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Facebook achète une start-up de reconnaissance faciale

d'Lëtzebuerger Land du 22.06.2012

En juin 2011, l’information avait alerté les autorités de protection de la sphère privée de plusieurs pays européens, y compris celles du Luxembourg : Facebook avait discrètement déployé de ce côté de l’Atlantique une fonctionnalité de reconnaissance des visages. Facebook avait reconnu avoir été contacté à ce sujet par le Royaume-Uni et l’Irlande, et Gérard Lommel, président de la Comission nationale pour la Protection des Données (CNPD) luxembourgeoise, déclarait alors au New York Times : « Les tags des photos des individus ne devraient être possibles qu’avec leur consentement préalable et ne peuvent être activés par défaut. Nous allons clarifier avec Facebook le fait que cela ne peut s’effectuer de cette manière ». En France aussi, la Commission nationale informatique et liberté avait manifesté son mécontentement, expliquant qu’une telle technologie relève de la biométrie et ne peut en aucun cas être lancée sans notification préalable.

Selon une technique bien rodée, le réseau social avait confirmé, concédant une maladresse dans la méthode de déploiement – les règles de confidentialité avaient été modifiées pour tenir compte de cette fonctionnalité mais Facebook avait « oublié » d’en avertir les utilisateurs – tout en insistant que la fonctionnalité correspondait aux attentes de ses utilisateurs.

Cette fonctionnalité leur permet de trouver de manière automatique des visages dans les photos publiées sur le réseau et, notamment, de les taguer, c’est-à-dire de les associer au nom d’un utilisateur. Le partage de photos et leur taguage est une des activités les plus populaires sur Facebook.

Facebook a confirmé cette semaine qu’il mettait la main à la poche pour acquérir Face.com, la jeune pousse spécialisée dans la reconnaissance faciale dont la technologie avait été développée à partir de 2010 sur son réseau et déployée de manière aussi maladroite. Facebook se l’offrirait pour une somme comprise entre 55 et 60 millions de dollars, selon des sources citées par Reuters. Des estimations précédentes valorisaient une telle transaction à un niveau un peu plus élevé, 80 à 100 millions de dollars.

Face.com est une entreprise israélienne qui compte onze employés. Son premier produit a été lancé en 2009, proposant en tant qu’application indépendante la technologie déployée l’année suivante sur Facebook. Face.com a bénéficié pour son développement d’un investissement de cinq millions de dollars de la part de différents investisseurs, dont le moteur de recherche russe Yandex, rapporte Reuters. Facebook investir lourdement dans le domaine de la photo, puisqu’on apprenait il y a quelques semaines seulement le rachat, pour un milliard de dollars, d’Instagram, une start-up de partage de photo au succès phénoménal. Les autorités de la concurrence américaines devraient donner d’ici la fin de l’année leur feu vert à cette acquisition annoncée en avril.

Il n’y a rien de plus naturel que Facebook dépense une partie de l’argent levé auprès des investisseurs lors de sa récente introduction en bourse dans de telles transactions, qui assoient sa supériorité technologique dans un domaine qui est au cœur de son modèle d’affaires et peut légitimement être considéré par l’entreprise comme stratégique. Il n’empêche : plus grande, plus riche, et encore davantage présente dans le domaine sensible de la reconnaissance faciale, l’entreprise Facebook devient encore un peu plus effrayante, surtout au vu de son manque de respect patent pour les droits au respect de leur spère privée de ses centaines de millions d’utilisateurs, qu’aucune remontrance ne semble pouvoir corriger.

Jean Lasar
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