les premières semaines de l’année 2023 se focaliseront entre autres sur le principe de la légalité. Ainsi Giorgia Meloni insiste sur le fait que la « vieille Italie », qui voit d’un mauvais œil ceux qui respectent les règles et fait semblant de ne pas voir ceux qui les violent, cessera d’exister.
Le gouvernement Meloni planifie une multitude de nouvelles manœuvres et réformes pour mettre en marche ce changement ; touchant entre autres à l’administration fiscale, la bureaucratie, la justice, les impôts forfaitaires et l’augmentation des pensions minimales. Ce dernier point semble se révéler plus complexe que prévu. Et déjà au cours des derniers mois et semaines, le montant des pensions et la définition de ceux qui pourraient en bénéficier ont été réévalué maintes fois.
Parmi les réformes les plus importantes, le « présidentialisme » est certainement celle qui changerait le plus drastiquement la face de la politique italienne. Il s’agit ici de l’intention de transformer le mode de scrutin et de permettre à la population de voter directement le chef de l’État. Les Italiens ne voteraient plus pour un gouvernement mais, par le biais de l’exercice électoral, pour les membres du Parlement, qui à leur tour désigneraient un gouvernement. Comme cela est par exemple le cas aux États-Unis. Giorgia Meloni est convaincue par ce plan et annonce que le présidentialisme sera « son héritage ». Une alternative serait un système semi-présidentiel, basé sur le modèle politique français. Elle veut ainsi créer plus de stabilité politique dans le pays, pour éviter le changement constant de gouvernement. Cependant son combat risque d’être la cause de nouvelles turbulences à l’intérieur du gouvernement actuel. Tandis que Giorgia Meloni est décidée et fait comprendre qu’il s’agit d’une de ses priorités et qu’elle ne s’inclinera pas, l’opposition craint de voir le pouvoir des partis réduit et rappelle ainsi l’expérience mussolinienne. L’opposition, principalement une partie du PD, parti démocratique et du Movimento 5 Stelle, voit dans le présidentialisme un danger pour la gouvernabilité, à cause de la rigidité qu’apporte la durée du mandat préétabli et inaltérable. Les pro-présidentialistes affirment exactement le contraire en voyant, au-delà d’une plus grande stabilité, un rapport plus étroit et plus direct entre les institutions et la population, favorisant ainsi un renforcement des compétences de celui qui gouverne.
C’est en effet un des objectifs que prône Giorgia Meloni : changer le rapport entre l’État et ses citoyens. Son gouvernement ne veut pas gérer l’ordinaire, mais donner une vision industrielle au pays. Elle se vante ainsi du fait que l’économie italienne s’est, ces trois derniers mois, plus développée que les économies allemande, française ou espagnole.
Le conseil des ministres de fin décembre a également approuvé de nombreuses mesures. Les deux plus importantes, selon Giorgia Meloni, concernent l’ex-ILVA et la question des ONG opérant en Méditerranée. L’ex-ILVA est l’une des plus importantes sociétés sidérurgiques européennes, dont le capital est majoritairement détenu par l’État et ArcelorMittal l’un des principaux actionnaires. Giorgia Meloni voudrait accroître sa production, qu’elle estime insuffisante ces dernières années. Elle dit vouloir le faire en respectant les normes environnementales et en augmentant le nombre d’emplois.
La question des ONG en Méditerranée est un des points qui fait le plus polémique. L’objectif serait de mettre fin aux départs des bateaux, en accord avec les pays d’Afrique du Nord. Selon la politicienne, les ONG violent le droit international des sauvetages en mer, parce qu’ils n’ont pas lieu de manière fortuite, et réaliseraient en réalité une espèce de trafic d’êtres humains qui enrichirait « les passeurs sans scrupules ». Giorgia Meloni souligne également la différence entre réfugiés et immigrés. Insistant sur le fait que les réfugiés doivent être accueillis et, point sur lequel elle insiste, distribués à part égales entre tous les pays de l’Union Européenne. Les immigrés quant à eux doivent être d’abord contrôlés et le flux d’immigration doit être géré et réglementé. Le mois dernier, la présidente du conseil avait, lors de sa première participation au conseil Européen, sollicité un conseil extraordinaire qui aura lieu au mois de février, pour pouvoir entre autres débattre de ces questions.
Une réforme que la politicienne a évité de mentionner dans son allocution de fin d’année, diffusée sur Youtube, est celle qui du « Reddito di cittadinanza », une allocation de base, un instrument social qui vient en aide aux sans-emplois. L’année 2023 sera une période de transition et préparera l’abolition complète du reddito pour 2024, malgré les efforts considérables de l’opposition pour éviter ce résultat. La discussion sur cette réforme était d’ailleurs partiellement à l’origine de la chute du gouvernement italien au mois de juillet.
Ces changements seront-ils effectivement positifs et toutes ces réformes apporteront-elles vraiment une amélioration à la vie des Italiens ? Ce sont des questions qu’il faudra certainement débattre. L’entrain avec lequel le nouveau gouvernement veut provoquer la métamorphose de l’Italie par le biais une année de vastes réformes semble cependant évident.