Gestion des déchets

Le Luxembourg, un bon élève qui peut mieux faire

d'Lëtzebuerger Land du 17.08.2012

Le Luxembourg parvient en septième position dans le classement des États européens gérant le mieux leurs déchets municipaux. La Commission européenne a en effet, dans un rapport rendu public le 7 août, distribué bons points et bonnets d’âne aux États membres de l’Union en matière de gestion des déchets. Meilleurs élèves de la classe, l’Autriche et les Pays-Bas totalisent 39 points et un seul drapeau rouge parmi les dix-huit critères évalués. En revanche, la situation est moins idyllique dans une dizaine de pays et, dans l’ensemble, les performances de l’Union européenne restent médiocres.

Des résultats européens décevants « Le tableau qui se dégage de cette étude confirme mes craintes », a constaté d’emblée le commissaire européen à l’Environnement, Janez Potocnik. En cause, les plus mauvais élèves de la classe européenne que sont la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, l’Estonie, la Grèce, l’Italie, la Lituanie, la Lettonie, Malte, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie. Les manquements constatés concernent notamment l’absence ou l’insuffisance des mesures de prévention des déchets, le manque d’incitations à empêcher leur mise en décharge, et l’insuffisance d’infrastructures de gestion. « De nombreux États membres continuent de mettre en décharge d’énormes quantités de déchets municipaux, ce qui est la pire des solutions de gestion des déchets, alors qu’il existe d’autres possibilités qui sont préférables et qui peuvent être financées par les Fonds structurels », a déploré Janez Potocnik. La Commission va donc prendre des mesures et établir des feuilles de route pour les dix États membres les moins performants.

Ces manquements sont d’autant plus alarmants pour la Commission que, d’après ses calculs, la mise en œuvre de la législation européenne relative aux déchets permettrait d’économiser 72 milliards d’euros par an, d’augmenter le chiffre d’affaires annuel du secteur de la gestion et du recyclage des déchets de 42 milliards d’euros et de créer plus de 400 000 emplois d’ici à 2020. D’où l’importance que les États récalcitrants jouent le jeu.

Luxembourg : de bons résultats mais quatre drapeaux rouges « La septième place est, plus ou moins, là où on pensait se trouver ». Sans surprise pour Robert Schmit, du ministère du Développement durable et des Infrastructures, le Luxembourg, avec ses 33 points, fait parti du club très prisé des dix États membres qui réalisent les meilleures performances. Le pays obtient notamment de bonnes notes dans la mise en place du recyclage des déchets municipaux, la quantité de déchets éliminés ou encore le taux de mise en décharge des déchets biodégradables. Le rapport relève d’ailleurs que le grand-duché n’a jamais fait l’objet d’un litige engendrant une saisine de la Cour de justice européenne pour non respect de la directive-cadre « déchet » ou de la directive « décharges ».

Le Luxembourg a cependant des lacunes sur cinq des dix-huit critères évalués, ce qui lui vaut quatre drapeaux rouges et un jaune – par opposition aux drapeaux verts obtenus sur tous les autres critères. Le premier des drapeaux rouges tient au faible degré de dissociation entre la production de déchets municipaux et la dépense de consommation finale des ménages luxembourgeois. Là encore, Robert Schmit n’est pas étonné : « La production de déchets, souligne-t-il, est fonction du niveau de vie et nous avons un niveau de vie très élevé. De plus, ce qu’oublient de dire ces statistiques, c’est que notre situation est atypique. Nous avons une population de 500 000 personnes qui, chaque matin, augmente de 150 000 transfrontaliers qui produisent, eux aussi, des déchets. Cela augmente considérablement le nombre de déchets produits par habitant ».

Le second drapeau rouge concerne la prévention. Les initiatives telles que l’accord signé entre le ministère de l’Environnement et l’asbl Valorlux pour remplacer les sacs plastiques d’achat par des éco-sacs à usage multiple ne sont pas suffisantes pour remplir les objectifs européens en terme de prévention. Un nouveau programme est donc actuellement à l’étude et devrait voir le jour courant 2013. Il devrait s’agir d’une actualisation, d’une précision des mesures existantes. Cependant, Robert Schmit ne se fait guère d’illusions : « Il y a beaucoup d’actions de prévention sur lesquelles nous avons peu d’influence. Prenez l’exemple des emballages de produits. La majorité des produits que l’on consomme sont importés, notamment de la Belgique. Nous n’avons pas d’influence à ce niveau. C’est au niveau des mesures concrètes, locales que nous pouvons agir ». Les deux derniers drapeaux rouges attribués concernent l’existence de prévisions de qualité sur la production et le traitement des déchets municipaux. Cependant, aucun risque de surcapacité ne semble à craindre au Grand Duché qui, s’il a encore une marge de progrès, a fait des efforts considérables depuis les années 1970, où les décharges communales étaient la norme, pour se hisser en modèle dans la gestion des déchets.

Barbara De Vos
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