Ce sont deux petits personnages suants, assis sur un banc, au beau milieu de flammes rougeoyantes plus grandes qu’eux. Le premier, placide, dit : « Il fait chaud, pour la saison ». Le second lui répond : « Oh, vous savez, moi… je ne fais pas de politique. » Le dessin est paru dans le quotidien d’informations économiques français Les Échos en 2022, le dessinateur Dubuisson en est l’auteur.
Si on souhaite crisper une réunion de famille, parler du climat et de la protection de l’environnement est probablement l’une des meilleures options. Pourtant, l’écologie est d’abord la science qui permet d’appréhender les relations entre les êtres vivants et leur milieu naturel. Il ne s’agit ni d’un luxe ni d’une lubie, juste de la volonté d’œuvrer pour conserver un monde habitable, pour nous et ceux qui nous succèderont.
Ces derniers jours ont confirmé que ce ne sera pas si simple. Selon l’Administration des services techniques de l’agriculture, qui possède des stations météo dans tout le pays, la température maximale a été atteinte mercredi avec 37,2 degrés au Potaschbierg. Au mois de juin, les records de températures sont tombés un peu partout en Europe : 37,8 degrés à Rochefort (Belgique), 40 à Mannheim, 41,9 près d’Avignon, 46 dans le sud de l’Espagne et au Portugal. La température de la Méditerranée franchit actuellement la barre des trente degrés dans le sud de la France et autour des Baléares. Par endroit, elles dépassent de cinq degrés les normes de saison.
Malgré tout, parler de réchauffement climatique et d’environnement est l’assurance de devenir la cible des populistes. À peine élu en janvier dernier, Donald Trump sortait déjà pour la deuxième fois des Accords de Paris. Mercredi dernier, le leader de la droite française, Bruno Retailleau (LR), a appelé à « stopper le financement des renouvelables ». Parfois, devant l’évidence de réactions irrationnelles, on cale.
Ces derniers jours, Serge Wilmes, le ministre CSV de l’Environnement, du climat et de la biodiversité est resté muet sur la question. Il n’a pas dit un mot sur les extrêmes climatiques que l’on vient de vivre. Des records qui tombent désormais pratiquement chaque année.
Pas une fois le gouvernement a évoqué ces jours-ci la nécessaire adaptation de l’urbanisme. Légalement, aucune température maximale n’a été définie pour éviter l’exposition aux fortes chaleurs des ouvriers sur les chantiers ou dans les cultures. Lorsque l’on se rend compte que les bâtiments ne sont pas adaptés à ces températures, les écoles par exemple, on préfère les fermer. Là non plus, les communes n’ont pas reçu de consignes précises. Le ministère de l’Enseignement a délégué cette responsabilité aux responsables locaux.
Il ne s’agit pas d’un choix, mais d’une démission. Ce laisser-faire a pour conséquence d’exacerber les inégalités sociales. Pour des écoliers, passer une chaude journée à bronzer au bord de la piscine familiale à Strassen, Garnich ou Niederanven n’est pas la même chose que transpirer dans un appartement mal isolé à Differdange, Esch ou Bonnevoie.
Alors que l’exception est devenue la règle, que les incidences du changement climatique deviennent critiques pour la santé, on ne devrait plus être dans l’improvisation. Le climat se réchauffe bien plus vite que les scientifiques du GIEC l’avaient prévu, il est temps de s’y préparer sérieusement. À quoi bon défendre militairement un continent devenu inhabitable ?