Ticker du 30 septembre 2022

d'Lëtzebuerger Land du 30.09.2022

Risque de schisme chez Luxair

L’accord tripartite obtenu lundi entre les syndicats, la direction de Luxair et le gouvernement offre un répit sur le front social. Par le truchement de l’OGBL et du LCGB, les salariés de la compagnie aérienne demandaient une revalorisation salariale pour les efforts qu’ils consentent depuis la reprise du trafic aérien tous azimuts dans un contexte de désorganisation post-covid. Les salaires avaient été gelés en pleine crise fin 2020 afin de donner un maximum de chances de survie à Luxair. La mesure sera levée en janvier prochain. La progression annuelle de deux pour cent sera rétablie (son coût s’élève autour de quatre millions d’euros). Le chômage partiel ne sera plus utilisé non plus en 2023 (le recours au conjoncturel est abandonné dès maintenant) si la situation sanitaire ne se dégrade pas d’ici là.

Les syndicats avaient convoqué leurs troupes au Kirchberg avant la réunion pour mettre la pression sur la direction. 800 personnes ont défilé avec des pancartes parfois hostiles à Gilles Feith, arrivé à la tête de la compagnie aérienne en juin 2020, au coeur de la crise Covid-19. Le directeur général a régulièrement été accusé par voie de presse ces dernières semaines d’avoir trop exigé de ses collaborateurs, d’avoir donné naissance à une ambiance délétère qui se serait traduite par une vague de départs et un taux d’absentéisme en hausse. Son management (parfois micromanagement) sans filtre n’est pas du goût de tous… même si son volontarisme pour sortir Luxair de l’ornière est globalement reconnu.

Lundi, devant la presse, au 22è étage du ministère du Développement durable, les syndicats (d’un côté de la pièce) et la direction de Luxair (de l’autre, avec les émissaires gouvernementaux) affichent leur cordialité. Tous répètent avoir mené « une discussion constructive ». La nomination par le conseil d’administration de Luxair jeudi dernier de l’ancien procureur d’État, Robert Biever, en tant que médiateur social est accueillie par tous avec bienveillance. L’ambition est de lister les doléances (dans un rapport) et d’explorer des pistes pour y satisfaire.

Luxair demeure dans une situation financière précaire avec un exercice tout juste rentable en 2022. « L’entreprise doit être modernisée », répète Gilles Feith à qui veut bien l’entendre. Et l’année 2023 promet de nouveaux défis. Nonobstant la multicrise (pandémie, guerre en Ukraine, inflation, récession), le ministre François Bausch (Déi Gréng) rappelle les engagements climatiques, l’impératif de renouvellement de la flotte, l’investissement nécessaire dans l’informatique ou encore les appels d’offres à venir pour la manutention.

Il ne s’agit de fait plus seulement de l’avenir de Luxair, mais de celui de l’écosystème du Findel. Il donne notamment du fil à retordre à Tom Weisgerber (photos : Sven Becker), éminence grise du ministre à l’aéroport. Un article du Quotidien samedi dernier évoque une rumeur persistante : Luxair pourrait céder sa branche cargo pour se concentrer sur l’airline. L’hypothèse revient régulièrement dans les discussions depuis plusieurs années. Le handling rapporte autour de 110 millions d’euros par an (selon le poids de marchandises chargées et déchargées dans les avions) à Luxair, principalement en provenance de Cargolux, son meilleur client. Mais les coûts de personnel, entre 1 200 et 1 300 salariés sur les 2 700 du groupe, pèsent presque cent millions d’euros. Si l’activité est intense, alors la branche rapporte des euros bienvenus, mais avec une très faible marge. Si l’activité est basse, alors Luxair Cargo représente un risque pour la pérennité de la compagnie aérienne.

L’éventualité d’une scission prend du corps aujourd’hui. Le bail de Luxair sur le Cargo Centre arrive à échéance le 31 décembre et revient dans les mains de l’État, qui le remettra sur le marché s’il le décide. Le marché de la manutention à l’aéroport pourrait être remporté par des tiers tels Dnata, Swissport ou DB Shencker. La convention collective des services aéroportuaires prévoit un transfert des équipes en cas de changement d’exploitant. Luxair Cargo est donc exposé. Un transfert des troupes Luxair Cargo dans une société ad hoc constituerait une alternative. Le règlement européen relatif aux marchés publics autorise en outre à une compagnie aérienne de procéder au self handling. Il est donc loisible à Cargolux d’employer ses manutentionnaires et de proposer des services de handling à des tiers. L’éventualité conviendrait sans doute aux salariés de Luxair puisque la convention collective de la compagnie de fret nationale (à renégocier sous peu) prévoit un intéressement de dix pour cent pour l’ensemble du personnel conventionné. Avec 1,2 milliard d’euros de bénéfices réalisés en 2021, le personnel de Cargolux a reçu 70 000 euros (bruts) de primes. De quoi faire saliver. Schisme ou statu quo ? Réponses à venir dans les prochaines semaines. pso

Impakt-Aktien

Was hält die Bevölkerung Luxemburgs von der nachhaltigen Finanzwirtschaft? Diese Frage sollte das Meinungsforschungs-Unternehmen Ilres klären. Eine Mehrheit der zwischen April und Mai 2022 Befragten ist der Ansicht, der Finanzsektor könne einen positiven Einfluss auf die Entwicklung erneuerbarer Energien, örtliche Gemeinschaften oder die Umwelt haben. 74 Prozent schrieben dem Sektor zudem eine zentrale Rolle beim Wandel hin zu einer nachhaltigen Wirtschaft zu. Fast die Hälfte der 1 011 Befragten verwechselten jedoch  „grüne Finanzen“ mit „nachhaltigen Finanzen“. Letztere gehen allerdings über Umweltbelange hinaus und beinhalten auch soziale- und Governance-Kriterien. Doch immerhin eine Minderheit von 20 Prozent der Umfrage-Teilnehmer hat bereits in nachhaltige Finanzprodukte investiert. Viele der Befragten zögern allerdings, weil sie der Ansicht sind, Anlagen ohne soziale- und Umweltauflagen würden sich mehr rentieren. Die Anbieter ihrerseits versprechen, dass dem so nicht ist, auch weil die EU im Rahmen ihres Green Deals diesen Finanzbereich rechtlich fördere. Als vertrauenswürdige Informationsquelle gaben 61 Prozent in der Umfrage ihren Bankier an, weshalb die ABBL möglicherweise dessen Rolle im Bereich nachhaltige Finanzprodukte stärken will. Ferner soll künftig bei Informationsgesprächen weniger auf eine technische Sprache gesetzt und verstärkt das Potenzial der nachhaltigen Finanzen erläutert werden, wie es dem Wunsch von drei Viertel der Befragten zu entnehmen ist. Die Umfrage wurde auf Anfrage der ABBL-Stiftung, der Finanz-Überwachungskommission (CSSF) und der Luxembourg Sustainable Finance Initiative (LSFI) durchgeführt. Der Zusammenschluss stellte die Ergebnisse am 21. September
vor. sm

Du Pirsch au Meyer

Luc Meyer succède cette semaine à Ernest Pirsch à la présidence de la Fédération des artisans (FDA). Ernest Pirsch avait annoncé son départ en juin pour des « raisons personnelles », moins d’un an après sa nomination. Le concessionnaire automobile, vice-président de la FDA et unique candidat, avait succédé à Michel Reckinger en juin 2021 quand ce dernier avait pris la tête de l’UEL (Union des entreprises luxembourgeoises), organisation suprême du patronat. Pris de court et en manque de candidats affichés, le bureau exécutif de la FDA avait établi une short list. Un binôme s’est détaché à l’issue d’entretiens avec tous les présidentiables. À l’amiable Luc Meyer a été désigné unique candidat. Le patron des boucheries-salaison Meyer a été élu cette semaine « avec un score stalinien », raconte Romain Schmit, l’indéboulonnable secrétaire général de l’organisation.

Dans son discours d’intronisation, Luc Meyer cible d’emblée les élections de l’année prochaine, « wou mer eis als Secteur positionéiere an ganz séier mat der neier Regierung an Gespréich komme mussen fir déi do Problemer z’adresséieren » et invite les membres à faire venir chez eux les élus. « Les politiciens n’ont pas conscience de ce que les entreprises vivent actuellement », explique Luc Meyer, 44 ans, au Land. « J’ai l’intention de faire bouger les choses », dit-il, au-delà de ce mandat tronqué d’une année.

La FDA, en réalité une confédération, rassemble une trentaine de fédérations de secteurs variés et représente quelque 8 000 entreprises employant 100 000 personnes. Malgré cette diversité, une image conservatrice, très masculine et vieille école, lui colle à la peau. Son ancien président apparaît par exemple dans un clip publicitaire de la BIL. Ernest Pirsch descend de son Land Rover Defender de deux tonnes (à vide) pour une interview réalisée en lisière de forêt dans la périphérie de Diekirch « où il adore s’évader en 4x4, à pied ou avec ses chiens ». Luc Meyer (qui dirige une boucherie, charcuterie, brasserie à Bascharage) s’agace quand il est interrogé sur l’image renvoyée. Romain Schmit, rompu aux relations publiques, explique que l’élargissement du bureau réalisé cette semaine répond entre autres à cette volonté de mieux représenter la diversité. Alexa Balmann, entrepreneuse-esthéticienne a été nommée vice-présidente de la FDA. Les autres VP sont Roland Kuhn (construction), Michel Reckinger (chauffagiste) et Tun di Bari (services). Romain Schmit rappelle en outre l’engagement de la FDA sur la digitalisation (la boucherie Meyer propose une visite virtuelle de son fumoir à jambons sur son site internet) et sur le climat : « Nous avons bâti un programme pour accompagner les transitions énergétiques des membres. Nous venons d’engager un collaborateur dédié à l’énergie et au climat. Et nous sommes un interlocuteur privilégié du ministre Claude Turmes » (Déi Gréng), poursuit le secrétaire général de la FDA. Il souligne enfin que 22 pour cent des entreprises de la confédération sont dirigées par des femmes. Pour ce qui est du rajeunissement, Romain Schmit invite les jeunes de bonne volonté à s’engager auprès de la FDA, « pour un renouveau nécessaire ». pso

Business class

Dans un entretien accordé à Paperjam, le promoteur immobilier systémique Marc Giorgetti regrette la limitation de la déduction fiscale dans l’investissement immobilier décidée en 2021. Il qualifie « d’erreur » cette mesure qui rendrait l’investissement plus difficile. « S’il y a moins d’attractivité, il y a moins d’investisseurs. S’il y a moins d’investisseurs, il y a moins de nouveaux logements. Donc ils deviennent plus rares et les prix augmentent encore. C’est incroyable, mais l’État ne semble pas avoir compris cela » Marc Giorgetti souhaiterait-il vivre dans un pays peuplé de locataires à la merci des promoteurs-constructeurs ? « La promotion immobilière semble de plus en plus destinée aux investisseurs plutôt qu’aux primo-accédants, au point que la demande ‘en général’ devient la demande de la part d’investisseurs », s’interroge Antoine Paccoud, coordinateur à l’Observatoire de l’habitat et contradicteur préféré de « Gio ». Sollicités par le Land, les « théoriciens de l’immobilier » que Marc Giorgetti fustige, relativisent. Il est vrai que moins d’investisseurs se présenteront si le marché de l’investissement locatif est moins attractif (c’est une lapalissade), admet Julien Licheron depuis l’Observatoire de l’habitat. « Mais cela dépend aussi des opportunités de report sur d’autres produits financiers », poursuit le chercheur du Liser. Or, l’investissement locatif reste attractif parce que considéré comme peu risqué. Les avantages fiscaux constituent eux un facteur de décision parmi d’autres. « Et le système fiscal reste très avantageux pour les investisseurs », juge Julien Licheron. L’intéressé souligne en outre que l’intérêt des investisseurs serait nul sans la demande de logement, à commencer par celle des accédants à la propriété. « Il est sans doute vrai que les investisseurs, en réservant des logements très tôt dans la commercialisation d’un nouveau bâtiment, permettent de lancer la construction. Mais je doute que ces investisseurs-là disparaissent complètement du marché », estime Julien Licheron. On serait loin d’un changement de paradigme. La demande continue d’excéder l’offre (« Gio » réfute catégoriquement l’idée qu’il spécule en gardant des terrains au chaud). Marc Giorgetti regrette les prix élevés auxquels les promoteurs belges consentent acheter les terrains. « Pour pénétrer le marché, ces acteurs se battent pour trouver du foncier constructible et ils sont prêts à mettre le prix en conséquence, et n’ont aucune gêne à le revendre plus cher. Ce n’est pas notre philosophie », assène Marc Giorgetti. Mais quand la journaliste lui fait remarquer que lorsqu’il revend un projet après avoir gardé le terrain dix ou quinze (délai estimé par le promoteur pour le mener à bien), « le tarif est tout de même celui de l’année en cours, pas celui dix ou quinze plus tôt ». « «Bien sûr, car nous sommes tout de même une entreprise commerciale. Mais nous avons une sensibilité à la qualité et un nom à défendre. » Il poursuit : «Nous sommes, malgré nous, entraînés dans ce mouvement de prix ascensionnels et que parfois, par la force des choses, nous subissons le jeu contre notre gré. » Un peu plus haut dans l’interview, celui qui est aussi président du groupement des entrepreneurs du bâtiment (Fedil) se console de pouvoir absorber l’augmentation des coûts des matériaux dans l’immobilier privé « où les « marges sont plus confortables ». L’État serait lui le « meilleur client » de Giorgetti. pso

Rectificatif : litige Lux / Becca

Contrairement à ce qu’il était indiqué dans notre dernière édition, le contrat-cadre (signé le 18 novembre 2010) rassemblant les actifs d’Éric Lux et de Flavio Becca dans le fonds Olos ne prévoyait pas une allocation équitable des actifs à échéance. De plus, le rapport réalisé par Deloitte dans le cadre du litige Belu en Slovaquie n’était lui pas un rapport d’audit stricto sensu, mais une étude sur la situation financière de la société. pso

Pierre Sorlut, Bernard Thomas
© 2024 d’Lëtzebuerger Land