Loi œcuménique
Le cardinal Jean-Claude Hollerich s’associe ce mercredi à l’ancien élu communiste (puis Déi Lénk) André Hoffmann pour soutenir la nouvelle campagne du Comité pour un devoir de vigilance (photo : Sven Becker). Aux côtés du psychothérapeute Gilbert Pregno et de la syndicaliste Nora Back, présents à la conférence de presse, mais aussi du vulgarisateur scientifique Joseph Rodesch, de la militante interculturelle Antonia Ganeto ou encore des entrepreneures Hedda Pahlson-Moller et Christiane Wickler (présidente de Cargolux, majoritairement capitalisée par l’État), ils invitent les résidents à exposer à l’endroit de leur choix l’une des cinq affiches présentant différentes situations de violation des droits humains par des entreprises (travail clandestin, pollution, esclavagisme, travail des enfants…). Les affiches (disponibles sur www.initiative-devoirdevigilance.org) doivent être collées entre le 1er et le 10 décembre, date de la Journée internationale des droits humains.
Cette action vise à accélérer l’élaboration d’une loi nationale sur le devoir de diligence. Celle-ci garantirait le respect des droits humains et de l’environnement par les entreprises tout au long de la chaîne de valeur. Elle aurait notamment une importance particulière pour les multinationales basées au Grand-Duché et qui opèrent dans des juridictions à l’état de droit déficient. « Notre pays, qui a l’ambition de jouer un rôle de premier plan au niveau du Conseil des droits de l’Homme, devrait donner l’exemple et devenir un moteur au niveau européen », écrit l’association présidée par Jean-Louis Zeien.pso
Bal russe : la rupture
Le bal russe se tiendra le 15 janvier, a annoncé cette semaine son comité d’organisation au cours d’une conférence de presse chez Kaempff-Kohler, face au Cercle-Cité ou se retrouveront les invités donateurs en début d’année prochaine. Le Russian Charity Ball fêtera son dixième anniversaire sous le patronage de l’ambassadeur de Russie au Luxembourg, Dmitry Lobanov. Le communiqué diffusé présente les « mécènes et donateurs traditionnels du bal de charité russe, consuls honoraires du Grand-Duché ». Parmi eux (ils ont tous été nommés dans la « oligarch list » américaine de 2018 comme proches de Vladimir Poutine) figurent Viktor Rashnikov, « homme d’affaires milliardaire russe », propriétaire majoritaire du sidérurgiste Magnitogorsk Iron & Steel Works, ou encore Alexey Mordashov, « milliardaire russe » et actionnaire principal et président de Severstva, un autre sidérurgiste proche du Luxembourg. Est aussi bien sûr cité Vladimir Yevtushenkov, « milliardaire russe oligarque d’affaires », accessoirement propriétaire et président du conglomérat AFK Sistema dont Etienne Schneider est devenu membre du conseil d’administration en 2020, quelques mois après son départ du ministère de l’Économie. Aux deux endroits il succède à son ancien camarade de parti (LSAP) Jeannot Krecké. Tous deux ont assidument fréquenté le bal russe où l’on affiche sa richesse, réelle ou en toc. Outre les ministres de l’Économie, ceux des Finances, Luc Frieden (CSV) puis Pierre Gramegna (DP) y sont également passés, tout comme certains hommes d’affaires, George Nasra (qui porte les intérêts de la famille royale qatarie chez Precision Capital) ou Alain Kinsch (ancien managing partner d’EY, éminence grise du DP). En 2022, il s’agira (sauf changement de programme) du premier bal depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020, donc le premier bal sous l’ère Franz Fayot (photo : sb), ministre de l’Économie depuis février 2020. Contacté par le Land sur sa présence ou non au bal russe en janvier prochain, l’intéressé informe qu’il ne s’y rendra pas. De manière éminemment symbolique, le ministre Fayot confirme ici la rupture avec ses prédécesseurs, plus affairistes. Pour ses cent jours au Forum Royal, Franz Fayot avait été interrogé par le Land sur la nature des relations qu’il allait entretenir avec la Russie. Il avait promis une « vigilance accrue par rapport à certains investisseurs et entrepreneurs qui viennent de l’Est ». pso
House 17 au bord du K.O.
Fin 2011, le club privé House 17 était lancé dans l’enthousiasme et l’optimisme. Les fondateurs et premiers actionnaires – Ralf Radtke, Andrew Burrows, Eric van de Kerkhove, Thomas Dürr, Alexandre Delagardelle et Yves Deschenaux – annonçaient un club new look à la londonienne où « le monde du cinéma, de la pub, du design et de la presse devait se mélanger et socialiser avec celui de la finance nouvelle génération » (d’Land, 25.01.2013). Dans les premiers mois, quelque 160 actionnaires ont payé leur ticket d’entrée à 10 000 euros. Une mise qui, selon ses promoteurs, « serait amortie, au bout de sept ans, en raison des avantages en nature assortis aux parts de fondateurs ». Dix ans plus tard, le discours a changé. House 17 SCA a accumulé les pertes : avant même les restrictions et fermetures de 2020 et 2021, les comptes annuels indiquaient une perte reportée de 1,6 million d’euros en 2019. À ce rythme de plus de 200 000 euros de perte annuelle, le capital souscrit de 2,56 millions (après des augmentations de capital en 2013, 2014, 2017 et 2018) est en train de fondre comme neige au soleil.
Dans une lettre adressée aux actionnaires que le Land a pu consulter, les représentants du Supervisory Board tirent la sonnette d’alarme et indiquent deux scénarios pour sortir de l’impasse. La première alternative est une liquidation pure et simple où les actionnaires perdraient leur mise et le club fermerait ses portes. L’autre option, qui a les faveurs des signataires (Eric van de Kerkhove, Thomas Dürr et Yves Deschenaux), est « une collaboration avec un partenaire extérieur, le groupe Knokke Out ». Cette perspective nécessite d’apurer les comptes et de réunir 300 000 euros. Il est donc proposé un « gold package » aux actionnaires. Pour 3 000 euros ils deviendraient membres à vie de la nouvelle entité opérée par le groupe belge et auraient des avantages dans les différents établissements du groupe. Selon la plaquette de présentation, lors d’une réunion d’information le 10 novembre dernier, 90 pour cent des actionnaires présents ont indiqué leur volonté de participer à cette levée de fonds. Sollicité par le Land, Thomas Dürr confirme « discussing several different ways of the further development of House 17 and different cooperation possibilities. One of them is a collaboration with Knokke Out » sans aller plus avant dans son commentaire.
Entré dans le giron de People First, actif dans l’événementiel professionnel (avec divers programmes de team building) en 2016, Knokke Out (une dizaine de restaurants, chambres d’hôtes, bars et clubs en Belgique) est présent à Luxembourg avec un établissement aux Rives de Clausen depuis 2018. Le groupe dirigé par Nicolas Lhoist promet d’investir 700 000 euros pour la continuité de l’exploitation et le développement de House 17 à travers un fonds de roulement supplémentaire et un rafraîchissement des lieux. fc
La surprise du chef
Personne ne l’avait vu venir, ni au parti libéral, ni au gouvernement, ni sur la place financière. Le communiqué a atterri dans les boîtes mail des rédactions mardi à 11 heures 50. Le DP y écrit que Pierre Gramegna « a annoncé sa volonté de démissionner de ses fonctions pour des raisons personnelles ». Pour contrôler sa com’, le ministre des Finances est passé le soir-même sur le plateau de RTL-Télé. Il y a expliqué avoir décidé de ne pas se représenter aux prochaines élections, et vouloir donc donner l’occasion à son parti d’envoyer une personne plus jeune « an den Asaatz ». Avant de virer dans le registre personnel : « J’ai toujours donné la priorité à mon pays, d’Famill ass ëmmer hannendru komm ». Or, il deviendra bientôt grand-père et aimerait consacrer plus de temps à sa famille.
Dans les couloirs du ministère, des noms de technocrates ont rapidement commencé à circuler. À commencer par celui de l’ex-managing partner d’EY et ancien de la JDL, Alain Kinsch. Ce conseiller informel de Xavier Bettel (« si j’ai une question, je suis heureux de pouvoir avoir recours à Alain Kinsch », disait ce-dernier en décembre 2014), ghostwriter d’une partie de l’accord de coalition ainsi que de l’avis du Conseil d’État sur la réforme fiscale, aime jouer au médiateur entre le DP et la place financière. Le coordinateur général Bob Kieffer, numéro deux rue de la Congrégation, apparaît comme la solution de la continuité institutionnelle. Le fiscaliste et directeur de l’UEL, Jean-Paul Olinger, a l’avantage de connaître les rouages politiques et a commencé à se familiariser à l’exposition médiatique. L’éventualité d’une pioche au sein du personnel politique du DP est évoquée plus timidement. Qui irait défendre le bifteck aux réunions de l’Ecofin ? Un transfert de Lex Delles des Classes moyennes aux Finances, fait partie des hypothèses.
Qu’une telle nomination d’un technocrate apparaisse (à l’heure actuelle et, on l’a vu, on n’est pas à l’abri de surprise) plus probable que celle d’un politicien élu, montre deux choses : primo, le réservoir politique est épuisé ; secundo, la place financière se situe largement au-dessus du débat politique, et apparaît comme trop importante pour la laisser aux politiciens. « Et sinn der net vill déi do de Fanger ausstrecken », expliquait Gramegna sur RTL-Télé. Avant d’ajouter qu’il avait son idée sur la succession et qu’il allait la partager avec le Premier ministre. Selon plusieurs sources, le ministre des Finances a ensuite diné avec Alain Kinsch. Le contenu de la discussion n’a pas filtré et l’événement ne présage pas obligatoirement d’un passage de témoin.
Pierre Gramegna a toujours aimé se présenter comme un diplomate en politique, quelqu’un qui cherche « le dénominateur commun » entre les trois partis au gouvernement. Auprès des coalitionnaires socialistes et verts, il est considéré comme un représentant relativement atypique du DP. On le dit ainsi plus ouvert d’esprit, et moins enclin au clientélisme vis-à-vis du complexe immobilier et des milieux d’affaires, un monde que l’ancien directeur de la Chambre de commerce connaît pourtant de l’intérieur. Gramegna a ainsi colmaté de nombreuses brèches fiscales, la plupart suite à Luxleaks et à la pression internationale, mais d’autres visant à réduire les avantages accordés aux investisseurs immobiliers. bt/pso
Natixis tient à un fil
Les syndicats annoncent ce jeudi un plan social chez Natixis Wealth Management Luxembourg, filiale de la banque française du même nom (elle-même partie du groupe BPCE). 26 postes (sur 113 emplois dans le rapport annuel 2020) sauteront dans le cadre d’une restructuration. Renseignements pris auprès de la stratège et communicante de la banque à Paris, Keissa Baudrin, Natixis Wealth Management prévoit, sous réserve de l’accord des autorités, de transférer les activités de gestion de fortune à la société de gestion de droit luxembourgeois, Massena Partner, détenue majoritairement depuis 2019. Les services dépositaires et de tiers de Natixis Wealth Management seront opérés par un partenaire externe luxembourgeois. Selon notre compréhension seule la partie corporate banking resterait sur l’avenue Kennedy (photo : sb), un fil qui retiendrait la banque au Grand-Duché. pso