Vol(t)age

Du magic circle au magic corner

d'Lëtzebuerger Land du 22.01.2016

Il semble que depuis quelque temps, le quartier Gare haute – Pétrusse, autrefois synonyme d’ambassades, maisons de maître et désert commercial soit en train de devenir un nouveau pôle d’attraction créatif de la capitale. En effet, on voit s’y installer depuis quelques mois bureaux de designers, coiffeurs haut de gamme, salons de tatouages et boutiques branchées, à l’instar de Vol(t)age, qui a élu résidence au carrefour des deux Michels – Welter et Rodange – depuis fin 2015.

Le projet Vol(t)age n’en est cependant pas à ses balbutiements : la marque a en effet vu le jour dès 2011 grâce à la collaboration de deux sœurs expertes et complices, Claudine et Stéphanie Grisius. Ces deux passionnées de mode créent alors une pièce unique, désormais emblématique et cependant déclinable : l’écharpe « V » Neck, pliée en triangle et composée d’un patchwork de six pièces de tissus de grande qualité – soie, velours… Fortes du succès de cette première production, réalisée en parallèle de leurs vies actives respectives, les sœurs Grisius mûrissent petit à petit, d’année en année, ce qui les amènera à faire de Vol(t)age une vraie marque de prêt-à-porter contemporaine et grand-ducale, entreprise couronnée par l’ouverture d’une superbe boutique en décembre dernier.

Celle-ci est menée par la très enthousiaste Claudie, qui s’est résolue à tenter le tout pour le tout en quittant son activité d’associée au sein d’un grand cabinet d’avocats américain pour se consacrer à Vol(t)age. Et une chose est sûre, c’est qu’on sent qu’elle a fait le bon choix tant l’élégante directrice semble se sentir chez elle et heureuse dans son nouvel espace de travail : « Je suis absolument ravie du résultat, je suis sous le charme de notre boutique ! C’est un endroit qui stimule ma créativité et où je ressens un vrai confort… ». Il faut dire que l’aménagement et l’architecture intérieure de la boutique-atelier Vol(t)age, confiés au très expert Jean-Claude Lazard, dament le pion à bien d’autres boutiques, pourtant plus pompeuses, de la ville haute. Le béton apparent et le noir mat industriel dominants y sont ainsi soulignés par quelques touches savamment réparties de jaune vif ainsi que par d’élégants miroirs vénitiens des années 50, un superbe lustre en albâtre et bronze de style Empire et un palmier à l’extérieur donnant au tout un petit coté South Beach aussi exotique qu’agréable pour le quartier.

Ce quartier, qu’elle qualifie volontiers de « Williamsburg à la Luxembourgeoise », Claudie l’a choisi avec soin tout autant que le reste, car c’est un quartier qui l’inspire et qu’elle apprécie tout particulièrement. Bien moins cliché que les rues piétonnes de l’hyper-centre, mais figurant tout de même un charme architectural certain, c’est là qu’elle a craqué sur ce coin de bâtiment, en rénovation à l’époque : « Je ne me voyais plus ailleurs, c’était là que j’allais créer, même si les travaux s’annonçaient assez longs ». L’adversité semble être en effet pour la jeune quadragénaire luxembourgeoise tout sauf un frein, une attitude positive qu’elle a souhaité retranscrire dans sa collection avec le silver lining identitaire de Vol(t)age, un petit liserai argenté arboré sur toutes les créations de la marque. Des créations que Claudie dessine toutes dans son nouvel atelier et qu’elle a voulues tantôt fluides et douces, tantôt métalliques et sophistiquées comme ce blazer or et noir qui aurait tout à fait pu sortir de l’esprit d’Alber Elbaz. Les deux sœurs ont également pensé aux hommes avec des sweats philosophiquement simples et ont tenu à accorder un espace à des accessoires d’autres créateurs comme les sacs à main Le Facette ou les bijoux by boe. Mais ce sont évidemment ses pièces, produites chez des partenaires de confiance en Europe, mais « designed in Luxembourg » dont Claudie est la plus fière…

Le coté volage de la marque luxembourgeoise semble ainsi avoir enfin pris le (t) de Témérité, et il est plus que probable que ce que nous réserve Claudie Grisius pour 2016 – le mot défilé a été discrètement prononcé – soit aussi électrique que sa pétulante personnalité !

Fabien Rodrigues
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