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Wikimedia teste le P2P pour les vidéos

d'Lëtzebuerger Land du 30.09.2010

Cela faisait quelques années que Wikimedia, la fondation qui gère Wikipedia, cherchait un moyen d’augmenter le nombre de vidéos présentes sur ses pages. En même temps, il lui fallait trouver un moyen de réduire le coût de la distribution de clips vidéo, incomparablement plus gourmande en bande passante que celle de textes et d’images. Association à but non lucratif, Wikimedia se devait de trouver une solution bon marché, sous peine que la diffusion de fichiers audiovisuels ne pénalise lour-dement d’autres projets de la fondation. Elle a lancé en mars dernier une campagne pour inciter les internautes à uploader davantage de vidéos sur ses pages, afin d’enrichir leurs contenus. On a appris cette semaine que la fondation a finalement accep-té l’offre du groupe P2P-Next de tester ses outils de partage de fichier pour réduire les besoins en bande passante liés à ce projet. Ceux qui acceptent de participer à cette expérience seront invités à partager une partie de leur bande passante à des fins de diffusion des contenus au plus grand nombre.

Les outils courants de P2P, dont les torrents, ont toutefois du mal à streamer les clips vidéos, car ils se contentent de diffuser les différents segments de fichier dans un ordre arbitraire, chaque ordinateur de l’essaim se chargeant de reconstituer le fichier original au fur et à mesure qu’il reçoit les paquets qui le constituent. Très efficace pour le téléchargement, cette technologie ne peut être utilisée, en tout cas pas seule, pour accélérer la diffusion de fichiers vidéo sur le Net. L’idée de P2P-Next, le très ambitieux projet de l’université de technologie de Delft aux Pays-Bas, qui a reçu 15 millions d’euros de financement public de l’Union européenne, est d’adopter un protocole légèrement différent de celui des torrents, capable de diffuser les contenus en streaming, tout en profitant de la bande passante offerte par les téléchargeurs. P2P-Next espère à terme supplanter la « télévision de papa », en lui substituant des réseaux streamant toutes sortes de contenus audiovisuels, y compris en haute définition, et faisant appel au potentiel du P2P.

Pour amorcer la pompe, P2P-Next a imaginé que premiers éléments d’un film, ceux sans lesquels l’ordinateur ne peut même pas lancer sa projection, seraient importés en utilisant le protocole standard du Net, le http. Une fois la projection du film enta-mée, les parts manquantes du film sont transmises vers l’ordinateur de l’internaute participant dans l’ordre, en recourant à Swarmplayer, un « add-on » intégré au navigateur, qui fait appel lui-même à la méthode des BitTorrents. Cela signifie que si un internaute visionne un clip vidéo sur Wikimedia et laisse ouvert ensuite son client Swarmplayer, il aidera auto-matiquement les autres internautes à accéder plus rapidement au clip. Au lieu de devoir acheter de la bande passante, Wikimedia utilise celle de ses utilisateurs. Pour permettre à chaque internaute de contrôler de manière fine comment est mise à contribution sa bande passante, une interface sert à régler les conditions de l’upload.

Mais pour P2Pnext, tout cela n’est qu’un début. À terme, pensent ses fondateurs, les réseaux P2P s’avéreront les plus forts et les plus résilients pour diffuser des contenus audiovisuels en haute définition, et à un coût défiant toute concurrence pour le consommateur final, puisque c’est lui-même, à travers son accès Internet, qui apporte la bande passante requise. « Même si vous n’envoyez rien, l’utilisation de l’add-on aide à distribuer la charge en jouant la vidéo depuis le réseau P2P », explique P2P-Next. Dans l’absolu, ce projet pourrait s’avérer en mesure de disputer aux sites, tels que YouTube et DailyMotion, leur rôle central dans la diffusion sur le Net de clips vidéo, grâce au recours à l’OpenSource et à son modèle non commercial, dont un avantage non négligeable est qu’il permet d’échapper aux envahissantes publicités.

Jean Lasar
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