Blog du 20 juin 2025

d'Lëtzebuerger Land du 20.06.2025

Tout va très bien, monsieur le Premier ministre !

« Et ka ganz gutt sinn, datt ech spadséiere ginn. (…) Ech gi ganz gären an d’Natur spadséieren », a répondu le Premier ministre, vendredi dernier, à un journaliste s’enquérant s’il avait quelque chose de prévu le 28 juin, jour de la grande manifestation. Dans la logique technocratique qui est celle Luc Frieden (CSV), la rue ne compte plus parmi les variables dont il faut tenir compte. Ce qui pourrait être un très mauvais calcul politique. Car le CEO voit sa cote de popularité dévisser de dix points de pourcentage, dans le Politmonitor publié cette semaine par le Wort et RTL. Dans le hitparade des politiciens jugés les plus « sympathiques » et « compétents », Luc Frieden n’atterrit plus qu’à la huitième place. Un déclassement inédit, pour un Premier ministre luxembourgeois. 1024 électeurs ont été interrogés entre le 18 mai et le 3 juin, c’est-à-dire dans les deux semaines qui ont suivi le discours sur l’état de la nation. Les « Stoussrichtungen » qu’y a présentées Frieden ne semblent pas avoir convaincu. L’augmentation de la durée de cotisation bute ainsi sur une large opposition. Plus étonnant, dans un pays qui a la phobie des conflits, soixante pour cent des sondés répondent par « jo, sécher » ou « jo, éischter » à la question s’ils « trouvent bien » que les syndicats appellent à manifester. (Même parmi les électeurs du DP, ils seraient 45 pour cent.) L’opposant interne Marc Spautz est le seul politicien du CSV à voir sa cote monter. « Ass et net kloer hannert weem d’Vollek steet ? », lui demande-t-on dans la matinale de RTL-Radio ce mercredi. Suivi par : « Wäert Dir net de besser Aarbechtsminister gewiescht ?» Le chef de fraction s’est efforcé d’avoir le triomphe modeste et de minimiser le sondage désastreux pour le gouvernement et son parti : « D’Kommunikatioun ass net gutt gelaf ». Mais Spautz a aussi pris de l’assurance : Il ne pourrait s’imaginer qu’après l’avis du Conseil d’État, le projet de loi sur le travail dominical passe en l’état. Dans l’émission Background, son adversaire interne, le ministre du Travail Georges Mischo (CSV), avait esquissé, il y a deux semaines, le début d’un revirement. Il faudrait « se prendre le temps » pour rediscuter au fonds le projet de loi, tant au gouvernement et dans les fractions, qu’avec les partenaires sociaux. Quitte à ce que la procédure législative s’allonge de « deux, trois, quatre, cinq, six mois ». bt

Kersch Insight

L’ancien Vice-Premier ministre socialiste Dan Kersch (63 ans) s’est reconverti dans la consultance. En novembre, il a enregistré une Sàrl simplifiée, qu’il a baptisée « Strategos Insight » et dont il est l’associé unique. Dans ses statuts, la société se donne pour objet « la prestation de conseil, de formation et d’accompagnement en matière politique, administrative et organisationnelle ». Elle propose ainsi de développer des « stratégies personnalisées », notamment « l’identification des opportunités et menaces ». Parmi les premiers clients de Strategos, on retrouve Luxair. Dan Kersch confirme avoir conseillé la direction de la compagnie aérienne durant les négociations de la convention collective, signée en février. Il l’a fait discrètement, sans jamais apparaître à la table des négociations. Le LCGB et l’OGBL disent ainsi ne pas avoir été au courant du rôle joué dans les coulisses par l’ex-ministre. (Dan Kersch et le CEO de Luxair, Gilles Feith, se connaissent de leur vie précédente : Il y a onze ans, le premier a nommé le second à la tête du CTIE.) En ce qui concerne ses clients potentiels, Strategos Insight ratisse très large. Les statuts énumèrent les entreprises comme les syndicats, les partis politiques comme les ASBL, sans oublier les ministères et les « administrations étatiques et/ou communales ». Lorsqu’on lui demande qui sont ses clients, Dan Kersch répond qu’il n’y en aurait jusqu’ici que « très peu ». Il ne pourrait pas dire pour qui il travaillera à l’avenir ; d’abord parce qu’il ne le saurait pas, ensuite « well et jo och vläit Leit gëtt, déi net wëllen, datt dat bekannt ass ». De toute manière, il compterait profiter de sa retraite et n’accompagner que des projets « en accord avec [s]es valeurs » et représentant « une plus-value sociale ». La consultance de l’ex-ministre du Travail se concentre sur le droit du travail. Kersch est ainsi devenu membre de l’Employment law specialists association. Dan Kersch vient d’être agréé médiateur et explique suivre une formation « enquêteur harcèlement moral et risques psychosociaux ». Il est le dernier exemple en date d’une série d’ex-ministres socialistes reconvertis dans la consultance, que ce soit Lucien Lux (Minga Sàrl, 175 000 euros de bénéfice en 2023), Jeannot Krecké (Key International Strategy Services, 46 000 euros) ou Etienne Schneider (Beta Aquarii, 5,9 millions d’euros). bt

Insatisfaite

Le promoteur Qubiq a été débouté mardi de sa plainte en diffamation contre Reporter.lu, son rédacteur-en-chef, Christoph Bumb, et sa journaliste, Véronique Poujol. Cette dernière (en fait la plus exposée du fait de la responsabilité qui incombe à l’auteur des propos incriminés) ne se satisfait néanmoins pas de son acquittement. « L’absence de conséquences pour les auteurs de procédures-bâillons est regrettable. On attendait un signal courageux, on est déçu », note Véronique Poujol sur les réseaux sociaux. En effet, les juges ne l’ont pas suivie dans sa demande de condamnation pour procédure abusive et dommage moral (5 000 euros). Ce qui aurait aussi pu dissuader ceux qui envisagent des procédures-bâillons. Les juges relèvent que Qubiq a sollicité la remise de l’affaire à plusieurs reprises, que la société ne s’est pas fait représenter à l’audience de plaidoiries, que cela « soulève des critiques et traduit une certaine désinvolture », mais « il ne saurait pour autant être conclu qu’elle a nécessairement agi par malveillance ou mauvaise foi dans le seul but de nuire ». Qubiq est néanmoins enjointe de verser mille euros d’indemnités de procédure à la journaliste. pso

Im Zweifel für den Schutz

Der Service centrall d’assistance sociale, (Scas) der in den letzten Wochen im Rahmen einer mediatisierten Affäre sexuellen Missbrauchs in die Kritik geriet, war am gestrigen Donnerstagmorgen Thema im Justizausschuss. Die Staatsanwaltschaft, vertreten von David Lentz, John Petry, Simone Flammang und Georges Oswald, erklärte die Vorgehensweise des Scas im Falle einer Ermittlung. Sie bestätigten, dass kein Automatismus besteht, der mutmaßliche Täter im Falle eines Materialfundes, das sexuellen Kindermissbrauch zeigt, präventiv von ihren minderjährigen Kindern entfernt. Die Risikoeinschätzung erfolgt case by case, nachdem sich die Sozialarbeiter mit dem Umfeld des Kindes befasst haben. Die Staatsanwaltschaft ist nicht der Meinung, dass ein solcher Automatismus gerechtfertigt ist. Sam Tanson (Grüne) schlug eine Reflektion über diese Vorgehensweise vor – am besten mit wissenschaftlicher Begleitung. sp

Bernard Thomas
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