Philadelphia (1993), Forrest Gump (1994), Saving Private Ryan (1998) ou The Terminal (2004) – Tom Hanks aime les rôles de héros modestes, leur confiant toujours ce côté du gars d’à côté qui les rend aussi populaires auprès des uns et aussi inintéressants pour les autres. À 55 ans, l’acteur et producteur américain s’attaque à sa deuxième réalisation d’un long-métrage, après avoir été aux commandes de la comédie That thing you do ! (1996) et de plusieurs épisodes de séries diverses. Larry Crowne, écrit par Hanks et Nia Vardalos (My big fat greek wedding, Joel Zwick, 2002), raconte l’histoire d’un chef de rayon (Tom Hanks) d’une grande surface qui se fait licencier après plusieurs années de loyaux services. Malgré son engagement, ses patrons lui reprochent son manque de diplômes universitaires, constituant pour eux un handicap à tout avancement dans la hiérarchie. Mais Larry ne se laisse pas abattre par ce coup dur et se lance aussitôt dans la recherche d’un poste similaire. Hélas, les autres patrons ne veulent pas de lui non plus et c’est ainsi qu’il décide de s’inscrire à l’université. Ici, Larry vit une
échange son 4x4 contre une mobylette, change de style vestimentaire et se trouve de nouveaux amis. Il y fait également la connaissance de Mercedes Tainot (Julia Roberts) enseignante d’expression orale, aigrie par un mariage dysfonctionnel et un métier qui ne la motive plus. La franchise et l’attention de Larry dans ses cours la touchent et elle tombe peu à peu sous son charme... Pour son deuxième film, Tom Hanks s’en tient à une trame archi-simple et tente de jouer sur la subtilité. Les critiques qu’il formule à travers son histoire sur l’économie, la politique d’embauche, l’individualisation et l’isolement derrière les écrans d’ordinateurs s’expriment pourtant sur un ton bon enfant qui nuit à la crédibilité et banalise même certains de ces propos. Ainsi, l’alcoolisme de Mercedes et la condescendance dont les collègues de Larry font preuve lors de son licenciement passent involontairement pour des running gags un peu maladroits. Le gentil Larry, qui ramasse les ordures devant l’université avant d’aller en cours et le gang des conducteurs de vespas auxquels il se joint ne sont que deux autres exemples d’éléments qui font basculer le film dans
qui tente en vain de lui conférer un air de conte universel. Visuellement, Larry Crowne ne régurgite pas non plus d’originalité. À part le split screen du générique et les quelques échanges de textos incrustés à l’image, le réalisateur se contente d’une mise en scène très conventionnelle. Seule Julia Roberts ne semble pas avoir perdu de vue à quel point le scénario mise sur le bon fonctionnement des petits détails. Son jeu aussi nuancé que l’histoire le lui permet, sauve quelque peu la mise de Larry Crowne et évite au film de tomber dans la niaiserie totale. Après une centaine de minutes, le baiser final vient finalement nous soulager de cette histoire de héros modeste poussée à l’extrême. Dans sa deuxième réalisation, Tom Hanks ne se sera en tout cas pas réinventé en tant qu’acteur. Fränk Grotz