L’historiographie économique au Luxembourg

Entre quantification, personnalisation et autoportrait

d'Lëtzebuerger Land du 09.11.2018

En novembre 2015 se sont tenues les sixièmes assises de l’historiographie luxembourgeoise consacrées à l’« Histoire du temps présent – bilan et perspectives » dont une session fut dédiée à l’histoire économique – et sociale – du pays. Cet article s’appuie en partie sur une contribution faite dans ce contexte. Un événement d’actualité renforce l’intérêt de s’interroger sur la place de l’histoire économique dans l’historiographie luxembourgeoise, à savoir le vote récent de la loi sur l’archivage (d’Land, 28.09.2018). En fait, c’est la disponibilité et l’accessibilité des sources qui déterminent – et cela même largement – l’orientation des travaux scientifiques et académiques. Dans ce qui suit on s’intéressera aux questions suivantes : qui écrit l’histoire économique du Luxembourg, comment l’écrit-on et quels thèmes sont traités.

Les pionniers 

À vrai dire les premières publications qui mettent l’évolution économique du Luxembourg en perspective sont des ouvrages statistiques, c’est-à-dire quantitatifs. En 1889, pour célébrer les cinquante ans de l’indépendance du Luxembourg, commence la publication d’une série de statistiques (surtout administratives) concernant l’agriculture, l’industrie, les administrations fiscales, l’hospice central d’Ettelbrück (d’ailleurs une des contributions les plus intéressantes), rassemblés sous le titre de Statistiques historiques. La publication de ces fascicules va s’étirer jusqu’en 1908. Par ailleurs, La Chambre de commerce publie des statistiques et des commentaires sur l’agriculture, la production industrielle, sur les transports… En 1900 est créée la Commission permanente de statistiques en tant qu’organisme spécifique. Elle publie plutôt des statistiques agricoles et démographiques, mais la Commission effectue dès 1907 une enquête économique… d’ailleurs un peu sous-exploitée par les historiens luxembourgeois.

Jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale, c’est-à-dire de 1900 à 1945, les thèmes économiques font l’objet d’analyses éparses et les pionniers sont plutôt des économistes, parmi lesquels Albert Calmes (Zollverein, système monétaire) ; Berkenkopf, Faber, Ungeheuer (sidérurgie) ; Jérôme Anders (évolution économique générale, tourisme) ; Schmithüsen (agriculture) ; Emile Majerus (chemins de fer à section normale).

De 1945 au milieu des années 1950, l’histoire économique au Luxembourg connaît un premier essor avec les ouvrages généraux sur l’histoire de l’économie luxembourgeoise rédigés encore par des économistes, comme Carlo Hemmer (1948, 1953), Paul Weber (1950), Rolf Bühlmann (1949, sidérurgie et mines de fer) et surtout Pierre Lecoeur (1950) avec sa thèse de doctorat intitulée Histoire économique, monétaire et financière contemporaine du Grand-Duché de Luxembourg, 1913-1949 (Faculté de Droit, Université de Nancy, 1950).

Dans les années 1960-1975, c’est Gilbert Trausch qui est le véritable pionnier en matière d’histoire économique parmi les historiens. Il publie en 1967 et 1968 une série d’articles sur l’agriculture luxembourgeoise dans la revue Hémecht dans lesquels l’élément quantitatif (statistique) est très présent. Et c’est une nouveauté pour les historiens au Luxembourg. Le manuel scolaire Le Luxembourg à l’époque contemporaine, du partage de 1839 à nos jours (1975) et les Contributions à l’histoire sociale de la question du Luxembourg. 1914-1922 (1974) sont très « économiques » dans leur approche. Puis il y a une césure dans la production de Gilbert Trausch. La question nationale et la question européenne prédominent dorénavant.

L’économiste Raymond Kirsch a réalisé une contribution innovante à l’histoire économique quantitative – ou plutôt « cliométrique » – expérience qui n’a pas réellement été reproduite depuis. Travaillant au Statec pour une courte période au début des années 1970, il réalise en 1971 un travail quantitatif de référence sur la croissance de l’économie luxembourgeoise. Il se base sur les comptes nationaux entre 1950 et le début des années 1970, en fondant son travail empirique sur des éléments théoriques. Parmi les travaux des économistes en histoire économique, il faut évidemment aussi évoquer les travaux socio-économiques de Gérard Trausch qui, contrairement à ses travaux démographiques, sont moins quantitatifs que conceptuels (pour ne pas dire théoriques) et qui utilise les « faits » pour illustrer le cadre conceptuel, ce qui fait d’ailleurs leur intérêt.

Dans ce contexte, on peut relever que l’approche historique des économètres est limitée par le fait que les longues séries de comptabilité nationale (qui est censée rassembler l’ensemble des éléments représentant une économie nationale) – si elles existent – se limitent à des séries basiques (comme le PIB ou l’emploi) et ne permettent souvent qu’une analyse qui ne dépasse pas une dizaine ou une quinzaine d’années. Ceci est dû en grande partie aux révisions méthodologiques qui affectent régulièrement les comptes nationaux.

Du point de vue des historiens, l’histoire économique proprement dite entre un peu en hibernation pendant une dizaine d’années entre 1975 et le milieu des années 1980. Puis Charles Barthel travaille sur les infrastructures (mémoire de maîtrise sur le réseau Prince-Henri en 1983 et mémoire de fin de stage pédagogique sur l’infrastructure routière au XIXe siècle en 1986). Claude Wey publie en 1990 et en 1991 des contributions sur l’évolution économique (et la crise) dans l’entre-deux-guerres (articles parus dans la revue Hémecht) et sur les « Silver Fifties luxembourgeois » (article publié en 1999 dans un volume collectif du Musée d’histoire de la Ville).

Les « colloques Meuse-Moselle » qui se sont tenus dans la deuxième moitié des années 1990 à Namur ont également donné une impulsion. Dans les actes des colloques, Monique Kieffer publie en 1997 une contribution sur la sidérurgie au Grand-Duché de Luxembourg de 1840 à 1960, alors que Jacques Maas fait paraître dans le même volume une contribution sur la participation des intérêts belges à l’industrie sidérurgique luxembourgeoise et sarroise (1860-1914). En 1994, Maas publie encore un article innovant sur la question de la concession minière de Thyssen de 1912 (Hémecht).

À noter quelques publications connexes à l’histoire économique et sociale qui font date. Antoinette Lorang publie en 1994 une très belle étude sur le logement ouvrier (Luxemburgs Arbeiterkolonien und billige Wohnungen : 1860-1940). Et, en 1992, les contributions de Marc Lentz, Jacques Maas, Jean-Marie Majerus, Denis Scuto, Raymond Steil, Janine Wehenkel-Frisch sur les syndicats et le mouvement ouvrier font date (75 Joer fräi Gewerkschaften. Contributions à l’histoire du mouvement syndical luxembourgeois, OGBL, Esch/Alzette, 1992).

Il convient cependant de ne pas oublier les travaux des économistes travaillant au Statec, respectivement pour les organismes statistiques ayant précédé le Statec, à commencer par Jérôme Anders, en passant par le très prolifique Georges Als (qui a touché à une panoplie impressionnante de sujets), Guy Schuller (qui a ouvert le chemin dans beaucoup de domaines), Jean Langers (dans le domaine socio-économique) et cetera. Tous ces scientifiques avaient le souci de la mise en perspective historique.

Le choix des thèmes

Le monde académique ayant été très restreint avant la création de l’Université du Luxembourg en 2003 et les programmes de recherche structurés faisant complètement défaut avant la création du Fonds national de la recherche (FNR) en 1999, les caractéristiques des historiens et économistes luxembourgeois (leur formation, leurs réseaux, et cetera) et leurs préférences (personnelles) furent souvent déterminantes pour la production historiographique. La sidérurgie, considérée longtemps – à juste titre – comme la force motrice de l’économie, fut évidemment un thème de prédilection de la plupart de ceux qui ont publié dans le domaine de l’histoire économique.

Tout se passe d’ailleurs comme si la sidérurgie eût absorbé toute l’énergie, tout le potentiel des chercheurs. Les petites et moyennes industries – dont beaucoup ont périclité dans l’entre-deux-guerres, suite à la réorientation économique du pays – sont restées un peu dans l’ombre, même si dans des brochures d’associations locales éditées à l’occasion d’anniversaires ou de commémorations on peut trouver des pépites qui ont fait ou font avancer les connaissances dans ce domaine. Font pratiquement totalement défaut les travaux en histoire sur le secteur économique des services (à l’exception de quelques contributions sur les transports et notamment les chemins de fer) ; un secteur des services qui représente aujourd’hui près de 90 pour cent de la valeur ajoutée produite.

Il y a certes un ou deux ouvrages historiques bien faits sur les banques. Parmi ces contributions on peut relever le très intéressant ouvrage collectif – d’ailleurs basé en partie sur des sources d’archives de la société – paru en 1995 sous la direction de Gilbert Trausch (Belgique-Luxembourg : les relations belgo-luxembourgeoises et la Banque Générale du Luxembourg, 1919-1994, Luxembourg, BGL, 1995). Également en 1995 a été publié un ouvrage de Gilbert Trausch et de Marianne de Vreese intitulé Luxembourg et les banques : de la révolution industrielle au septième centre financier mondial (Banque Indosuez, 1995). Mais l’essentiel reste à faire dans ce domaine.

Comme le montrent ces exemples, les thèmes choisis dépendent également de la commande. Avant les financements publics que permet le Fonds national de la recherche et l’Université du Luxembourg ce sont les entreprises, les chambres professionnelles, les fédérations d’entreprises, les syndicats ou les associations qui sont le plus souvent les commanditaires de travaux de recherche. Que le résultat soit souvent assimilable à un autoportrait (d’une personne, d’une entreprise, d’une association d’entreprises) n’a donc rien d’étonnant. Mais l’autoportrait peut contenir des éléments de compréhension et même de rigueur scientifique si le commanditaire a une vue un peu distanciée sur lui-même ou sur son entreprise. Ce qui devrait d’ailleurs correspondre à une certaine normalité, un responsable étant supposé prendre un peu de recul par rapport à la gestion au jour le jour.

Finalement, un aspect essentiel du développement économique n’a été que peu analysé d’un point de vue historique. À savoir l’histoire des institutions publiques et de la législation qui constituent le cadre de ce développement. C’est un champ d’investigation qui pourrait faire l’objet d’une attention plus poussée.

Les césures institutionnelles et organisationnelles

Paradoxalement, c’est au moment où le secteur des services – et notamment les banques – prennent leur essor dans les années 1980 que l’histoire de la sidérurgie est littéralement « boostée » par le fait que les archives de l’Arbed commencent à s’ouvrir. À partir de 1989, ces archives sont transférées aux Archives nationales. Il s’agit de 4,5 kilomètres de rayonnages. C’est à la fois une chance et un défi. Car cette masse pose la question des moyens disponibles pour le classement et l’établissement des métadonnées.

Pratiquement en même temps, sous l’impulsion de Gilbert Trausch, le Centre d’études et de recherche européenne Robert Schuman (1990) est créé. D’abord concentré sur l’histoire politique européenne, la focalisation sur l’histoire industrielle se cristallise par la suite, tout en conservant l’angle de vue européen. Dans ce contexte c’est le travail individuel de Charles Barthel (nombreux articles sur la sidérurgie et la construction européenne) aboutissant à sa thèse de doctorat de 2004 publiée en 2006 (Bras de fer : les maîtres de forges luxembourgeois entre les débuts difficiles de l’UEBL et le Locarno sidérurgique des cartels internationaux 1918-1929) qui reste incontournable. Puis, le « Projet Terres Rouges » génère cinq excellents volumes parus de 2009 à 2018 dans la série Terres rouges. Histoire de la sidérurgie luxembourgeoise (ed. Charles. Barthel, Josée Kirps).

Dans ces volumes on trouve des textes innovants : Charles Barthel et Michel Kohl sur la concentration des usines luxembourgeoises avant la première guerre mondiale ; Paul Feltes sur la sidérurgie luxembourgeoise dans les années 1929-1939 ; Gérald Arboit sur les soubresauts de la Grande guerre et sur le financement de la sidérurgie luxembourgeoise de 1911 à 1940 ; un article sur ce que Charles Barthel appelle la « crise des Golden Sixties » ; un article de Stéphanie Kovacs sur les relations entre maîtres de forges, autorités communales et instances gouvernementales à l’époque de l’industrialisation ; une contribution de Mohamed Hamdi sur la sidérurgie au Luxembourg pendant la Première Guerre mondiale ; ou encore un texte de Marie Bastian sur l’histoire de l’usine d’Esch de 1911 à 1939.

Finalement dans le même contexte on peut citer un ouvrage édité par Charles Barthel en 2014 (Les mutations de la sidérurgie mondiale du XXe siècle à nos jours) avec notamment une contribution de Veit Damm sur la crise de la sidérurgie régionale dans les années 1970 et une contribution de Gérald Arboit sur la Columeta, l’organisation de vente de l’Arbed.

Une nouvelle césure institutionnelle intervient en 2017-2018, avec, d’une part, la création du Centre for Contemporary and Digital History (C2DH) et, d’autre part, le vote de la sur l’archivage. D’après la (re)présentation que (se) fait le C2DH (de) lui-même, son profil de recherche reflète une des missions confiées à l’Université du Luxembourg à savoir de produire de nouvelles connaissances en histoire contemporaine en étudiant les phénomènes et processus qui ont profondément affecté le pays et ceux qui par leur caractère comparatif vont au-delà de la perspective nationale. Il est plus intéressant de noter qu’à côté des migrations, des deux guerres mondiales, le développement du Luxembourg comme État-nation, comme État-providence et comme démocratie, l’histoire économique est clairement mentionnée comme priorité de recherche. Le C2DH doit promouvoir l’étude concernant « the transition from an economy based on the steel industry to a mixed manufacturing and services economy with a strong financial and audio-visual sector ». L’histoire économique comme priorité apparaît également dans l’axe de recherche « European Contemporary History » qui est appelé à étudier « the different phases of industrialisation and the emergence of economic regimes ».

Concrètement, une série de séminaires sur l’histoire du secteur financier est déjà lancée dans le cadre d’un projet initié par Benoît Majerus appelé « Finlux ». Et des projets de recherche liés à des thèses de doctorat sont en cours. Il est à espérer que les décideurs du FNR et les instances dirigeantes de l’Université aient conscience que pratiquement tout en histoire économique et plus particulièrement en histoire financière luxembourgeoise reste à faire. Et d’accorder en conséquence les moyens financiers consistants et sur une durée convenable, ainsi que les ressources humaines nécessaires.

Dans ce contexte se pose évidemment la question du choix des thèmes proposés susceptibles d’être financés. Et on peut avoir l’impression que les décisions négatives sont souvent basées sur la considération que les projets sont soit trop ambitieux, soit pas assez ambitieux. Ceux qui présentent les projets ne savent souvent pas à quel saint se vouer. Par ailleurs, un projet de recherche dont le titre serait formulé de façon neutre comme, par exemple « La Caisse d’Epargne de l’État de … à … » n’aurait certainement aucune chance d’être accepté, et cela même si les approches formulées en détail dans le projet étaient très innovantes. On peut avoir l’impression que, déjà dès l’ingrès, la formulation d’un projet doit contenir une partie de l’interprétation globale que l’on voudrait en donner in termine. Cela va évidemment à l’encontre d’une approche scientifique rigoureuse. Il faut peut-être revenir à des « fondamentaux », comme la disponibilité d’archives structurés et abondants, les compétences des chercheurs, la constitution d’une équipe de chercheurs multidisciplinaires, un cadre chronologique bien défini (et pas trop large), et cetera.

Finalement, les décideurs en matière de financement de la recherche en sciences humaines et sociales ont tendance à arrimer les questions de recherche qu’ils estiment dignes de profiter des deniers publics aux questions d’actualité. Et les questions fiscales, l’évolution de l’économie financière, par exemple, sont actuellement très en vogue (même si cela ne s’est pas encore traduit dans des décisions de financement à notre connaissance). Il faudrait cependant éviter que des thèmes de recherche moins liés à l’actualité, comme par exemple l’évolution du secteur agricole – qui cristallise l’énormité des changements que l’économie a subis depuis les débuts de l’industrialisation – ne disparaissent des tablettes des décideurs.

En conclusion : vers une « histoire pragmatique » ?

Pas toutes les contributions sur l’économie luxembourgeoise ne sont basées sur la « personnalisation » de l’histoire. Cependant la tendance à « mettre des noms » sur certaines évolutions et à attribuer à certaines personnes un impact important en histoire économique est très présente dans l’historiographie économique au Grand-Duché. Ce sont notamment des personnages comme Pierre Werner, Emile Mayrisch, Gaston Barbanson ou la famille Metz qui reviennent souvent. On ne peut évidemment contester l’influence des décisions personnelles, de la compétence (ou l’incompétence) des décideurs et acteurs politiques et économiques sur la marche de l’histoire. L’impact des structures économiques et sociales (des « systèmes », si l’on veut) est probablement beaucoup plus profond, mais cette histoire « dépersonnalisée » est beaucoup plus difficile à communiquer. D’autre part, les approches quantitatives et structurelles sont parfois trop étriquées pour pouvoir expliquer des évolutions complexes.

En sociologie, il existe – depuis les années 1980 – un courant qui a pris l’appellation de « sociologue pragmatique », courant inspiré notamment Luc Boltanski et Laurent Thévenot (voir également à ce sujet Cyril Lemieux, La sociologie pragmatique, Paris, La Découverte, coll. Repères, juin 2018). Il ne s’agit pas d’un système de pensée unifié, mais plutôt d’une approche qui tente de dépasser « l’opposition rituelle du collectif et de l’individuel », selon les termes de Philippe Corcuff. Cette approche a également l’ambition de dépasser la dichotomie micro/macro qui a structuré la sociologie (mais également l’histoire) en focalisant l’analyse plutôt sur le développement de collectifs et/ou de mobilisations. L’histoire économique (et financière) pourrait éventuellement s’inspirer de cette approche.

Finalement, la quantification (descriptive) qui a marqué beaucoup de travaux d’histoire économique plus anciens sur le Luxembourg, notamment de la part de collaborateurs et de dirigeants du Statec, a quelque peu perdu de son impact dans l’historiographie. En France, la quantification en histoire économique semble également plutôt sur la défensive et l’impact des ouvrages de Thomas Piketty ne doit pas faire illusion.

La quantification historique ne constitue pas seulement une approche méthodologique ou technique. Elle résulte, selon Pierre-Cyrille Hautcœur (Historiens et Géographes, numéro spécial consacré à l’histoire économique, 2002), de l’ambition d’une « explication systématique et globale du monde », ambition que le marxisme, le structuralisme, l’École des Annales en France, par exemple, ont relayé. L’approche quantitative permet des comparaisons spatiales et temporelles et on peut espérer appréhender les conditions de vie générales des populations souvent négligées par l’histoire traditionnelle. Pour les dernières décennies, Hautcœur diagnostique « un retour de l’intérêt pour le local, le particulier, l’individuel, le subjectif ». C’est notamment pour éviter que cette tendance n’aboutisse à une remise en cause fondamentale des tentatives d’explication globale de l’économie et de la société que la quantification ne devrait pas être abandonnée. En effet, malgré les faiblesses résultant de la généralisation, ces tentatives amènent souvent un débat de société fructueux.

Paul Zahlen
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