Assemblée générale de RTL Group

Dividendes lénifiants

d'Lëtzebuerger Land du 19.04.2007

Jamais une assemblée générale annuelle des actionnaires de RTLGroup n’avait été aussi courte. Du moins depuis le conflit entre lesgrands et les petits actionnaires né en 2001 après l’échange de participations entre Albert Frère, désormais sorti du capital du groupe audiovisuel, et Bertelsmann, qui détient 90 pour cent de la société. Siegfried Luther, le président du conseil d’administration de RTL Group, s’est étonné lui-même, à la fin de l’AGO ce mercredi, de la rapidité avec laquelle elle fut liquidée. Un peu plus d’une heure chrono. Et comble de la félicité pour cet homme très proche de la famille régnante chez Bertelsmann, pas un seul vote négatif n’afait d’ombre cette année au bilan des dirigeants de RTL Group. La société a dégagé en 2006 un bénéfice net de 214 millions d’euros et distribue à ses actionnaires la coquette somme de 464 millions d’euros.

Il n’y a pas de plus puissant sédatif pour soulager les contrariétés despetits porteurs ou même les démagaisons des plus grands capitalistes.Le seul réfractaire « nonniste », parmi les 18 actionnaires présents oureprésentés à l’assemblée, a vu son vote par procuration invalidé. Lesautres « petits» se sont généralement contentés de l’arme abstentionniste, sauf pour l’approbation du dividende record à trois euros bruts par action. Là, malgré le contentieux judiciaire encore pendant devant la Cour de cassation à Luxembourg, l’orgueil fut mis en veilleuse et les « oui » ont jailli de leur bouche, quasi unanimement.

Seule la société d’investissement BIP Investment Partners a joué la carte de la dignité et de la cohérence en s’abstenant systématiquement sur les sept points à l’ordre du jour, y compriscelui du dividende. 

C’est dans cet environnement pacifié à l’extrême avec des actionnaires moutonniers, voire apathiques, que s’est tenue la grande messe annuelle de RTLGroup : petits-fours Oberweis après la réunion, mais pas de vrai champagne, dirigeants affables assurantque « RTL reste la pierre angulaire de Bertelsmann » et aimablesattentions envers les petits actionnaires. Une table avait été plantéedans la salle de réunion recouverte de produits de la diversification du groupe de communication : DVD der séries TV, jeux vidéos, presse TV et gadgets en tout genre. Le public a apprécié en repartant avec des sacs en plastiques bourrés à raz bord de ces objets de communication. 

L’absence des personnalités qui ont été à la pointe de la fronde anti-Bertelsmann dans les procés en cours a sans doute contribué à l’apaisement de l’ambiance, qui fut déjà palpable à l’AG de 2006. Alain Georges, président de BIP Investment Partners n’assistait pas en personne à l’assemblée. 

Audiolux, autre « gros » parmi les minoritaires, a voté par procuration. D’ailleurs, grande nouveauté 2007 – mais souhait exprimé lors de la précédente AGO – l’identité des actionnaires par procuration et le choix de leur vote ont été rendus publics, conformément aux règles et aux engagements de gouvernancedont se réclame la société. Parmi ces actionnaires, on notait la présence de Axa Belgium avec 479 009 titres représentés et de Pathé avec un minuscule portefeuille de 50 actions.

Le bilan consolidé 2006 de RTL Group a toutefois montré que même si le groupe a renouvellé jusqu’en 2020 son engagement envers le Luxembourg en signant les accords de concessions avec le gouvernement, les sujets d’inquiétudes pour la « substance » du site grand-ducal ne manquent pas. Les chiffres relèvent ainsi que le centre de profits Luxembourg a dégagé en 2006 un chiffre d’affaires de 79 millions d’euros (110 millions en 2005) et un résultat d’exploitation avant impôts et amortissements (EBITA) de trois millions (-81 p.c.). La chute des résultats provient de l’activité enberne de CLT-UFA International (EBITA négatif de deux millions), qui gère uncatalogue de films et de programmes TV. 

Le rapport annuel évoque la décision de liquider à terme ses activités. Les autres activités luxembourgeoises (RTL Radio et RTL Télé Lëtzebuerg ainsi que BCE) ont dégagé un chiffre d’affaires enhausse (+12 p.c) à 65 millions d’euros et un EBITA de cinq millions(trois millions en 2005).  

 

Véronique Poujol
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