Edmond Libens

Vodka made in Lux(e)

d'Lëtzebuerger Land du 17.01.2014

Voilà un cadeau de Noël qui a eu le mérite de ne pas être candidat à la revente sur Internet : une bouteille de vodka... cent pour cent made in Luxembourg. Du jamais vu ! Quoi, on fabrique de la vodka au grand-duché? L’étonnement de sous le sapin a rapidement laissé place à la curiosité. Il n’en fallait pas moins pour nous pousser à contacter la brasserie Clausel, où est produite cette fameuse vodka Mansfeld, afin d’en apprendre davantage sur ce produit unique dans le pays. Edmond Libens nous reçoit, pas peu fier de présenter son nouveau bébé. Une bouteille en verre sablé, cordon de cuir autour du goulot, à l’image de l’ambition que s’est donné son fabricant : « Nous voulons faire une vodka de luxe. Un produit haut-de-gamme de qualité », précise-t-il.
Pour comprendre comment le Luxembourg fabrique sa vodka, direction les rives de Clausen et la petite brasserie artisanale Clausel, où un nouvel alambic a été installé début 2013, dans la salle de brassage. « Ici, on brasse traditionnellement de la bière. Nos alambics produisant beaucoup de vapeur, on a décidé d’utiliser cette dernière pour fabriquer de la vodka. L’idée est partie de là », explique Edmond Libens, le propriétaire des lieux. Nous sommes alors en 2012 et l’entreprise ne tarde pas à s’équiper en conséquence : une machine des plus performantes venue d’Allemagne – « avec neuf fenêtres de distillation » – et des partenariats avec les agriculteurs du coin pour récupérer de la matière première exclusivement produite au Luxembourg. Un an plus tard, l’aventure démarre pour de bon...
Edmond et ses deux maîtres-brasseurs commencent à distiller leur précieux breuvage avec soin : « La recette exacte reste bien sûr secrète, mais je peux vous dire que l’alcool est distillé de très nombreuses fois et que l’eau que nous ajoutons est totalement pure, le tout étant filtré à froid par nos soins ». Résultat ? Une vodka pleine d’arômes que l’on apprécie sans se « brûler » le palais au moment de la dégustation. Mais pour l’heure, l’équipe ne distille qu’une fois par mois. « Une distillation dure entre six à huit heures et pour l’instant, nous nous en tenons à ça même si notre ambition serait de le faire plusieurs fois par semaine. Une distillation nous permet en tout cas de produire 300 litres de vodka, soit environ 400 bouteilles », indique Edmond Libens.
De la vodka, mais aussi du gin et bientôt du whisky
Ainsi, l’an passé, 5 000 bouteilles ont été lancées sur le marché luxembourgeois. Une petite production que la brasserie entend bien étendre aux pays alentours sans pour autant faire exploser ses chiffres. « Nous préférons faire de petites quantités, mais miser sur la qualité. L’objectif n’est pas de s’attaquer à de gros marchés, mais simplement de remplir une niche », explique Edmond Libens. Jusqu’alors peu amateur de vodka, ce dernier a dû étudier de plus près cet alcool d’origine russe. « J’en buvais de temps en temps, mais sans plus. Là, j’ai commencé à m’investir dans le produit et à m’y intéresser, forcément. Si je devais comparer la vodka Mansfeld en terme de goût, je dirai qu’elle s’approche de la Belvédère, de la Grey Goose, de l’Elit ou de la Beluga. Mais ce sont toutes des grosses productions, nous nous sommes tout petit à côté », confie-t-il en nous conduisant au sous-sol de la brasserie.
C’est ici, entre les tireuses et les fûts de bières, que la vodka Mansfeld est mise en bouteille. « À la main ! », précise le propriétaire. « Il en existe plusieurs tailles, suivant les clients, et nous fournissons aussi nos propres verres, spécialement conçus pour notre vodka ». Juste à côté du stock d’étiquettes et de bouteilles encore vides, une cuve attire notre regard. « Là-dedans, il y a du gin », indique Edmond Libens. Encore une nouveauté ? « Oui, ce sera mis sur le marché courant mars. Et bientôt, nous produirons également du whisky, mais pas avant trois ans, le temps qu’il vieillisse en fûts ».

Salomé Jeko
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